Le 16 septembre 2013, la chroniqueuse Carolyn Petit publiait sa critique de GTA V sur GameSpot, un site jeux vidéo anglophone majeur. Pour rappel, GTA V est l’évènement de cette année, éclatant tous les records de vente et raflant plusieurs prix. La série Grand Theft Auto s’enorgueillit de ses aspects violents et immoraux qu’elle pousse plus loin à chaque nouvelle sortie, se revendiquant « politiquement incorrecte » et s’appuyant sur un marketing provocateur.
Dans sa critique, Carolyn Petit analyse la misogynie « satirique » du jeu :
« Sur une note moins positive, il est profondément frustrant que, tandis que les personnages masculins principaux et secondaires sont imparfaits et complexes, […] GTA V a peu de place pour les femmes si ce n’est pour les représenter en stripteaseuses, prostituées, épouses éprouvées, petites copines sans humour et féministes new-age ridicules dont on est censé se moquer.
Les personnages ne cessent de proférer des dialogues qui glorifient la sexualité masculine tout en rabaissant les femmes, et les affichages et stations de radio de ce monde renforcent cette misogynie, avec des publicités qui font rimer masculinité avec voitures de sport tout en encourageant les femmes à acheter un parfum qui les fera « sentir comme une chienne ». Oui, ce sont des exagérations des courants misogynes de notre propre société, mais pas satiriques. Quand rien dans la narration ne vient souligner à quel point tout ceci est fou et mauvais, tout ce que fait le jeu, c’est renforcer et glorifier le sexisme. La beauté de conduire dans les collines ensoleillées de Los Santos en écoutant « Higher Love » par Steve Winwood devient vite amère quand une voix à la radio se met à parler d’utiliser une femme comme urinoir. »
Elle conclut en citant « message politique douteux et profondément misogyne » parmi les défauts du jeu – ce qui ne l’empêche pas de lui attribuer une note finale de 9/10. Pourtant la critique a suffit à enrager les joueurs. Il se trouve que Carolyn Petit est une femme trans – ce qui lui avait déjà valu maints commentaires transphobes sur ses premières chroniques; sa critique de GTA V a donc été inondée de milliers de réactions misogynes, homophobes et transphobes.
Et beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP d’autres…Des voix se sont élevées pour réclamer une nouvelle critique du jeu par un chroniqueur « impartial » (un homme), et une pétition fut même créée pour que Carolyn Petit soit virée de GameSpot – « pour que GTA conserve sa bonne réputation, et arrêter la merde féministe ».
Tout ça parce que cette femme a osé faire son boulot : critiquer un jeu vidéo.
Heureusement, GameSpot a soutenu sa chroniqueuse et publié cette très bonne vidéo pour défendre sa critique et discuter la validité « satirique » de GTA V.
Plus à ce sujet :
http://howtonotsuckatgamedesign.com/2013/09/you-are-not-getting-it/
Merci à Vailalex pour sa participation à cet article !