Article du New York Times (en anglais).
Une programmeuse raconte ses années d’expérience dans l’industrie. Harcèlement sexuel, discrimination à l’embauche, isolation…
Morceaux choisis :
« J’ai subi un client – un homme en sueur avec des oreilles qui pendaient – qui caressait mon dos pendant que je réparais son système. Je m’attendais à ce qu’il dégrafe mon soutien-gorge d’un instant à l’autre. »
« J’ai eu un chef qui m’a dit platement : « Je déteste embaucher toutes ces femmes mais vous êtes juste trop intelligente. » Par « toutes », il voulait dire trois, mais à l’époque, c’était rare de ne trouver ne serait-ce qu’une femme dans une bonne position technique. Pendant une réunion, il n’arrêtait pas de m’interrompre pour dire « Waouh, vous avez vraiment de beaux cheveux. » »
« Pendant les 20 années qui ont suivi, je me suis rendue compte qu’être une femme m’écartait de la société des programmeurs. (…) C’était comme si un virus s’était spécialisé dans l’extermination des femelles. Je regardais autour de moi et je me demandais « Où sont toutes les autres femmes ? ». Nous nous retrouvions presque seules, marginales dans une culture qui était parfois gamine et puérile, parfois rigoureusement hiérarchique, à l’occasion amicale et accueillante. Pendant ce temps, cette étrange maladie laissait les survivantes avec une étrange aura qui les rendaient trop visibles, examinées de trop près, tenues à de plus hautes exigences. Elle plaçait sur leurs épaules le terrible fardeau de ne pas être seulement compétentes, mais les meilleures. »
« La question qui se pose : comment réagir à cette énorme discrimination envers les femmes ? La loi et l’activisme sont certainement cruciaux. Mais il y a toujours ce moment qui vous revient dans la figure, quand vous êtes seule face à la discrimination anti-femmes : les blagues, les regards obscènes, le mépris, l’invisibilité, le fait inévitable que dès que vous passez la porte, vous êtes vue comme inférieure, peu importe vos qualifications. »