Senran Kagura Burst, c’est un petit peu… ;)

Il y a une féministe en moi qui a fait « Heeeeeeeeh ! » et une bigouine otaku qui a fait « Yatta ! »

Senran Kagura Burst, la jaquette du jeu

Senran Kagura Burst, la jaquette du jeu

Senran Kagura est une série de jeux vidéo Beat ’em All mettant en scène des jeunes femmes shinobi qui ont presque toutes une énorme poitrine (sauf Mirai, la plus jeune de toutes, en première année à l’école Hebijo). Le premier jeu n’est sorti qu’au Japon et contre toutes attentes, le deuxième, « Seran Kagura Burst » a osé mettre un pied en Amérique du Nord et en Europe ! Il faut dire qu’il s’agit vraiment d’un genre de jeu particulier pas toujours bien reçu par chez nous. On a du mal, en France, à se procurer des jeux ouvertement sexy ou des jeux de rencontres. Quant aux Visual Novel, n’en parlons pas…

On va ici parler d’un jeu réellement destiné à un public mature, où la sexualisation des personnages fait partie du genre. Ce n’est donc pas le fait que les personnages se fassent arracher les vêtements qui va me faire rouspéter mais autre chose.

Homura commençant un combot

Homura commençant un combo

J’étais donc heureuse et surprise de voir débarquer ce jeu, bien qu’il faille de la motivation pour en trouver un exemplaire et que la traduction ne soit qu’en Anglais. Mais je me suis aussi demandé jusqu’où ils avaient osé aller et si on ne tombait pas dans le mauvais goût.

Senran Kagura Burst n’est pas juste un jeu pour mater des grosses poitrines et ce n’est pas juste un Beat ’em All comme les autres. Il est destiné aux personnes qui aiment délirer sur des étudiantes sexy, les gros seins, les situations épicées, mais qui veulent autour de cela un vrai jeu de baston ! Le scénario est vraiment prenant, vous découvrez le background des personnages au fil des combats, il y a de longs passages de visual novel, les combos sont un délice, les personnages ont toutes des armes et des spécialités différentes et… si vous perdez trop de points de vie, ses vêtements vont se déchirer ! C’est une fois que vous aurez perdus tous vos points de vie alors qu’il ne vous reste que votre maillot de bain sur le dos que vous aurez perdu le combat. Les shinobis passent en « mode shinobi » dans une scène de transformation à la Magical Girl en s’attardant bien sous la jupe et sur le décolleté, puis les scènes où elles se font déchirer leurs vêtements sont aussi un régal pour vos yeux de voyeur-se. Cependant, si vous aimez un peu trop ça, vous risquez de perdre le combat et de ne pas avancer dans l’histoire, ce qui serait dommage vu toutes les tenues différentes et fonctionnalités qu’on débloque au fur et à mesure.

Hibari subissant une perte de sa défense… et donc de ses vêtements suite à une attaque

Hibari subissant une perte de sa défense… et donc de ses vêtements suite à une attaque

La récompense n’est pas de voir la fille à poil, d’ailleurs elles ne sont jamais entièrement nues. Cela fait tout bonnement partie du jeu du début à la fin.

Je ne vais pas vous faire une critique du jeu, vous en trouverez un peu partout et je suis globalement d’accord avec. J’écris pour soulever pourquoi, malgré mon grand enthousiasme pour ce type de jeu, je suis un peu amère.

Du Fan Service ? Je dis OUI ! Des gros lolos en 3D ? Youpi ! Des jeux pour adultes et vendus comme tels enfin en France :  il était temps ! Mais comme d’habitude ce sont les mêmes qui se prennent la part du lion. L’aspect sexy du jeu se destine à des personnes aimant les femmes à grosse poitrine, point. Vous espérez voir un des rares personnages masculin se dénuder ou se faire trancher les vêtements en miettes ?  Oubliez ! Et pourtant le prof de l’école Henzo a l’air hummm… d’avoir du potentiel.

C’est toujours la même histoire avec les jeux vidéo : devoir rappeler sans arrêt qu’il n’y a pas qu’une seule clientèle cible. Ce jeu est destiné à faire mouiller son pantalon, je ne vois pas le mal. Ce n’est simplement pas un jeu pour les gosses. Mais qui doit servir cette noble cause ? Encore une fois des jeunes femmes aux poitrines affolantes. Y a comme un déjà vu…

Mon enthousiasme pour ces jeux sera complet quand on verra mis sur le même piédestal  des jeux mettant en scènes des jeunes hommes sexy avec des fesses à se damner, des éphèbes, des femmes et des hommes d’un âge plus mûr, des physiques plus divers. Il n’y a aucun mal à se faire plaisir à regarder des dessins de personnages sexy, que celui qui ne s’est jamais mordu les lèvres sur un fan art osé d’Evangelion ou de Full Metal Alchemist me jette le premier yaoi !

Dans les mêmes séries, les mêmes films, les mêmes jeux, nous continuons à voir les hommes entièrement vêtus et conçus pour être forts et à l’aise et des femmes dénudées au moindre prétexte, la poitrine mise en avant, transformées en princesse à sauver dès que l’occasion se présente. BASTA !

Vous espériez quoi ? Que je sois une anti-sexe ascendant nonne qui brûle vos revues pornos et votre recueil de Furry cochon ? Eh bien non, je suis une affamée, j’aime la fesse, j’aime le sein, j’aime le sexe, j’aime les scènes osées et les relations ambiguës mais je ne demande qu’une chose : l’égalité !

 

En plus, ça nous fera plus de jeux ! 🙂

Site officiel : http://www.senran-kagura.com/

Fiche wiki avec des détails sur l’avenir de la série : http://fr.wikipedia.org/wiki/Senran_Kagura

 

 

Que reprochent les militant/e/s à JV.com ?

[Trigger  Warning / Contenu Sensible : cet article contient de nombreux exemples de harcèlement, racisme, misogynie, transphobie, homophobie, lesbophobie, des moqueries des  victimes de harcèlement et de viol, des incitations au viol et des  incitations au harcèlement.]

Quelques définitions importantes :
LGBT(+) : Lesbiennes, Gay, Bi, Trans, etc; les personnes non hétéro/cis.
Cis : Inverse de trans, personne dont le genre correspond à celui qu’on lui a assigné à la naissance en fonction de ses organes génitaux (ex : une femme née avec un vagin est une femme cis).
Genre : Les sciences sociales définissent le genre comme un principe de division de l’humanité en deux groupes distincts, « hommes » et « femmes », et comme un rapport parmi d’autres de pouvoir et de domination. Dans les milieux militants, LGBT+ notamment, le genre désigne une identité qui peut être ou non en adéquation avec le sexe assigné à la naissance. Plus d’informations.
Réactionnaire : « Qui se montre partisan d’un conservatisme étroit ou d’un retour vers un état social ou politique antérieur. » – Dictionnaire Larousse

Précision : lorsque je parle du forum, je parle en particulier des Blabla et plus précisément des 15-18 et 18-25.



 

Depuis plus de deux semaines, le twitter militant gronde contre le site jeuxvideo.com et en particulier contre son forum où tous les propos, même les plus nauséabonds, sont permis. À la base, c’est un forum sur les jeux vidéo, mais certaines parties du forum vont bien au-delà de ce sujet. Aujourd’hui, trop de personnes ont été harcelées et/ou blessées par le comportement de cette communauté et le laxisme des responsables du site. C’est pourquoi, à travers cet article que nous espérons le plus complet possible, nous faisons appel à eux.

Pour comprendre notre indignation, il faut commencer par bien intégrer une chose importante : les personnes qui sont derrière les propos que nous dénonçons ne nous intéressent pas, pas plus que le type de personnes qui gère le site. Leur caractère, leurs hobbies, leur âge, s’ils sont sympas ou non, tout ça n’est pas le sujet. Le problème, c’est ce que les forumeurs se permettent d’écrire : des propos stigmatisant les minorités et le fait que les responsables du site ne fassent rien pour endiguer le problème. Ainsi, un petit groupe de personnes promeut de la haine sous couvert de liberté d’expression et énormément de jeunes aimant les jeux vidéo se retrouvent embarqués dans des idéologies réactionnaires, encourageant ainsi le prosélytisme des idées les plus obsolètes en matière de progrès social.

Site français de jeux vidéo le plus visité, lourde responsabilité
Un site ayant beaucoup de vues a une responsabilité civique. Par exemple, PotterMore l’a bien compris et nombreux sont les moyens de protection mis en place visant à prévenir tous débordements. Rappelons que jeuxvideo.com est le premier site français de jeux vidéo en termes de visites. Or, lorsque nous dénonçons le laxisme flagrant de son forum, ses défenses sont les suivantes : pas assez de moyens face à tant d’utilisateurs et une volonté de ne pas brider la liberté d’expression. Pourtant, avec plus de 50 employés, environ 6 millions de chiffre d’affaire en 2012 (dont 2 millions net pour l’éditeur (Odyssée Interactive))
et un rachat à 90 millions par Webedia en juin dernier, on pourrait supposer que ce site ne manque pas d’argent pour faire un minimum attention à ce qu’il se passe dans sa communauté.

Pour l’instant, comment fonctionne le forum ? Tout d’abord, il est soumis à des règles spécifiques : la loi française, les Conditions Générales d’Utilisation du site et la charte d’utilisation des forums. Nous verrons plus bas que ni la loi, ni les CGU, ni la charte n’ont été respectées. L’inscription est ouverte -officiellement (j’y reviendrai)- à tout le monde et si un contenu est considéré comme étant choquant, il y a possibilité de le signaler. Jusque-là, rien d’anormal. Là où on peut commencer à juger que ça devient problématique, c’est que du contenu public ne peut pas être signalé par une personne n’étant pas inscrite sur le forum. Sachant qu’en revanche on peut lire ledit contenu sans être inscrit, je trouve que c’est un premier problème dont il faudrait s’occuper : certaines personnes peuvent vouloir (légitimement) signaler du contenu public choquant sans pour autant vouloir s’inscrire (et donc encourager jeuxvideo.com). Autre détail intéressant : les modérateurs sont, pour une partie d’entre eux, élus par des membres du forum. L’initiative aurait pu être positive, à condition d’être encadrée. Ce qui n’est manifestement pas le cas : les responsables de jeuxvideo.com laissent les modérateurs désignés gérer le forum au petit bonheur la chance sans même chercher à s’assurer que ces derniers appliquent la charte et la CGU qu’ils sont censés faire respecter. À noter, qui plus est, que ces modérateurs sont bénévoles. Ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas consacrer autant de temps qu’il le faudrait à un forum qui brasse énormément de messages et qu’ils n’ont aucune obligation. Or, au vu du chiffre d’affaire de ce site, on pourrait penser que payer les personnes qui doivent faire respecter les règles sur leur forum n’est pas tellement au-dessus de leurs moyens. Pour finir, il est également important de prendre en compte que lorsqu’un/e utilisateur/trice est banni/e, ce n’est que son compte qui est suspendu, pas son adresse IP. Ainsi, en admettant qu’un utilisateur soit exclu du site pour un comportement grave quelconque, il lui suffit de recréer un compte pour revenir. Pas étonnant que les modérateurs, même s’ils sont de bonne volonté, se voient submergés par le nombre de messages problématiques avec un tel système.

Bref, pour l’instant, les modérateurs ne font respecter ni la CGU, ni la loi, ni la charte du forum mais bel et bien leur propre conception de la liberté d’expression et une règlementation de leur propre cru, avec la bénédiction du site qui a montré plus d’une fois qu’il sait très bien de quelle manière est géré son forum, ce qui ne l’empêche pas de s’en cogner royalement. Est-il réellement nécessaire de rappeler que la liberté des uns s’arrête là où celle des autres commence, et que donc, la liberté d’expression confère des droits, mais également (et légitimement) des devoirs ? Comme l’évoque l’article 10 de la Convention Européenne des Droits de l’Homme ?

« 1. Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière. […]
2. L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire.»

En outre, la défense de la liberté d’expression leur sert uniquement de prétexte pour laisser proliférer leurs idées discriminantes. En revanche, nombreux sont les messages et les comptes de personnes critiquant le forum à avoir été supprimés et/ou bannis sans raison (il n’est spécifié nulle part que critiquer l’intolérance d’un forum ou proposer des informations sur ce que sont les transidentités est passible de ban). Cette modération à deux vitesses démontre bien l’abus de pouvoir de nombreux modérateurs de jeuxvideo.com et leur défense opportuniste de la liberté d’expression. Pourtant, même après signalement, ces personnes sont toujours dans l’équipe de modération.

 Alors certes, d’après les CGU de jeuxvideo.com et l’article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique : « La société l’Odyssée Interactive n’est en aucun cas éditeur de contenus sur les «  Forums  » du site www.jeuxvideo.com qui sont créés par les utilisateurs et relèvent de leur pleine et entière responsabilité. À ce titre la société l’Odyssée Interactive n’exerce pas de modération a priori.«  Admettons. Il n’en reste pas moins qu’ils sont tenus, malgré tout, et ce légalement, de modérer a posteriori à partir du moment où certains topics ou messages sont signalés, comme c’est indiqué dans l’article de loi même qu’ils citent :

« Les personnes physiques ou morales qui assurent, même à titre gratuit, pour mise à disposition du public par des services de communication au public en ligne, le stockage de signaux, d’écrits, d’images, de sons ou de messages de toute nature fournis par des destinataires de ces services ne peuvent pas voir leur responsabilité civile engagée du fait des activités ou des informations stockées à la demande d’un destinataire de ces services si elles n’avaient pas effectivement connaissance de leur caractère illicite ou de faits et circonstances faisant apparaître ce caractère ou si, dès le moment où elles en ont eu cette connaissance, elles ont agi promptement pour retirer ces données ou en rendre l’accès impossible.« 

Qui plus est, leur propre charte affirme que « Sur les forums de jeuxvideo.com ne sont pas autorisés : Les messages racistes, xénophobes, révisionnistes, faisant l’apologie de crime de guerre, discriminant ou incitant à la haine qu’elle soit à l’encontre d’une personne, d’un groupe de personnes en raison de leurs origines, leur ethnie, leurs croyances ou leur mode de vie. Les messages à caractère insultants, violents, menaçants, au contenu choquant ou portant atteinte à la dignité humaine. Les messages diffamatoires. » Pourtant, nous verrons plus bas un florilège de messages allant à l’encontre même de ces interdictions et qui, à l’heure où j’écris ces lignes ne sont toujours pas modérés alors qu’ils ont été signalés, certains depuis presque un an. Doit-on en conclure que la charte du forum n’existe que pour faire joli ?

Les reproches
Il est de notoriété publique que jeuxvideo.com abrite une communauté se croyant tout permis et se permettant les formes d’ostracisation les plus abjectes. Même les responsables de jeuxvideo.com le savent. Lorsque le sujet est abordé par des membres de la communauté geek, des utilisateurs d’internet réguliers ou des fans de jeux vidéo tout le monde tombe plus ou moins d’accord, même les moins sensibilisés aux causes militantes : le forum de jeuxvideo.com est un endroit où les réactionnaires font la loi et le plus sage resterait encore de le fuir. Les militant/e/s ont, à plusieurs reprises, et depuis plusieurs années maintenant, tenté d’alerter par divers moyens jeuxvideo.com au sujet des propos à caractère haineux qui poussaient comme des champignons sur leur forum. Pourtant, la situation ne s’améliore toujours pas. En fait, elle a même tendance à empirer.

En août 2012 puis mars 2013, Mar_Lard a écrit ses célèbres articles dénonçant le sexisme dans la communauté geek. Nombreux alors sont les topics et messages à caractères haineux et discriminant qui sont postés à son intention. Appels au viol, au harcèlement, insultes misogynes… Mar a encaissé une longue shitstorm qui, en (trop) grande partie, a pris racine sur le forum de jeuxvideo.com sans que rien ne soit fait pour endiguer le problème. Les harceleurs ont pu tranquillement s’organiser, tolérés par le  site.

Aux alentours de l’été 2013, la joueuse DamDam essuiera de nombreuses attaques transphobes après être passée dans une émission de NesBlog publiée sur jeuxvideo.com. DamDam explique dans un de ses articles qu’elle sait d’avance qu’elle subira ce qu’elle appelle avec patience des « critiques », montrant par là qu’elle connaissait l’ambiance présente sur le forum. Et sa prédiction s’est avérée juste. Encore aujourd’hui, des topics transphobes à son sujet peuplent le forum et rien n’est fait, encore une fois.

Autre femme trans ayant fait les frais de son apparition dans des vidéos postées sur jeuxvideo.com : Synahel (anciennement connue sous le pseudonyme de Rayas). Après être apparue plusieurs fois dans la chronique hebdomadaire Speed Game après transition, elle a reçu un panel non négligeable d’insultes, des appels à la tuer ou la poussant au suicide, ainsi que des appellations volontairement mal genrées (parler d’elle au masculin alors qu’elle est une femme). D’après elle, les injures provenant de jeuxvideo.com sont fréquentes, qu’elles viennent du forum, de Twitch ou des émissions et des chats du site (qu’elle modère).

De son côté, Paleaoies (Palawa) est sur le forum depuis 2010, avant même sa transition et déjà à l’époque elle constate beaucoup de problèmes d’intolérance (misogynie, homophobie) même si elle n’en est pas (encore) la cible. En 2011, elle poste un topic parlant d’une potentielle relation avec une personne d’un site de rencontres et y essuie ses premières injures à caractère homophobe et transphobe. Puis, en octobre 2013, elle mentionne pour la première fois sa transidentité dans un débat au sujet de l’article de Mar_Lard afin d’illustrer les notions de genre. En résulte du harcèlement à son encontre sur le topic en question, puis d’autres topics ont été créés où des gens postaient sa photo et l’insultaient elle et les trans en général (allant parfois jusqu’à souhaiter sa mort). Finalement, des membres du forum ont trouvé son compte Twitter, l’ont partagé et ont invité au harcèlement. Certains sont allés jusqu’à créer un compte Twitter spécialement pour la harceler. À ce moment la présidente de l’association AcronymeS a contacté les responsables de jeuxvideo.com avec des textes de loi appuyant ses propos, dénonçant les problèmes de transphobie du forum. Réaction : bannissement des pseudonymes uniquement et fermeture des topics, mais les forumeurs problématiques revenaient à chaque fois avec un pseudonyme différent. Finalement l’affaire s’est calmée non pas parce que jeuxvideo.com a pris les mesures qui s’imposaient (bannissement définitif des adresses IP) mais parce que les harceleurs se sont lassés. Régulièrement jusqu’à aujourd’hui elle est harcelée sur Twitter, sur le forum et sur son compte Ask par des membres du forum.

En janvier dernier, Mathieu Sommet dénonçait dans son SLG n°78 une vidéo qui avait été postée sur le forum de jeuxvideo.com et qui faisait l’apologie du viol en prétextant qu’il existait un moyen de violer des femmes « gentiment ». Ces vidéos ont disparu du forum depuis, mais pas à l’initiative des modérateurs ou des administrateurs, non. C’est l’auteur lui-même qui les a supprimées (de son propre aveu) après, je suppose, avoir essuyé les moqueries des fans de Mathieu Sommet. Bref, en résumé ce forumeur fait l’apologie du viol et des violences faites aux femmes dans ses vidéos, les poste sur le forum de jeuxvideo.com, se fait rabrouer publiquement par un youtubeur, les supprime lui-même, puis continue tranquillement d’officier sur JVC sans être banni ni même inquiété d’une quelconque manière par les responsables de jeuxvideo.com alors même que les féministes alertent les modérateurs à grand renfort de signalements et de tweets. Il a continué à étaler sa misogynie par la suite.

Au même moment, Mar_Lard dénonce un article écrit sur jeuxvideo.com dans lequel le rédacteur s’adresse uniquement à un public masculin pour la St Valentin. Elle lui explique en quoi c’est problématique et le rédacteur finit par changer les propos pour les rendre plus universels. Qu’un des rédacteurs « plie » devant une féministe met les forumeurs en colère et aussitôt, un topic d’insultes fait surface.

D’une manière générale, des tas de topics contenant des incitations au harcèlement, des propos racistes, misogynes, homophobes, transphobes voire du harcèlement sexuel sur mineure inondent le forum. Inutile de chercher loin, il suffit à n’importe quel internaute de naviguer au hasard quelques petites minutes sur les « bla-bla » pour trouver de quoi perdre toute foi en l’humanité. Certains des forums que j’ai screenés (moi ou d’autres militants) sont toujours en ligne en ce moment même, les créateurs de ces topics sont toujours sur le forum et quasiment rien n’a été fait alors que des topics comme celui au sujet d’une jeune mineure et de ce que les forumeurs lui feraient ont été signalés plusieurs fois.

Finalement, ce qui a relancé les militant/e/s dernièrement, c’est la volonté d’un illustrateur de « parodier » le Projet Crocodiles. Ce dernier a fait un appel aux 18-25 du forum pour récolter des témoignages. Pour saisir la colère des féministes, il faut comprendre ce qu’est exactement le Projet Crocodiles : c’est un site créé par Thomas Mathieu qui vise à récupérer des témoignages de femmes victimes de violences misogynes comme des viols ou du harcèlement. Ce dernier les illustre en représentant les hommes sous forme de crocodiles. Le but n’étant pas de dire que les hommes sont tous les mêmes, mais bien de faire comprendre ce que vivent les femmes avec la peur du harcèlement et du viol au jour le jour. Les femmes vivent en constante insécurité à cause de la misogynie ambiante en France et son obligées de se protéger comme elles le peuvent face à tous les hommes puisqu’elles sont incapables de savoir lesquels auront de mauvaises intentions à leur égard. Les agresseurs n’ayant pas de « profils types » (contrairement aux prétentions des racistes et classistes de tout poil), n’importe quel homme peut être un agresseur. Est-il réellement nécessaire de rappeler que la première cause de mortalité chez les femmes sont les violences domestiques ? Qu’une femme est victime de viol toutes les 7 minutes en France (et que 96% des violeurs sont des hommes) ? Que le harcèlement de rue et/ou sexuel est quelque chose que presque toutes les femmes connaissent (et que bien rares (pour ne pas dire inexistants) sont les témoignages mettant en avant des harceleuses) ? Le Projet Crocodile cherche à alerter sur un phénomène social qui met en danger toutes les femmes et qu’il est possible d’endiguer à condition que chacun fasse attention à son comportement.

Or, en créant le Projet « Vipères », l’illustrateur et les participants font passer plusieurs messages. D’abord avec des témoignages d’hommes qui racontent de quelle odieuse façon une femme a osé refuser de coucher avec eux (entre autres), ce projet met au même niveau de souffrance une femme violée et/ou victime de harcèlement et un homme qui… s’est pris un râteau. Quel est le problème ? Le problème c’est que dans le cas du Projet Crocodiles, des femmes défendent leur droit à circuler librement dans l’espace public sans être inquiétées et à pouvoir dire non à un homme qui veut coucher avec elle sans risquer d’être forcées (et donc violées puisque forcer une personne à avoir une relation sexuelle non consentie est bel et bien un viol). À l’inverse, le Projet Vipères vise à culpabiliser les femmes qui refusent de coucher avec des hommes et à présenter les hommes comme des victimes parce qu’ils ne peuvent pas se taper toutes les femmes qu’ils veulent quand ils veulent. Dans un cas, donc, nous avons un projet qui vise à rendre plus de liberté aux femmes quand l’autre vise simplement à renforcer les hommes dans la croyance selon laquelle les femmes leur doivent du sexe, n’ont pas le droit de les quitter (sous peine d’être des salopes) ou d’être attirées par d’autres personnes qu’eux, encourageant ainsi, purement et simplement, la culture du viol et la misogynie.

En outre, le Projet Vipères est présenté par un illustrateur fréquentant des masculinistes comme Soral. Est-ce anodin ? Rappelons que, contrairement aux idées reçues, les masculinistes ne luttent pas pour les droits des hommes, mais pour permettre aux hommes de conserver un ascendant sur les femmes et les enfants (par exemple, ils luttent pour que le divorce ne soit possible qu’à condition que les deux parties soient d’accord, mettant ainsi en danger les victimes (hommes et femmes) de violences conjugales). Et c’est sans compter sur le fait que la proposition de ce projet ait encouragé la création de plusieurs topics dans lesquels les forumeurs de jeuxvideo.com commentent le Projet Crocodiles et son contenu, notamment en affirmant qu’une femme sodomisée de force, ce n’est pas un viol ou encore que voir une femme en train d’être violée les excite. Là encore, ces topics et messages sont toujours sur le forum sans que rien ne soit fait.

Suite donc, à ces topics et ces propositions de parodie, les militant/e/s se sont élevé/e/s contre ce projet dangereux en dénonçant le problème aussi bien sur le forum que sur Twitter ou sur leur blog. Si les administrateurs ont, encore une fois laissé pisser, les forumeurs, eux, ont trouvé là une excellente occasion de tenter de nous faire taire une bonne fois pour toutes. Ainsi ont-ils créé l’opération « Silence Féministes » sur le forum même en invitant tous les forumeurs à harceler les féministes sur Twitter ou par mail en créant des faux comptes et des bots. Menaces de viol, insultes, divulgations d’informations privées… Toutes les personnes qui ont osé dénoncer les problèmes inhérents aux forums de jeuxvideo.com se sont pris ses petits soldats dans la figure et ce, avec des moyens parfaitement illégaux (comme la divulgation d’informations privées).
→ Ainsi RashXBucker a vu le topic au sujet de la parodie et est allée expliquer vertement en quoi ce dernier était très problématique. 24h plus tard, elle était bannie et a commencé à être harcelée, pour finalement recevoir une centaine de messages par jour environ comprenant des attaques ad hominem, des injures à caractère sexuel ou visant le physique sur son blog, son Twitter et son Ask.
Holywa, de son côté, a écrit un article dénonçant la complaisance des responsables de jeuxvideo.com à l’égard de sa communauté. Quelques jours après l’avoir posté, elle passe soudainement d’environ 100 vues par jour à plus de 7000, à cause d’un partage fait sur le forum. Des topics sont créés pour la descendre et des messages insultants sont postés à son encontre sur Twitter, en messages privés et sur les topics de jeuxvideo.com, sur Facebook et sur son blog. Finalement, après avoir essuyé de nombreux messages à caractère haineux et après de nombreuses incitations au harcèlement, un type de jeuxvideo.com partage ses données personnelles (adresse et numéro de téléphone) sur Twitter. L’information est aussitôt reprise sur le forum avec des images de Google Street View en prime. Le nombre d’appels la contraindra à débrancher son téléphone. Le harcèlement allant trop loin, elle décide de porter plainte. La procédure est en cours.
→ Il y a deux semaines, reçoit un mail de (créatrice d’un Tumblr dénonçant le harcèlement de rue avec des témoignages de femmes et leur photo à côté) exprimant son désarroi parce qu’un topic de jeuxvideo.com a été créé pour détourner son Tumblr en se moquant des victimes qui témoignent. La « blague » a été signalée à Juliette par un des créateurs du topic (qui voulait que les détournements soient vu par les victimes). Sur-le-champ, Juliette fait faire un signalement mais ce n’est qu’une semaine plus tard qu’il est supprimé, laissant aux créateurs le temps de se créer un Tumblr et un compte Twitter avec les images détournées et d’organiser ce qu’ils appellent « l’opération Silence Féministes ». Juliette décide donc d’en parler à A_C_Husson, mais elles hésitent à dénoncer le problème publiquement car elles savent que c’est ce que veulent les forumeurs. Or, elles ne veulent pas blesser les victimes. Finalement, c’est en voyant que le sentiment d’impunité les pousse à publier les parodies sur Twitter et Tumblr que Juliette et A_C_Husson décident de dénoncer publiquement le problème. Aussitôt, elles reçoivent respectivement des insultes sur le topic et sur Twitter : incitation au viol, injures, attaques ad hominem. En deux heures, plus de 30 messages pousseront A_C_Husson à passer en privé. Pas découragés, les forumeurs décideront d’envoyer leurs bots sur sa page Facebook, lui envoyant plus de 50 messages dans lesquelles se trouvent des images de femmes avec du sperme sur la figure mais se font bloquer par Facebook. D’autres pages Facebook comme « Stop harcèlement de rue » ou « MadmoiZelle » seront aussi victimes de leurs bots.
Juliette, de son côté, subira à peu près le même sort : appel à la harceler sur Twitter, insultes diverses sur le forum, menaces de « couper sa connexion sur Twitter » et affirmations que ses coordonnées ont circulé en mp sur le forum.
Paleaoies (Palawa) quant à elle, continuera ses dénonciations des pratiques de jeuxvideo.com, notamment après son démêlé avec Noraj, modérateur qui décidera de fermer un topic au sujet des transidentités pour des raisons fallacieuses (« hors sujet ») et après la découverte du topic « Parodions le Projet Crocodiles ». Elle décidera en particulier de se plaindre directement aux administrateurs en créant un topic dans la partie réclamations visant à demander une modération plus juste. Dans son topic elle demande notamment « que cet endroit soit un espace safe pour les femmes, ainsi que pour les trans’. Avec ce topic (la parodie du Projet Crocodiles), c’est l’effet inverse qui se produit, et cela va même jusqu’à transmettre ce sentiment d’insécurité ailleurs sur internet. » Suite à ce topic, le harcèlement reprendra un peu partout (forum, Ask, Twitter etc). Pire, sur le topic de réclamations, normalement, il n’est pas autorisé de répondre, mais Meego se l’est permis alors qu’il n’est pas visé par la plainte, se permettant ainsi d’enfreindre la charte de modération sans craindre un bannissement, protégé par son statut de modérateur. Quelques minutes plus tard, une partie des forumeurs commenceront à s’organiser pour harceler Palawa en créant des topics avec photos d’elle, des insultes et des appels au lynchage.

Dernièrement, les forumeurs de jeuxvideo.com ont créé un salon Tinychat sur lequel il font croire à des trans qu’il est possible de parler en toute quiétude de leur transidentité pour ensuite, une fois qu’ils s’inscrivent sur le chat, les harceler, les injurier et les humilier oralement, via micro.

Les réactions de jeuxvideo.com
Très vite, nous avons donc compris comment le forum de jeuxvideo.com fonctionnait : tous les forumeurs peuvent être élus et devenir modérateurs. Ils sont donc représentants du mode de pensée présent sur le forum et sont choisis pour cette raison. Résultat, les seules personnes pouvant réellement endiguer le problème n’ont aucun intérêt à le faire. À côté de ça, les responsables du forum, ceux qui sont censés gérer l’équipe de modération, ne semblent pas pressés de virer les modérateurs qui ne font manifestement pas correctement leur travail voire qui tiennent eux-mêmes des propos qui seraient dignes d’un bannissement définitif.

Pire : les modérateurs du forum montrent clairement leur volonté de protéger envers et contre tout la possibilité des forumeurs de continuer de dire ce qu’ils veulent quand ils veulent comme ils le veulent, même si leurs propos visent à stigmatiser des minorités déjà fragilisées, en particulier les trans qui semblent vraiment les déranger pour une raison obscure (peut-être de la haine et du mépris pur et simple ?)
Ainsi, Avril, faisant partie de la modération, a soutenu que le déferlement de haine, de harcèlement et de mépris dont étaient victimes les trans sur jeuxvideo.com étaient anecdotiques, a justifié les messages transphobes tels que « les trans me dégoûtent » par un « ce n’est qu’un avis, on peut aussi dire les noirs me dégoûtent » et a exprimé que, à son avis, les homosexuels n’auraient pas à être choqués par les gens qui expriment leur dégoût vis-à-vis de leurs préférences sexuelles (dégoût exprimé par des « sale pédé » et autres joyeusetés).
De même, Meego, dans un topic « règles de vie en communauté » affirme qu’il est « hors de question de pratiquer une censure dégueulasse qui ne ferait qu’envenimer les choses » et qu’il est possible d’exprimer le fait qu’on n’apprécie pas l’homosexualité, la religion musulmane (comme par hasard) ou les transidentités mais qu’il faut le dire de manière polie et argumentée. On attend toujours de savoir si, selon Meego, dire « les trans et/ou les noirs me dégoûtent » est poli et argumenté ou non. La liberté d’expression selon Meego nous a semblé bien opportuniste. (À noter également que Palawa a signalé le comportement de Meego à Christophe Henner, mais n’a reçu aucune réponse).
Dam0ol, de son côté, après avoir lu un article du Nouvel Obs dénonçant les pratiques de jeuxvideo.com, a décidé de se fendre d’un long topic dans lequel il justifie les pratiques du forum de la manière suivante : 1- Tout le monde fait comme ça, donc pourquoi s’en prendre à nous ? (Ah bon bah si tout le monde fait de l’ostracisme, ça va alors, on va juste suivre la tendance), 2- Vous êtes malhonnêtes vous faites des amalgames (alors que de nombreuses preuves ont été fournies avec screenshot à l’appui), 3- On s’en fout des trans, mais on a quand-même bien le droit de dire qu’on les aime pas sans se faire traiter de nazi ! (Doit-on rappeler que stigmatiser quelqu’un ou changer de comportement vis-à-vis d’une personne simplement à cause de son genre, son orientation sexuelle, son identité sexuelle, ses croyances, ou son appartenance ethnique, ça s’appelle de la discrimination et que c’est interdit par la loi ?) (etc) De nombreux modérateurs tels que Budra, Aristotedi ou Cartographe manifesteront leur soutien à ce topic.
Noraj, quant à lui, abuse de son pouvoir de modérateur à plusieurs reprises, notamment, comme ça a été expliqué plus haut, en fermant un topic sur la transidentité sans raison valable, mais en laissant d’autres topics ouverts comme celui-ci dans lequel des tas de forumeurs se vantent d’avoir harcelé des féministes (la preuve qu’il a vu le topic réside dans un message qu’il a laissé sur le topic même mais qu’il a supprimé par la suite, sans se soucier, en revanche, de supprimer ledit topic). Il kickban également des féministes qui osent dénoncer les problèmes de topics comme « parodions le Projet Crocodiles », s’en vante sur le topic sus-cité et exprime même son soutien à la personne qui souhaite faire la parodie.

Forts de ce constat, nous avons compris que les seules personnes qui pourraient réellement changer les choses étaient les administrateurs et les responsables du site. Que nous avons alerté à maintes reprises via leur Twitter officiel et par mail. Résultat ? Quelques tweets le 30 juin parlant d’une sélection de 6 personnes pour venir discuter au siège de l’association à Aurillac (pour l’instant, pas de nouvelles à ce sujet depuis) et un débat sans fin avec Christophe Henner (directeur Marketing). Il nous avoue que JVC n’est pas capable de répondre aux situations d’urgence (comme incitation au harcèlement) à cause de « contraintes techniques » (qui changent au cours des discours et ne sont pas toujours exactes), puis prétend que de toute façon, que les propos discriminants soient chez eux ou ailleurs ne changera rien au problème (ce qui est faux : le fait que jeuxvideo.com soit un site très visité rend les messages problématiques plus visibles et donc plus violents) pour enfin refuser l’idée même de fermer ne serait-ce que temporairement le forum afin de trouver une solution durable et efficace sous prétexte que c’est une technique « terre brûlée« . Pire, il défend des modérateurs comme Avril et tente de justifier les propos racistes et transphobes qu’il a pu tenir.

D’ailleurs, d’après son témoignage dans l’article de MadmoiZelle, une refonte de l’équipe de modération et la mise en place d’un autre système visant à choisir les modérateurs avec plus de soin n’est pas tellement d’actualité. Le seul effort qui sera fait de leur côté sera un debriefing des modérateurs afin de leur apprendre leurs responsabilités (doit-on comprendre que ça n’a pas été fait à la base ?). On ignore si des mesures seront prises dans le cas où les modérateurs, même après avoir été avertis, continueraient d’appliquer leurs propres règles plutôt que d’appliquer celles de la loi et du règlement du forum.

Il est manifeste que jeuxvideo.com se cache derrière l’article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique. En effet, grâce à cette loi, ils peuvent prétendre ne pas être au courant de ce qui se passe sur le forum tant qu’un signalement spécifique n’a pas été fait alors que c’est une révision globale de la politique de gestion de leur forum qui est en cause. Ainsi, ils peuvent habilement attendre des personnes harcelées, humiliées et insultées qu’elles fassent soit le travail de ménage (gratuitement) à leur place (à savoir signaler tous les messages problématiques, tous les jours sans être bien sûr/e/s que leurs signalements seront pris en compte (puisque de nombreux signalements ont été faits et que rien n’a bougé)), soit qu’elles portent plainte contre les utilisateurs un par un en leur nom. Les deux cas n’étant, bien entendu, pas envisageables sans y passer tout son temps et toute son énergie, jeuxvideo.com peut sereinement et en toute quiétude laisser sa communauté enfreindre loi et règlement sans être tenu pour responsable. Mieux, peu importe qui sont les personnes qui fréquentent leur forum, après tout,  un clic d’internaute est un clic d’internaute et permet de faire du chiffre (et donc de flatter les actionnaires). Il faudra pourtant bien qu’un jour, jeuxvideo.com comprenne que ce n’est pas aux personnes victimes de son laxisme de veiller à ce que sa communauté respecte la charte du forum et la loi. Jeuxvideo.com sait que son forum pose problème d’une manière globale et l’a prouvé à maintes reprises. La question est : est-ce que ce fameux article 6 les protège encore de ce savoir, même s’il n’est pas au sujet de messages spécifiques, mais d’une ambiance globale ?

Concrètement ces problèmes, ça donne quoi ?
Si des militant/e/s s’élèvent contre jeuxvideo.com et la communauté qu’il abrite, ce n’est pas pour le plaisir de se faire harceler, humilier et insulter, mais bel et bien parce qu’un tel laxisme présente plusieurs problèmes à différents niveaux.

Tout d’abord, jeuxvideo.com est un site qui se veut ouvert à tout le monde. Pourtant, en laissant les membres du forum proférer des discours discriminants jours après jours, ils font fuir la plupart des personnes visées. Résultat, les jeunes hommes blancs cishétéros restent confortablement entre eux. Personne n’aimant être  méprisé et insulté pour son genre, sa sexualité ou sa couleur de peau, il est normal que leurs cibles favorites désertent les lieux. Pourtant, les jeux vidéo ne sont pas la propriété exclusive de ces hommes blancs cishétéros. Il a été prouvé à de nombreuses reprises que 49% des joueurs sont des joueuses et il ne me semble pas que la couleur de peau ou l’orientation sexuelle empêchent de tenir un joystick. Bref, jeuxvideo.com a laissé ses forums sombrer dans un communautarisme malsain et allant à l’encontre de toute notion éthique de base : un tel site est censé viser des amateurs/amatrices de jeux vidéo sans nullement se soucier de leur appartenance ethnique, leur genre, leurs préférences sexuelles etc. Pourtant en laissant ces forumeurs étaler leur haine et leur mépris des gens différents, les responsables de jeuxvideo.com leur ont laissé croire que cet endroit leur était destiné exclusivement et qu’ils n’avaient pas à faire d’efforts pour permettre à chacun/e de participer à la vie du site sans y être humilié et/ou harcelé. Certains en sont même venus à créer des topics ne laissant aucun doute sur leur mentalité, comme « imaginez une modo fille :rire: » ou, ce topic dans lequel une femme se plaint de l’ambiance misogyne du forum et se voit répondre des « bah t’as qu’à dégager » ou des « go cuisine ».

En plus de leur rejet de toutes les personnes qui ne collent pas à leur  définition de la norme, des idéaux réactionnaires et intolérants se propagent à travers ce site populaire qui, à la base, se veut être un simple web-journal vidéo-ludique. En effet, les jeux vidéo attirent chaque année de plus en plus de personnes et plus spécifiquement de jeunes gens. Toutes ces personnes vont évidemment chercher à partager leur passion sur le net en cherchant des sites et des forums afin d’en discuter avec des personnes appréciant autant qu’elles/eux de découvrir encore et toujours de nouvelles manières de se divertir. Or, comme il a été spécifié plus haut, jeuxvideo.com est le site de jeux vidéo le plus visité de France. Sa communauté et les propos de sa communauté sont donc une des choses qu’on est susceptible de lire en premier quand on cherche des endroits où parler de jeux vidéo. Bref, en laissant les membres du forums de jeuxvideo.com étaler haine et mépris discriminants publiquement alors qu’ils ont énormément de visites en rapport avec un média qui attire en particulier les plus jeunes (et donc les moins armés contre ce genre d’idées nauséabondes), jeuxvideo.com se rend coupable de la propagations d’idées réactionnaires, discriminantes et stigmatisant des minorités déjà fragilisées par la haine ambiante qu’elles subissent.

Ce que nous attendons de jeuxvideo.com
Il est temps pour jeuxvideo.com de prendre ses responsabilités et de lutter contre le sentiment d’impunité que peuvent avoir les utilisateurs et modérateurs du forum au lieu de se ranger de leur côté et de renforcer l’impression qu’ils ont d’être au-dessus des lois, des règles, du respect et des notions les plus élémentaires du vivre ensemble. Jeuxvideo.com est un site tous publics accueillant énormément de nouveaux inscrits chaque jour et de ce fait, il se doit de faire en sorte que les nouveaux arrivants ne se voient pas embarqués dans des modes de pensée ostracisants. Nous demandons à jeuxvideo.com de ne pas nier que pour appartenir à la communauté qu’ils ont laissé se construire sur le forum, nombreux sont les nouveaux arrivants qui modifieront leur comportement afin de mieux se faire accepter, grossissant toujours plus une communauté dans laquelle la haine et le mépris de l’Autre est entretenue depuis trop longtemps maintenant. Que les forumeurs intolérants aillent étaler leur mépris ailleurs n’est pas le problème de jeuxvideo.com. En ne les couvrant pas, jeuxvideo.com choisira de ne pas leur offrir la publicité dont le site peut jouir, et donc de ne pas laisser se diffuser un ostracisme puant au sein du forum et de la communauté geek en général.

Concrètement, nous demandons aux responsables de jeuxvideo.com de :
→ Respecter (et faire respecter) leur propre charte, les CGU ainsi que la loi.
De dissoudre intégralement leur équipe de modération et de recruter une équipe de 20 modérateurs/modératrices professionnel/le/s minimum (qui ne sera pas composée exclusivement d’hommes cis blancs et hétéros). Les modérateurs/modératrices devront être compétent/e/s, ayant une connaissance parfaite de la charte, CGU et de la loi en matière d’expression sur le net et seront  rémunéré/e/s afin qu’ils/elles puissent travailler à temps plein au nettoyage du forum et, par la suite, à son entretien systématique.
De revoir les méthodes de fonctionnement du site, notamment au niveau du ban et de la possibilité de signaler du contenu. Les utilisateurs extérieurs au site doivent pouvoir signaler un contenu à partir du moment où ce dernier est rendu public même aux personnes n’étant pas inscrites. De même, à partir du moment où une personne est bannie, c’est son IP qui doit l’être et non pas simplement son compte, afin qu’il soit assuré qu’elle ne puisse pas revenir avec un pseudonyme différent quelques minutes après avoir été expulsée.
→ Que soient bannis définitivement les utilisateurs se permettant de tenir des propos ostracisants ou incitant à la haine et/ou au harcèlement à plusieurs reprises et même après rappel à l’ordre.
Que les responsables de jeuxvideo.com cessent de demander aux personnes qui dénoncent les problèmes sur leur forum de faire ce pourquoi ils se rémunèrent eux-mêmes, à savoir gérer la communauté et prévenir les débordements. C’est à jeuxvideo.com de surveiller son site et son forum, pas à nous.

Si jeuxvideo.com n’est pas capable de gérer le forum pendant les changements d’actionnaire, comme certains responsables l’ont prétendu sur Twitter, nous demandons à ce que le forum soit fermé temporairement le temps que les « contraintes techniques » n’empêchent plus les responsables de gérer la communauté abritée par jeuxvideo.com.
Si jeuxvideo.com n’est pas capable de gérer la communauté qu’il abrite sur le long terme, alors nous demandons la fermeture du forum, simple et définitive.

En conclusion
Nous ne nous en prenons pas à jeuxvideo.com par simple oisiveté, mais bel et bien parce que la communauté abritée par le forum blesse de plus en plus de gens, même étrangers au site, à cause des comportements haineux qui n’y sont pas modérés. À défaut de faire d’internet un espace safe et où chacun/e peut se sentir bien sans être insulté/e à cause de son genre/orientation sexuelle/couleur de peau etc, nous souhaitons que, au moins, les sites les plus visités soient vigilants et encouragent leur communauté à s’amuser, à découvrir et à partager dans le respect de l’Autre. Aussi, nous espérons que cet appel soit entendu et qu’ainsi l’entièreté du site soit respectueuse, sans haine, ni mépris.

Pour plus d’informations
Compte Twitter regroupant des screenshots de propos intolérants sur JVC : [x]
L’écrit de la chouette : Jeu Vidéo.com : [x]
MadmoiZelle dénonce : [x]
Le Nouvel Obs dénonce : [x]
Sans Compromis dénonce : [x]

Pour aller plus loin
Sexisme chez les geeks : [x]
Les vidéos de Feminist Frequency : [x]
Misogynie chez Joystick : [x]
Ce que c’est qu’être une femme qui exprime son opinion sur le net (en anglais): [x]
L’humour est une arme : [x]
L’humour pour les nuls : [x]
Sexisme dans les jeux vidéo, Pearltrees : [x]

Merci à Synahel, RashXBucker, Holywa, , , , Juliette Lancel, , et pour leur aide, leurs conseils, la relecture et leur témoignage. Et merci à toutes les personnes qui m’ont exprimé leur soutien durant la rédaction de cet article.

Myroie

Les babes font fuir le public

screen-shot-2014-01-13-at-10-50-29-am

Article de Spencer Chen sur TechCrunch.

Les « booth babes » sont de belles jeunes femmes court vêtues employées par certaines entreprises pour « décorer » leur stand lors de conventions, dans l’espoir d’attirer le chaland (forcément masculin, hétérosexuel & dépourvu de tout esprit critique à la vue d’un décolleté). Une pratique peu glorieuse des milieux tech & jeu vidéo, mais que certains défendent sous prétexte de « marketing ciblé » ; puisqu’on considère que seuls des hommes hétéros vont aux conventions, autant tout saupoudrer de jolies filles pour leur plaire (et tant pis si c’est sexiste et ostracisant pour les autres publics).

Sauf que…les booth babes semblent totalement inefficaces pour attirer le public. En réalité, elles seraient même contre-productives.

Pour vérifier ce qu’il soupçonnait déjà au vu des mauvaises performances globales des stands à booth babes, Spencer Chen a mené des expériences comparatives: deux stands au sein d’une même convention, l’un animé par des babes, l’autre par des personnes recrutées pour leur connaissance du milieu. Les résultats sont accablants : les stands à booth babes attirent trois fois moins de public et récoltent moitié moins d’opportunités de réseau (cartes de visites, formulaires d’information, etc).

Pourquoi ?

Parce que, de leur propre aveu, les babes ont plutôt tendance à intimider les visiteurs.

Parce qu’elles sont recrutées d’abord sur leur sex-appeal, plutôt que sur leur connaissance du produit ou leur capacité à convaincre le public.

Parce qu’employer des babes ne renvoie pas une image de professionnalisme, mais plutôt de cache-misère; que peut on attendre d’une compagnie qui emploie des hôtesses dénudées en guise d’arguments de vente ? Les professionnel-le-s qui cherchent à nouer des contacts dans ces salons ne s’y trompent pas.

Parce que les professionnels de bas étage effectivement attirés par les babes s’intéressent plutôt à leur plastique qu’au produit, et ne représentent pas des opportunités intéressantes…

Alors, chères compagnies qui s’obstinent à décorer leurs stands de babes alors même que ces pratiques sexistes sont dénoncées partout, on peut arrêter de se cacher derrière le marketing ciblé maintenant ?

La page Facebook de JeuxActu

Article par Shyvahna sur son blog.

Un coup de gueule bien senti envers le Facebook de JeuxActu qui s’en donne à coeur joie : photos voyeuses de cosplayeuses, femmes dénudées à gogo sans rapport avec l’univers du jeu vidéo, humour misogyne…

Ou comment le webzine tente la connivence avec son public qu’il conçoit comme forcément masculin, hétérosexuel, misogyne et obsédé de cul.

Tropes vs Women in Video Games – Ms. Male Character

La chaîne Youtube feministfrequency animée par Anita Sarkeesian vient de sortir le quatrième épisode de Tropes vs. Women, l’excellente série de vidéos dédiée à analyser les représentations des femmes dans les jeux vidéo. Le thème cette fois-ci : « Ms Male Character », les personnages féminins créés uniquement en contraste par rapport aux personnages masculins qui incarnent « la neutralité », de Pac-(Wo)-man à Mass Effect 3. La création de ces alter-ego féminins est généralement marquée par des traits stéréotypés et hypersexualisés, et les personnages en question n’ont pas de personnalité, de centre d’intérêt, ou de caractéristique autre que « être une femme » (ou éventuellement « être l’amoureuse du héros »).

Bon visionnage !

Retrouvez également les trois premiers épisodes de Tropes vs Women, sur le thème de la Demoiselle en Détresse :

Chaque vidéo dispose de sous-titres français peu après sa publication : activez-les en bas à droite du lecteur Youtube.

Édité par Mar_Lard

« Toutes les discussions à propos du sexisme sur Internet »

Édité par Mar_Lard

Un résumé en webcomic par le cartoonist Gabby Schulz de n’importe quelle discussion à propos du sexisme sur Internet :

"

1. « Comment n’importe quelle discussion à propos du SEXISME et de questions féminines sur Internet (et dans la vraie vie) s’est toujours produite et se produira pour toujours, jusqu’à ce que la Terre tombe dans le Soleil (ou jusqu’à ce que le patriarcat soit demantelé »
7. « Ton comic est si bien qu’il me donne envie de te baiser » – Signé Un. Mec.

"

1. »Cher Monsieur : Merci d’avoir aimé mon comic. Euh…Sinon, des fois c’est chouette quand une femme est complimentée pour la qualité de son travail, pas parce qu’elle a un vagin que vous aimeriez utiliser. Des fois. Merci quand même. Désolée. Juste mon avis. »
2. « Chère femme : je vais maintenant t’expliquer en quoi tu as tort. Sur mon blog. Blablabla normal blablabla instinct humains naturels blablabla »
3. Et ainsi… « Je suis d’accord avec toi, mec ! »
4. « Explique-lui à cette femme ! »
5. « Retweeté ! Linké ! Tumblr ! Relayé ! »
6. « J’érige solennellement un monument de granite à ta droiture virile. Et je ne suis pas sexiste donc tout va bien. »
7. CALIN EN GROUPE (no homo)
8. « Euh. Vous avez le droit d’avoir une opinion ? »

"

1. Mais alors… »Hé…Tout ça ne serait pas un peu sex… » « BAILLE »
2. « En fait, nous sommes d’accord que c’est sexiste »
3. »Désolée Mesdames ! Rien n’est sexiste à moins que je ne décrète que ça l’est ! Et puis j’aime les femmes. Sucez mes boules »
4. « Mais tu vois…2+2=4… » « Et l’eau mouille… » « Et la Terre tourne autour du Soleil… » « Et il y a 60 minutes dans une heure… » « Et ton nez est généralement au centre de ton visage… » « Et nous avons besoin d’oxygène pour vivre… » – Champ de force anti-logique
5. « OUIIIIIIN ! Tout le monde m’attaque sans raison ! Personne ne comprend ! Moi moi moi moi ! »
6. « Taisez-vous avec vos opinions de lesbiennes folles et biaisées » « La folie du politiquement correct ! » (Biberon du privilège)

"

1. « Mais pourquoi torturez-vous ce pauvre homme ? »
2. Cette case représente le moment où des tas de gens interviennent pour dire des choses 1. fausses 2. cinglées 3. complètement à côté de la plaque. Mots fréquemment utilisés : « pétasse », « gouine », « chatte » et « sur-réagir »
3. « Wouah, regarde tous ces commentaires sur mon blog ! Ca veut dire que j’ai raison ! » Game Over
4. SOUPIR.
5. « Vous savez, pour une fois j’ai cru que peut-être ça allait différent de toutes les autres fois où une femme a dit quelque chose sur Internet à propos du sexisme. »
6. « Je n’aurai rien dû dire. » – Et répéter.
7. Le but de tout ça est de voir comment le système fait de nous des esclaves. Peu importe, voici un chaton.

Véhiculé par Boulet – Chicago

Des soldates dans CoD Ghosts

Article chez les Dégenreuses.

Suite à l’annonce de l’apparition de femmes soldates dans le jeu Call of Duty Ghosts, les gamers et gameuses ont commencé à prédire la vague de sexisme à laquelle ces avatars féminins allaient devoir faire face. Les réactions misogynes de nombreux gamers ne font que renforcer la probabilité de ces tristes prédictions.

[Ajout par marlard]

Une très belle réaction à ce sujet, celle du compte de fans @codghostsnews (plus de 17 000 followers) :

Bla

« Les personnages féminins auront un map spéciale à télécharger. Une image a fuité : [image d’une cuisine] »

The Hawkeye Initiative

« Si ton personnage féminin peut être remplacé par [le superhéros masculin Hawkeye] dans la même pose sans que ça ait l’air ridicule ou stupide, alors c’est acceptable et sans doute pas sexiste. Si ça n’est pas possible, alors laisse tomber. »

La Hawkeye Initiative est un projet lancé en Décembre 2012 pour attirer l’attention sur les poses et costumes ridiculement sexualisés des personnages féminins dans les comics.
Le principe est très simple : dessiner le super-héros masculin Hawkeye de la même manière pour faire ressortir le double standard… L’initiative a immédiatement eu un succès énorme, avec des résultats souvent hilarants :

ku-xlarge

hawkeye-initiative-11

ku-xlarge

ku-xlarge

Attention cependant : la Hawkeye Initiative a pour but de démontrer la différence de traitement et de perception selon le genre du personnage ainsi que l’absurdité de poses et de costumes tellement normalisés dans le média… Il ne s’agit pas de ridiculiser des personnages masculins « efféminés » et ainsi de tomber dans de l’humour sexiste, homophobe et/ou transphobe !

L’initiative a inspiré un cosplayer, qui a donné ici une excellente interview sur les implications politiques de la Hawkeye Initiative et les questions qu’elle pose.

blatsuura-hawkeye-initiative-picture-by-James-Leungblatsuura-hawkeye-initiative

« [La Hawkeye Initiative] traite d’un problème sérieux de façon légère, ce que j’apprécie, mais j’ai aussi l’impression que beaucoup de gens l’apprécient pour de mauvaises raisons : pour certains, les dessins sont drôles parce que « cette pose/ce costume a l’air gay » ou « les hommes efféminés sont ridicules ». Là, ça commence à être de de l’humour homophobe et transmisogyne, ce qui est vraiment moche. Malgré ce problème, j’aime beaucoup des dessins proposés pour des raisons plus proches de l’initiative initiale : ils montrent l’absurdité des costumes et des poses, peu importe le genre et l’orientation du personnage.

J’ai entendu beaucoup de gens dire qu’ils aiment la Hawkeye Initiative parce qu’elle produit des dessins sexy d’hommes, et je pense que c’est un bon point de vue parce que ça reste positif et optimiste ; la vision encourageante, pour moi, c’est « les hommes peuvent être représentés comme sexy » plutôt que « c’est drôle quand les hommes sont représentés de façon sexy ». »

« Contrairement à beaucoup de femmes qui portent des cosplay sexy, [le cosplayer] indique que personne ne l’a accusé d’être un « faux geek », et il n’a pas subi d’interrogatoire sur sa connaissance de Hawkeye (dont il ne savait pas grand chose). C’est très différent de l’expérience des cosplayeuses, surtout les cosplayeuses sexy, qui sont souvent considérées comme des Fake Geek Girls (filles faussement geeks) jusqu’à preuve du contraire par une grande partie des communautés geeks. »

Autres sources :
http://www.geekeccentric.com/the-hawkeye-initiative/
http://knowyourmeme.com/memes/the-hawkeye-initiative

Milieu Tech : les femmes grandes absentes

apple-conference-feature

« Les toilettes des femmes sont toujours pleines à craquer » ? En tout cas, pas aux conventions tech…

Pendant la World Wide Developers Conference d’Apple, le journaliste du magazine Tech CNET Dan Ackerman a tweeté cette photo pour illustrer le terrible gouffre du genre dans la fréquentation des conventions Tech. Les toilettes des hommes prises d’assaut tandis que celles des femmes restent parfaitement vides…

L’absence des femmes dans ce milieu reste extrêmement préoccupante et s’aggrave sur certains points : le pourcentage de femmes parmi les diplômés en science, mathématiques et ingénierie aurait diminué ses dernières années. Les femmes sont à l’origine de seulement 1,2% des logiciels open-source et de 5% des brevets; elles représentent moins de 10% des investisseurs Tech et quittent deux fois plus le milieu que les hommes. Seulement entre 3 et 5% des start-ups Tech sont lancées par des femmes.

Les raisons d’une telle absence ? L’éducation genrée qui décourage les femmes de poursuivre des carrières scientifiques (et donc l’absence de mentors féminins… le serpent qui se mord la queue), mais aussi le sexisme et le manque de diversité rencontrés dans ces milieux professionnels. Est également évoquée l’impossibilité de concilier les travaux ménagers et responsabilités familiales qui leur incombent encore très largement avec les rythmes de travail d’un milieu extrêmement masculin. Témoignages :

« Mes études d’ingénierie furent un véritable enfer pour moi – ma personnalité a provoqué beaucoup de comportements sexistes chez mes condisciples masculins et mes professeurs… À un moment, après beaucoup d’entretiens, j’ai décidé que je ne voudrais pas passer la plus grande partie de mon temps avec le genre de personnes que je rencontrais en entretien. »

« Il n’y a pas un grand réseau de femmes dans l’ingénierie. Vous devez apprendre à être « l’un des mecs » ou forger le chemin vous-même, ce qui est très difficile. »

« Il n’y a pas d’opportunités de promotion dans un milieu dominé par les hommes – la culture de l’ingénierie est centrée sur le masculin, avec de hautes exigences de voyages et peu de temps personnel. »

« J’ai travaillé dans un département pendant 4 ans – durant cette période, 3 personnes sur 50 ont étées promues – toutes des hommes. Puis, seuls les femmes et les seniors furent virés. Le directeur général adjoint ne supportait même pas de dire bonjour aux femmes dans le couloir. Ses tendances old-school le rendaient incapable de considérer les femmes comme ses égales. C’était dans une compagnie avec 90% d’employées féminines, mais un manque dans le département ingénierie. »

« La pression est intense, et sans alternatives de mi-temps viable, une femme ingénieure est forcée de choisir entre travail et famille. »

« Il y a encore une majorité de « boy’s club », même chez les ingénieurs plus jeunes et les femmes non-ingénieures. Certains ingénieurs plus âgés trouvent vraiment que les femmes ne devraient pas être ingénieures, ou que c’est « mignon » quand elles le sont, comme si c’était une phase amusante qu’elles traversaient, au lieu d’une carrière… »

« La majorité du management est de culture dominée par le masculin (conversations masculines, heures longues, style de vie exigeant, carriériste…). Les femmes choisissent généralement de partir sans mener l’épuisante bataille pour améliorer les choses. C’est un cercle vicieux ! »

« C’était dur de ne pas avoir de mentor féminin sur le terrain. Ça m’aurait aidé d’avoir quelqu’un avec qui parler de problèmes. Les mentors masculins donnent des conseils de carrière d’une perspective masculine, mais je n’ai pas l’impression qu’ils comprennent les fardeaux que portent les femmes, surtout dans un domaine aussi dominé par le masculin que l’ingénierie. »

« J’ai rencontré des situations où un client ne voulait pas travailler avec moi parce que je suis une femme, ou bien j’ai été prise pour la secrétaire, ou quelqu’un était surpris que je sois ingénieure (« Oh, c’est mignon! ») »

« Les femmes quittent l’ingénierie à cause de leur insatisfaction dans le travail, le manque de modèles féminins, des horaires inflexibles, la discrimination en entreprise, le syndrome des mecs blancs, le plafond de verre. »

Presque la moitié des femmes qui ont quitté la Tech déclarent l’avoir fait à cause des conditions de travail : trop de voyages, promotions impossibles, salaires trop bas. Un tiers l’a fait à cause d’un environnement de travail hostile. Un quart pour se consacrer à la famille.

Les femmes ont souvent peur d’aborder le sujet : « Nous ne voulons pas être perçues comme des hystériques qui gémissent toujours sur le même problème », « j’ai peur de jouer la victime », « c’est considéré pleurnichard d’en parler ». Rien d’étonnant : le milieu a toujours eu beaucoup de mal à reconnaître son manque de diversité ou à examiner les raisons de l’exclusion des femmes… 40% des femmes en Tech estiment que les entreprises ne font pas assez d’efforts pour plus de diversité, contre seulement 18% des hommes. Heureusement, les revendications s’organisent et des projets se montent pour favoriser l’entrée des femmes dans le milieu.

Le milieu Tech a tout à gagner à mieux accueillir les femmes. En moyenne, les compagnies dont la direction comprend au moins 3 femmes réalisent une marge opérationnelle supérieure de 84%, un retour sur investissement supérieur de 60%, et un taux de retour sur capitaux propres supérieur de 46% aux compagnies à la direction exclusivement masculine. Les groupes qui comprennent au moins une femme réalisent également de meilleurs scores que les groupes exclusivement masculins aux tests d’intelligence. Une plus grande diversité au sein de l’entreprise est synonyme de plus d’innovation, d’efficacité, de créativité, de gains financiers ainsi que d’une compréhension plus complète de l’environnement et du marché.

Sources :
http://venturebeat.com/2013/03/08/the-woman-in-tech-dialogue-is-taking-center-stage-and-this-is-a-good-thing/
http://studyofwork.com/files/2011/03/NSF_Women-Full-Report-0314.pdf
http://www.thedailymuse.com/toolsskills/the-latest-stats-on-women-in-tech/
http://www.onlinemba.com/women-in-tech/
http://www.itmanagerdaily.com/women-in-technology-infographic/
http://www.cbc.ca/strombo/story-photos/this-picture-says-a-whole-lot-about-technology-conferences.html

Shortpacked explique les problèmes de représentation dans les comics

Trois planches de l’excellent webcomic Shortpacked pour expliquer avec humour les problèmes de représentation dans les comics… et les réactions désespérantes que le sujet suscite souvent.

10 Août 2007 : « Quotas »

1. « TOI ! Il paraît que tu crées un super-héros ! Mon dieu, mon dieu ! »
2. « Ce n’est pas une femme, hein ? » « Si. » « Elle est vraiment puissante ? » « Ouais. »
3. « A-ha ! C’est bien ce que je – ce que nous craignions ! Nous sommes exaspérés de ces quotas. Nous avons déjà créé quelques super-héros pour vous autres dans les années 90, vous devriez être reconnaissantes. » « Tout ce que je fais, c’est dessiner quelque chose qui me rend plus forte… » « Tu ne peux pas rendre les femmes plus fortes ! C’est politiquement correct ! Et nous savons tous que c’est la pire chose qui pourrait jamais arriver. La pire. »
4. « J’exige que mes comics soient remplis d’hommes blancs uniquement pour nous libérer de cette terrible menace des quotas ! »
5. « Oh mon dieu ! Il y a plein de noirs sur ce trottoir ! Quotas ! Quotas ! »

2 décembre 2011 : « Fausse équivalence »

1. « J’en ai assez de t’entendre râler que les meufs sont objectifiées sexuellement dans les comics ! Les mecs le sont aussi ! Ce sont de grosses bêtes de muscles impossibles ! »  « D’abord, recherche « fausse équivalence » sur Google. »
2. « Etre une grosse bête de muscles impossibles est un fantasme de pouvoir masculin. Ça n’a rien à voir avec ce qu’une femme comme moi trouve attirant. »
3. « Laisse-moi te montrer ce que je veux dire. Pour que je fantasme sur Batman, il doit être bâti pour la dextérité, pas la puissance. Rendons le plus mince. »
4. « Et tu sais quoi ? C’est important que ses yeux soient visibles. Ils devraient être grands et intenses. Rajoutons des joues rougissantes et des lèvres à baisers. »
6. « Ce dessin me dérange. » « Bienvenue dans ma vie de tous les jours. »

12 Août 2013 : « Les comics suivent la société »

1. «  »Les comics suivent la société. Ils ne mènent pas la société, ils la reflètent. » »
2. « Quoi ? C’est n’importe quoi. » « Oui, c’est décourageant que certains créateurs de comics ne veuillent juste pas être des pionniers. »
3. « Ce n’est même pas ce que je veux dire. « Les comics suivent la société ? » Certainement pas. Ils sont loins derrière. »
4. « Je veux dire, démographiquement, l’Amérique est à 12% noire, non ? 5% asiatique. 15% hispanique. Plus de la moitié d’entre nous sont des femmes. 5% s’identifient comme gay, et au moins 10% y pensent sans doute. Pendant ce temps, les comics ne sont que des mecs blancs parfaitement hétéros et une fille qu’ils tolèrent dans l’équipe parce qu’elle est baisable. »
5. « Tous les comics ne sont pas comme ça. »
6. « Peut-être, mais « suivre la société » est certainement l’exception, pas la règle. »
7. « De qui est cette citation, de toute façon ? Dis moi comme si j’étais quelqu’un qui obtient sa dose de superhéros d’un média qui fait de temps en temps semblant que j’existe. » « Gerry Conway. Euh, il a créé un mec blanc énervé avec des flingues et il a jeté la petite amie de Spiderman du haut d’un pont pour le rendre triste. »