Harcèlement sexuel dans le milieu des comics

L’affaire a été lancée par la dessinatrice Tess Fowler en octobre 2013 quand elle a révélé avoir été harcelée sexuellement par l’auteur & illustrateur majeur de comics Brian Wood (Demo, Northlanders, The DMZ, The Massive, Conan, X-Men…) et jusqu’ici souvent présenté comme « féministe ») il y a une dizaine d’années.

Le Docteur Nerdlove a repris et analysé cette affaire et les réactions qui ont suivi sur son blog. Avec sa permission, nous avons traduit l’article en question.

 

Privilège des nerds masculins : Tess Fowler et le harcèlement dans les comics

15 Novembre 2013 par Dr.NerdLove

Cela fait un moment que je n’ai pas fait un article sur le « Privilège des nerds masculins ». Mais finalement, il se passe toujours quelque chose dans les fandom et l’univers me donne une nouvelle opportunité d’illustrer ce qu’est le privilège masculin et comment la culture nerd est souvent impliquée dedans jusqu’au cou.

Parlons sérieusement : Je suis bien conscient qu’à chaque fois que je poste quelque chose qui touche aux problèmes féministes, j’ai un pic de connexions, et il est facile de dire que j’écrit à propos de ces sujets uniquement pour augmenter le nombre de vues et pour l’influence que cela m’apporte. Et considérant les personnes concernées, l’idée d’utiliser le féminisme comme une manière d’avancer dans une carrière est d’une certaine façon poétique. Mais le problème est là : Je suis un geek. J’aime la culture geek… tout spécialement les comics. J’aime les comics en tant qu’art et medium. Certaines de mes histoires favorites, celles qui m’ont touché émotionnellement plus que 99% de la littérature occidentale classique, venaient des comics. J’ai même occasionnellement fait quelques boulots comme créateur et éditeur. J’ai été dans les tranchées et j’ai de profondes, profondes racines dans le fandom des comics et dans cette industrie.

C’est pourquoi l’industrie des comics me fait chier à un point rarement atteint par d’autres sujets.

…et pourquoi je ne devrais pas lire « Bleeding Cool » [site d’informations sur les comics] en me levant le matin.

Parce que, aussi fort que j’aime la culture geek dans son ensemble et les comics en particulier, il y a des moments où je me souviens que malgré tous les progrès que nous avons fait, elle est encore profondément régressive et arriérée dans la façon dont elle traite les gens qui y prennent part.

Mais peut-être que je vais trop vite.

Laissez-moi revenir un peu en arrière.

Tess Fowler et la promotion canapé des comics

Le mois dernier, Tess Fowler – une auteure de comics accomplie et incroyablement douée – a posté une série de tweets à propos d’une expérience profondément déplaisante avec un gros bonnet des comics  qu’elle a rencontré à la San Diego Comic Con – la plus grosse convention comics et pop-culture des Etats-Unis. Le professionnel en question – qui a une grosse influence, travaillant pour un des plus gros titres publiés en ce moment – a dit être intéressé par son travail et l’a invitée dans sa chambre sous prétexte d’ « apprendre à mieux la connaitre » et peut-être de l’aider dans sa carrière.

Tess comprit exactement ce qu’il voulait dire par là – c’était un scénario de promotion canapé ; elle jouait le jeu (pour ainsi dire) et peut-être que cela la mènerait quelque part, clin d’œil, hum hum, inutile d’en dire plus. Ce n’était pas franchement subtil : si on se réfère à ses tweets, il a coupé ses amis au milieu d’une conversation afin de lui donner son numéro de chambre et de lui faire savoir qu’il l’attendrait.

Lorsqu’elle n’a pas répondu à son invitation, il a piqué une crise à la convention, lui criant après depuis sa chambre et demandant à savoir pourquoi elle ne s’était pas montrée. Bien sûr, comme si crier sur quelqu’un qui refuse de vous sucer n’était pas suffisant, il la confronta plus tard sur Facebook et lui fit savoir que a) il n’avait jamais eu l’intention de l’aider dans sa carrière, b) qu’il pensait que son art était de la merde et c) qu’elle devrait se considérer chanceuse qu’il lui ait seulement parlé.

Après des semaines pendant lesquelles les gens ont fait des rapprochements et partagé des ragots, Tess décida qu’il était temps d’appeler un chat un chat et de donner des noms.

« Je vais le dire. Que ceux à qui ça ne plaît pas aillent se faire foutre. Brian Wood est un CONNARD. Et il a menacé les femmes trop longtemps. »

Heidi McDonald de The Beat contacta Wood quand la nouvelle tomba ; il déclina l’interview à ce moment-là et, d’après ce que je sais, il n’a toujours rien dit à ce sujet.

(Note du Doctor le 15/11/2013 : Brian a depuis publié une déclaration à ce sujet sur son site. [La page n’existe plus])

Pour nombre de fans, ce fut un choc : Brian Wood est connu, entre autres, pour ses références féministes dans l’industrie des comics. Il est l’auteur du premier titre entièrement féminin de X-Men dans l’histoire des comics Marvel et a favorisé la carrière de nombreuses femmes durant son contrat en tant qu’écrivain de Conan le Barbare, Northlanders, et d’autres titres. Et pourtant, d’autres personnes on partagé des récits de traitement similaires de sa part.

Malheureusement, l’experience de Tess Fowler est loin d’être unique. En fait, ce comportement – allant des comportements sordides-mais-légaux à l’agression sexuelle – fait partie de l’industrie des comics depuis un certain temps.

Poitrines, mains aux fesses et plafond de verre

J’ai la chance d’être ami avec de nombreuses personnes douées d’un talent fou dans tous les domaines de l’industrie des comics, depuis les jeunes talents, en passant par les étoiles montantes et les noms connus, auteurs, artistes et éditeurs… et toutes les femmes impliquées dans l’industrie du comic que je connais ont une histoire comme celle de Tess.

Chacune . D’entre. Elles.

Certaines personnes ont parlé de leur traitement dans les comics. Un nom qui revient encore et encore est celui de Julius Schwartz. Schwartz  faisait partie de la haute société des comics, un contemporain de légendes telles que Carmine Infanto et Joe Kubert – une figure adorée chez DC Comics et une pièce majeure de l’âge d’or des comics. Tout le monde aimait « Oncle Julius », qui racontait les meilleures histoires et avait un rire contagieux. Et pourtant beaucoup, beaucoup de femmes – dont certaines de mes amies – ont des histoires sur l’ « Oncle Julius ». Des histoires de mains baladeuses, ou de baisers qu’on a tenté de forcer… ou pire. « Oncle Julius » a aussi agressé une jeune artiste de comics dans une limousine et a harcelé sexuellement plusieurs autres femmes travaillant dans les comics à cette époque.

Mais, hé, qui allez-vous croire ? Le créateur adoré de Flash, Hawkman et Green Lantern, ou quelques nanas ?

Même en admettant que c’est un comportement dégueulasse de la part d’un vieil homme, vous pourriez pardonner tout ça en pensant que c’est du passé – un point dégoutant mais final dans l’histoire des comics… si jamais c’était passé, vous savez.  Terminé.

Les hommes en position de pouvoir et d’autorité – créateurs, rédacteurs et éditeurs, organisateurs de convention – faisant des avances et des remarques inappropriées ou essayant de manipuler de jeunes et impressionnables créatrices via le sexe… En parlant à assez de femmes dans les comics, vous aurez l’impression d’entendre parler de ce qui se passait à Sterling Cooper, pas des conventions en 2013 [Sterling Cooper Advertising est une agence publicitaire inventée pour la série Mad Men, dirigée par un homme manipulateur et séducteur].

Il y a une partie de moi qui en veut encore à Pepe Le Putois pour ça. [Pepe Le Putois est un personnage de Looney Tunes, dragueur, manipulateur et harceleur d’une chatte qu’il prend pour une moufette. Il s’agit d’ailleurs…d’une caricature de français.]

Si vous demandez à cette créatrice, elle pourrait vous parler de cette atmosphère permanente de micro-agressions et de traitements dégradants de la part des autres créateurs masculins. Elle pourrait vous parler du comportement de repoussement des limites, des multiples pièges « Ca te dirait un diner avec moi ? Non ? Alors peut-être un petit déjeuner, heh heh… »,  des propositions type « Je plaisante juste, ne prends pas ça au sérieux… sauf si ça t’intéresse » constantes. Elle pourrait vous parler des créateurs qui vous attrapent les fesses pendant un câlin « amical » ou du collègue qui insiste sur le fait que s’il doit continuer à travailler avec elle, elle doit être « plus gentille avec lui » pendant qu’il se penche en entrant dans son espace personnel.

Les cosplayeuses pourraient vous parler du photographe de renom qui continue à insister pour une session de photos « privée ». Les créateurs Asio-Américains pourraient vous parler de ce créateur avec un « penchant pour les Orientales » avoué ou ceux qui vont en remettre une couche encore et encore sur la façon dont les femmes Asiatiques sont tellement mieux que les femmes blanches car elles savent comment s’occuper de leurs hommes.

Elle pourrait vous parler de ce créateur qui a insisté et insisté encore pour un plan à trois avec lui et sa femme, ou cette fois où elle a du partager une chambre avec un autre professionnel pour finalement le trouver debout près de son lit au milieu de la nuit avec un préservatif à la main. Vous pourriez entendre parler de cet employé de convention qui essaie de forcer de longs, longs câlins avec des invitées femmes, ou de celui qui voulait faire la démonstration de son « outil de massage » sur elle dans sa chambre. Ce sont des pros qui se sont exhibés, ont tripotés des artistes dans les jacuzzis et les cages d’escaliers ou qui ont voulu toucher et attraper ses seins pendant la convention.

Et ce ne sont pas simplement des fans ou des connaissances et amis socialement inadaptés, ce sont leurs idoles, leurs collègues, leurs éditeurs, patrons et mentors. Des gens de qui vous attendriez un comportement poli et un minimum de professionnalisme et de décence.

Une fois, c’est un incident. Deux fois, c’est une coïncidence.  Trois fois, c’est une composante sous-jacente de la culture. Encore une fois, j’insiste sur le fait que ce n’est pas un incident arrivé une fois, le cas déplorable mais rare. C’est tellement commun que presque toutes les femmes dans l’industrie des comics ont vécu quelque chose de ce type ou connaissent quelqu’un à qui c’est arrivé.

Comme Fowler elle-même le dit :

Le comportement de l’homme en question est considéré comme normal dans ce domaine d’activité. Et le peu de personnes qui sont au courant considèrent que c’est de ma faute car je suis « tombée dans le panneau » quand il a feint de s’intéresser à mon travail. Dans ma quête de professionnalisme j’ai été confrontée à ce genre de choses.

Bien sûr, vous pouvez en entendre parler par une seule personne… mais il est rare qu’un tel comportement devienne plus qu’un secret mal gardé. Tout le monde devrait le savoir, mais personne ne veut en parler. Et cela fait partie du problème.

La culture du silence

Ce comportement est permis par une culture du silence omniprésente, particulièrement lorsqu’il s’agit du mauvais comportement de pros. Les femmes sont éduquées pour être gentilles, respectueuses, pour éviter d’attirer l’attention sur elles et ne pas faire de vagues… et c’est encore plus prononcé dans les comics. L’industrie des comics est un monde incroyablement petit, où obtenir un travail tiens autant à votre capacité à vous créer un réseau, à vous faire des contacts et à construire des relations qu’au talent lui-même. Une personne avec qui il est facile de travailler et qui  honore ses délais a encore plus de valeur que l’écrivain lunatique mais brillant ou l’illustrateur populaire qui ne pourrait pas rendre ses pages à temps même si sa vie en dépendait. Pour beaucoup de femmes, il est moins gênant de ne pas s’exprimer que de craindre d’être mise sur liste noire, ou étiquetée comme « difficile ». Cela devient même plus qu’une perspective intimidante quand la personne qui vous harcèle (ou pire) est bien établie dans la hiérarchie – un pro reconnu, un éditeur, quelqu’un qui a plus de poids dans l’industrie que son accusatrice.

« Je n’ai jamais parlé publiquement de mes expériences merdiques dans les comics parce que je ne suis personne et les gens diraient que je cherche juste à attirer l’attention sur moi ou ce genre de choses », comme un.e de mes ami.e.s me l’a dit.

C’est ironique pour une industrie bâtie sur l’anonymat.

Quand beaucoup de femmes se mettent à s’exprimer, elles sont souvent immédiatement sous le feu des projecteurs, particulièrement si elles donnent des noms. Celleen Doran et Lea Hernandez l’ont toutes deux constaté directement lorsqu’elles ont parlé publiquement du harcèlement auquel elles avaient fait face durant leurs carrières et ont presque immédiatement rencontré un incroyable raz-de-marée d’outrage. Elles ont été accusées de mentir, d’être des salopes en mal d’attention, d’être hypersensibles ou tout simplement folles.

L’ironie de traiter Colleen – qui, entre autres choses, a du supporter un harceleur pendant plus de 20 ans – d’hypersensible à propos du comportement de merde des hommes est particulièrement dure.

Le résultat, c’est que les femmes doivent généralement faire confiance à un réseau de chuchoteurs de couloirs pour savoir qui est cool et qui éviter, qui est sans danger, qui est vraiment un bon gars et avec quelles personnes vous ne devez jamais vous retrouver seule. C’est devenu un problème de « marche manquante » – tout le monde à tellement l’habitude de sauter la marche qui manque qu’on l’oublie, jusqu’à ce quelqu’un qui n’est pas prévenu trébuche dessus.

Et les dommages causés – à chaque femme individuellement et aux comics dans leur ensemble – sont immenses. Ce comportement abat même les plus fortes et les plus brillantes, détruisant leur confiance et leur estime d’elles-mêmes. Cela chasse certains des meilleurs et des plus brillants talents de l’industrie – et pourquoi voudraient-elles faire partie d’un système qui leur dit continuellement qu’elles ne sont là que pour décorer, pour être un objet sexuel  jetable ? De la même façon que l’étiquette « fake geek girl », c’est devenu une façon de plus de minimiser et marginaliser les femmes, les empêchant de participer pleinement à un fandom qu’elles aiment – autant en tant que fans qu’en tant que créatrices.

Debout

Et nous en arrivons ainsi à la partie de ce post traitant du privilège masculin. Les comics- et les fandom en général – font partie d’une culture incroyablement masculinocentrée. La majeure partie des agitateurs, des moteurs, des négociateurs et des détenteurs de pouvoir sont des hommes… et nous ne faisons simplement pas face à ces problèmes étant donné notre genre.

Les femmes sont obligées de se battre et d’endurer cela ; les hommes avancent gaiement sans s’apercevoir du tout de ce qui se passe.

Et nous sommes aussi dans une position où nous pouvons aider à arrêter tout ça.

Un des problèmes actuels avec le harcèlement dans les comics – et dans les conventions en général – c’est que la responsabilité d’éviter les mauvaises personnes est imputée aux femmes ; du genre « ne te laisse par harceler » au lieu de ne pas autoriser le harcèlement dès le départ. Dans son post « Comic guys, Harrassment and Missing Stairs », Rachel Edidin, anciennement éditrice chez Dark Horse Comics indique clairement que chaque fois que le sujet ressort, chaque fois que le réseau des chuchoteurs partage des noms à éviter et des astuces pour rester en sécurité, il n’y a presque jamais de conversations en parallèle entre hommes, à propos de ne pas traiter les femmes comme de la merde. L’air du « les mecs seront toujours des mecs » ou « à quoi tu t’attendais ? » continue, et c’est affolant.

Ça ne suffit pas pour les hommes, de juste  «ne  pas être ce gars ». Nous ne pouvons pas juste nous taper dans le dos mutuellement pour nous féliciter de ne pas être des connards comme si c’était une façon de se dire que nous allons au-delà du strict minimum pour être un homme. Le comportement masculin est le problème et nous devons faire partie de la solution.

C’est une vérité déplaisante à propos de la société telle qu’elle est aujourd’hui : les hommes sont privilégiés car ils ont une voix qui porte plus que celle des femmes.  Il est plus facile d’écarte les problèmes des femmes, de –comme le dit Edidin – silencier les femmes en les étiquetant comme mécontentes ou aigries. Quand nous exprimons notre soutien, nous aidons leurs voix et leurs messages à aller plus loin, à entrer plus en profondeur.

Nous devons accepter de risquer de potentielles répercussions pour dénoncer le harcèlement lorsque nous en voyons, particulièrement si nous sommes en position de l’influencer directement. Nous devons accepter d’affronter les autres, d’amplifier le signal quand c’est nécessaire et de nous exprimer quand nous sommes témoins de harcèlement. Nous devons être les alliés des femmes, leur proposer du soutien quand elles en ont besoin et un appui lorsqu’elles le demandent.

Les comics sont supposés être un espace ou chacun se sent en sécurité, où la diversité est bienvenue et où le harcèlement et les agressions ne sont pas permis, où les charognards n’ont pas le droit de traquer les autres.

Et c’est à nous de nous élever et d’aider à ce qu’il en soit ainsi.

Source et crédit : http://www.doctornerdlove.com/2013/11/nerds-male-privilege-tess-fowler-comic-harassment/

Traduction par Shetty
Édité par Mar_Lard

Storify rassemblant l’essentiel des tweets de Tess Fowler sur le sujet :

Les babes font fuir le public

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Article de Spencer Chen sur TechCrunch.

Les « booth babes » sont de belles jeunes femmes court vêtues employées par certaines entreprises pour « décorer » leur stand lors de conventions, dans l’espoir d’attirer le chaland (forcément masculin, hétérosexuel & dépourvu de tout esprit critique à la vue d’un décolleté). Une pratique peu glorieuse des milieux tech & jeu vidéo, mais que certains défendent sous prétexte de « marketing ciblé » ; puisqu’on considère que seuls des hommes hétéros vont aux conventions, autant tout saupoudrer de jolies filles pour leur plaire (et tant pis si c’est sexiste et ostracisant pour les autres publics).

Sauf que…les booth babes semblent totalement inefficaces pour attirer le public. En réalité, elles seraient même contre-productives.

Pour vérifier ce qu’il soupçonnait déjà au vu des mauvaises performances globales des stands à booth babes, Spencer Chen a mené des expériences comparatives: deux stands au sein d’une même convention, l’un animé par des babes, l’autre par des personnes recrutées pour leur connaissance du milieu. Les résultats sont accablants : les stands à booth babes attirent trois fois moins de public et récoltent moitié moins d’opportunités de réseau (cartes de visites, formulaires d’information, etc).

Pourquoi ?

Parce que, de leur propre aveu, les babes ont plutôt tendance à intimider les visiteurs.

Parce qu’elles sont recrutées d’abord sur leur sex-appeal, plutôt que sur leur connaissance du produit ou leur capacité à convaincre le public.

Parce qu’employer des babes ne renvoie pas une image de professionnalisme, mais plutôt de cache-misère; que peut on attendre d’une compagnie qui emploie des hôtesses dénudées en guise d’arguments de vente ? Les professionnel-le-s qui cherchent à nouer des contacts dans ces salons ne s’y trompent pas.

Parce que les professionnels de bas étage effectivement attirés par les babes s’intéressent plutôt à leur plastique qu’au produit, et ne représentent pas des opportunités intéressantes…

Alors, chères compagnies qui s’obstinent à décorer leurs stands de babes alors même que ces pratiques sexistes sont dénoncées partout, on peut arrêter de se cacher derrière le marketing ciblé maintenant ?

Discrimination salariale

Louise est ingénieure analyste informatique dans une société de services informatiques. Après son retour de congé maternité, elle s’estime victime de discrimination, à la suite de sa grossesse.

En février 2001, elle occupe le poste de chargée de formation au sein de la DRH de la société et part en congé maternité. A sa reprise en congé parental d’éducation à 80% en octobre 2001, Louise ne retrouve pas complétement son poste et effectue des missions ponctuelles. Elle ne réintégrera son entité d’origine que 2 ans et demi plus tard. Sa carrière s’en trouve ralentie.

L’enquête menée par le Défenseur des droits a démontré qu’au sein de la société, il existait des différences de traitement entre les hommes et les femmes à niveau de compétence et de formation égales. Il conclut que Louise a fait l’objet d’une discrimination fondée sur sa grossesse à son retour de congé maternité et d’une discrimination en matière de carrière et de rémunération fondée sur son sexe.

Le conseil des prud’hommes de Nanterre a condamné par un jugement de départage du 3 février 2012, la société à verser à Louise plus de 113 000 euros de dommages et intérêts toutes causes confondues.

SOURCE : http://www.defenseurdesdroits.fr/connaitre-son-action/la-lutte-contre-les-discriminations/histoires-vecues/une-societe-de-services

Fleur Pellerin contre le sexisme numérique

Le 8 décembre 2013, la ministre de l’Économie Numérique Fleur Pellerin a donné une interview au Journal du Dimanche à propos du sexisme dans les entreprises high-tech.

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Elle y rappelle le public exclusivement masculin des colloques, le manque de femmes entrepreneures dans le secteur qui découle du manque de femmes en écoles d’ingénieurs, la difficulté pour les entrepreneures de lever des fonds dans le secteur, le sexisme que les femmes doivent affronter en entreprise…
Une étudiante en informatique, une développeuse et la créatrice et présidente de Girlz in Web (réseau d’entrepreneures du secteur) sont également interviewées; elles évoquent les remarques et plaisanteries sexistes, l’organisation du travail plus favorable aux hommes…
Conjointement avec la ministre des Droits des Femmes Najat Vallaud-Belkacem, Fleur Pellerin a saisi le Conseil National du Numérique pour travailler sur l’image des femmes dans le Web; conclusions et propositions en mars.

Source :
Twitter de Fleur Pellerin

Témoignage d’une développeuse et brochure européenne pour les universités

Le JDD a publié ce témoignage : « Moi, Louise, développeuse et fatiguée du sexisme ».
http://www.lejdd.fr/Economie/Moi-Louise-developpeuse-et-fatiguee-du-sexisme-642941

Louise est développeuse et constate le sexisme courant dans le milieu de la programmation.Plafond de verre, tabous, ambiance viriliste, présomption d’incompétence et tâches ingrates : tout y est. Et le plus flippant c’est que ça arrive avec « [d]es collègues se définiss[a]nt comme des gens modernes, ouverts d’esprit, avec une conscience sociale »…

Dans l’article, il est également question de structures (plus ou moins) non-mixtes pour développeuses :
– Girls in Tech Paris : http://gitparis.com/
– Duchess France (@duchessfr)

Un peu sur le même thème, une branche de la commission européenne a sorti une brochure assez bien faite pour l’emploi de femmes dans les branches informatiques de l’université (étudiantes, enseignement et recherche)
http://www.informatics-europe.org/images/documents/more-women-in-informatics-research-and-education_2013.pdf

La brochure serait certainement perfectible, mais reste très bien faite, et propose des mesures intéressantes (forcer la parité dans les comités de sélection, utiliser des femmes comme role-model, tout en restant vigilant au fait que cela nuit, du coup, à leur carrière, tenir compte des enfants dans les CV, etc.) et un objectif ambitieux (arriver à 30% de femmes dans le milieu, seuil à partir duquel on espère que le taux s’auto-entretient).

Article via Mouton et eisaru. Édité par Mar_Lard

La page Facebook de JeuxActu

Article par Shyvahna sur son blog.

Un coup de gueule bien senti envers le Facebook de JeuxActu qui s’en donne à coeur joie : photos voyeuses de cosplayeuses, femmes dénudées à gogo sans rapport avec l’univers du jeu vidéo, humour misogyne…

Ou comment le webzine tente la connivence avec son public qu’il conçoit comme forcément masculin, hétérosexuel, misogyne et obsédé de cul.

Des soldates dans CoD Ghosts

Article chez les Dégenreuses.

Suite à l’annonce de l’apparition de femmes soldates dans le jeu Call of Duty Ghosts, les gamers et gameuses ont commencé à prédire la vague de sexisme à laquelle ces avatars féminins allaient devoir faire face. Les réactions misogynes de nombreux gamers ne font que renforcer la probabilité de ces tristes prédictions.

[Ajout par marlard]

Une très belle réaction à ce sujet, celle du compte de fans @codghostsnews (plus de 17 000 followers) :

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« Les personnages féminins auront un map spéciale à télécharger. Une image a fuité : [image d’une cuisine] »

5 commentaires de gamers qui font honte aux mecs hétéros blancs

Article sur Cracked (en anglais).

Un gamer auteur de plusieurs bons articles sur le sexisme démonte avec humour 5 commentaires qu’il voit revenir régulièrement dans toute discussion du sujet sur des sites gamers :
« C’est les femmes sexy qui sont privilégiées parce que les hommes veulent coucher avec eux ! »
« Tous les problèmes sont réglés, nous sommes tous égaux aujourd’hui ! »
« J’ai des problèmes dans ma vie, donc je ne suis aucunement privilégié ! »
« Je me sens attaqué en tant qu’homme par les discussions sur le sexisme ! »
« Les hommes blancs sont la vraie minorité maltraitée aujourd’hui ! »

L’incroyable différence de traitement des hommes et des femmes sur Reddit

Article sur Skepchick (en anglais).

Deux posts similaires sur la plate-forme de partage/discussion libre Reddit : « J’ai arrêté l’héroïne, me voici aujourd’hui » accompagnés d’une photo de l’auteur. Mais l’un est un homme, l’autre une femme… et les réactions des redditeurs sont très différentes.

Dans un cas, les commentaires les plus approuvés sont ceux qui apportent du soutien, de l’espoir, qui expriment de l’admiration. Dans l’autre, nous avons des blagues sexistes, des accusations d’attention-whorisme (recherche désespérée d’attention), des commentaires qui rabaissent l’auteur et d’autres qui discutent sa baisabilité.

« Pour récapituler : les histoires des hommes sont valorisées, ils reçoivent du soutien face à leurs épreuves. Les histoires des femmes ne valent rien et sont ridiculisées. Les hommes surmontent des obstacles. Les femmes sont baisées. Les hommes sont courageux. Les femmes sont des attention-whores. »

Les vêtements que je suis forcée de porter dans la majorité des MMORPGs

Article sur Escher Girls (en anglais).

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Galerie illustrée et commentée des différents looks auxquels ont droit les personnages féminins dans les jeux de rôle en ligne ! De l’armure-bikini à l’armure-aux-trous-stratégiques, en passant par le costume BDSM ou le stéréotype « exotique »… Ce qu’ils ont tous en commun ? L’hypersexualisation gratuite.