Senran Kagura Burst, c’est un petit peu… ;)

Il y a une féministe en moi qui a fait « Heeeeeeeeh ! » et une bigouine otaku qui a fait « Yatta ! »

Senran Kagura Burst, la jaquette du jeu

Senran Kagura Burst, la jaquette du jeu

Senran Kagura est une série de jeux vidéo Beat ’em All mettant en scène des jeunes femmes shinobi qui ont presque toutes une énorme poitrine (sauf Mirai, la plus jeune de toutes, en première année à l’école Hebijo). Le premier jeu n’est sorti qu’au Japon et contre toutes attentes, le deuxième, « Seran Kagura Burst » a osé mettre un pied en Amérique du Nord et en Europe ! Il faut dire qu’il s’agit vraiment d’un genre de jeu particulier pas toujours bien reçu par chez nous. On a du mal, en France, à se procurer des jeux ouvertement sexy ou des jeux de rencontres. Quant aux Visual Novel, n’en parlons pas…

On va ici parler d’un jeu réellement destiné à un public mature, où la sexualisation des personnages fait partie du genre. Ce n’est donc pas le fait que les personnages se fassent arracher les vêtements qui va me faire rouspéter mais autre chose.

Homura commençant un combot

Homura commençant un combo

J’étais donc heureuse et surprise de voir débarquer ce jeu, bien qu’il faille de la motivation pour en trouver un exemplaire et que la traduction ne soit qu’en Anglais. Mais je me suis aussi demandé jusqu’où ils avaient osé aller et si on ne tombait pas dans le mauvais goût.

Senran Kagura Burst n’est pas juste un jeu pour mater des grosses poitrines et ce n’est pas juste un Beat ’em All comme les autres. Il est destiné aux personnes qui aiment délirer sur des étudiantes sexy, les gros seins, les situations épicées, mais qui veulent autour de cela un vrai jeu de baston ! Le scénario est vraiment prenant, vous découvrez le background des personnages au fil des combats, il y a de longs passages de visual novel, les combos sont un délice, les personnages ont toutes des armes et des spécialités différentes et… si vous perdez trop de points de vie, ses vêtements vont se déchirer ! C’est une fois que vous aurez perdus tous vos points de vie alors qu’il ne vous reste que votre maillot de bain sur le dos que vous aurez perdu le combat. Les shinobis passent en « mode shinobi » dans une scène de transformation à la Magical Girl en s’attardant bien sous la jupe et sur le décolleté, puis les scènes où elles se font déchirer leurs vêtements sont aussi un régal pour vos yeux de voyeur-se. Cependant, si vous aimez un peu trop ça, vous risquez de perdre le combat et de ne pas avancer dans l’histoire, ce qui serait dommage vu toutes les tenues différentes et fonctionnalités qu’on débloque au fur et à mesure.

Hibari subissant une perte de sa défense… et donc de ses vêtements suite à une attaque

Hibari subissant une perte de sa défense… et donc de ses vêtements suite à une attaque

La récompense n’est pas de voir la fille à poil, d’ailleurs elles ne sont jamais entièrement nues. Cela fait tout bonnement partie du jeu du début à la fin.

Je ne vais pas vous faire une critique du jeu, vous en trouverez un peu partout et je suis globalement d’accord avec. J’écris pour soulever pourquoi, malgré mon grand enthousiasme pour ce type de jeu, je suis un peu amère.

Du Fan Service ? Je dis OUI ! Des gros lolos en 3D ? Youpi ! Des jeux pour adultes et vendus comme tels enfin en France :  il était temps ! Mais comme d’habitude ce sont les mêmes qui se prennent la part du lion. L’aspect sexy du jeu se destine à des personnes aimant les femmes à grosse poitrine, point. Vous espérez voir un des rares personnages masculin se dénuder ou se faire trancher les vêtements en miettes ?  Oubliez ! Et pourtant le prof de l’école Henzo a l’air hummm… d’avoir du potentiel.

C’est toujours la même histoire avec les jeux vidéo : devoir rappeler sans arrêt qu’il n’y a pas qu’une seule clientèle cible. Ce jeu est destiné à faire mouiller son pantalon, je ne vois pas le mal. Ce n’est simplement pas un jeu pour les gosses. Mais qui doit servir cette noble cause ? Encore une fois des jeunes femmes aux poitrines affolantes. Y a comme un déjà vu…

Mon enthousiasme pour ces jeux sera complet quand on verra mis sur le même piédestal  des jeux mettant en scènes des jeunes hommes sexy avec des fesses à se damner, des éphèbes, des femmes et des hommes d’un âge plus mûr, des physiques plus divers. Il n’y a aucun mal à se faire plaisir à regarder des dessins de personnages sexy, que celui qui ne s’est jamais mordu les lèvres sur un fan art osé d’Evangelion ou de Full Metal Alchemist me jette le premier yaoi !

Dans les mêmes séries, les mêmes films, les mêmes jeux, nous continuons à voir les hommes entièrement vêtus et conçus pour être forts et à l’aise et des femmes dénudées au moindre prétexte, la poitrine mise en avant, transformées en princesse à sauver dès que l’occasion se présente. BASTA !

Vous espériez quoi ? Que je sois une anti-sexe ascendant nonne qui brûle vos revues pornos et votre recueil de Furry cochon ? Eh bien non, je suis une affamée, j’aime la fesse, j’aime le sein, j’aime le sexe, j’aime les scènes osées et les relations ambiguës mais je ne demande qu’une chose : l’égalité !

 

En plus, ça nous fera plus de jeux ! 🙂

Site officiel : http://www.senran-kagura.com/

Fiche wiki avec des détails sur l’avenir de la série : http://fr.wikipedia.org/wiki/Senran_Kagura

 

 

Les personnages féminins de WildStar

D’ici quelques jours, un nouveau MMORPG, WildStar Online, va sortir pour le plus grand bonheur de nombreux joueurs (dont moi !) qui l’attendent de pied ferme. Mais malheureusement, les -très- nombreux aspects positifs et enthousiasmants sont un peu entachés par un choix de character design assez fatiguant.

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En effet, le jeu se voulant d’inspiration très « comics », les développeurs se sont sentis obligés d’accentuer A FOND la sexualisation des personnages féminins. On constate, malheureusement sans surprise, un dimorphisme flagrant entre hommes et femmes chez les deux races de type « humains », mais cela devient encore plus hallucinant lorsque l’on passe dans les races extra-terrestres.
Les femmes de ces races sont systématiquement sexualisées de façon exagérée et dans un esprit qui dénote totalement avec l’esprit de la race. Les Granoks, ces monstres de muscles minéraux ? Leurs femmes sont vaguement épaisses mais ont surtout des lignes très marqués. Les Drakens, cette race d’humanoïdes mi-démons mi animaux, courbés et à l’air carnassier ? Leurs femmes se tiennent parfaitement droite, ont une poitrine généreuse et ces mêmes courbes qu’on retrouve dans tous les persos féminins du jeu.

Mais la palme va au duo de races Mechari/Chua qui représente la plus grosse ineptie du jeu à ce sujet. En effet, les Mechari sont, comme le nom l’indique, une race d’être mécanique, des robots, en somme. Des robots scindés en deux genre ? Mouais, déjà c’est étrange… Les « femmes » robots extrêmement sexualisées, avec des formes marquées, une poitrine forcément généreuse et des talons aiguilles (!!) ? Ca devient un peu cheulou. Mais cela prend toute sa saveur quand les Chua, cette race aussi adorable (à première vue) que déjantée et dangereuse, est composée d’espèces de petits hamster bipèdes dont le genre est indiqué comme étant non perceptible pour les autres races. Or si on peut saluer, de prime abord, le fait de ne pas se sentir obliger de genrer une race, vu le contexte expliqué ci-dessus, on peut se demander si c’est parce qu’il n’ont pas trouvé comment sexualiser des petits rongeurs…ou pas osés. A noter aussi que les Chua sont adressés aux masculin dans le jeu puisqu’on pourra lire que les PNJ les appellent « lad » (trad : « mon gars ») ou parlent d’eux à la troisième personne en disant « he ». Encore une fois, le neutre semble être considéré comme masculin.
Ainsi on a une espèce robotique qui est genrée (et sexualisée…) qui côtoie une race animale officielement non binaire.

Précision : il n’est bien sûr pas question de dire que les silhouettes en sablier n’ont pas leur place dans un MMO.
C’est juste qu’il serait agréable d’avoir un peu de variété, et pas TOUJOURS des personnages hommes aux physiques variés, à côté de femmes toutes représentées de la même façon.

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Variété !

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« Bon… On fait varier la taille et on dit que ça ira ? »

Édité par Mar_Lard

L’enfer, c’est les autres

Depuis peu, je me suis mis à Dark Souls 2, qui a fait sa sortie sur PC. C’est une série qui me tient beaucoup à coeur ; sa difficulté, maintenant bien connue, en fait un jeu aussi crispant à la défaite que gratifiant au moment de la victoire, le combat est très technique et varié, l’histoire du monde est toujours très diffuse mais prenante et, surtout, le jeu est particulièrement safe au niveau de la représentation des femmes, surtout si l’on prend en compte que c’est un jeu japonais (qui, avouons-le, ne sont pas encore au point de ce coté). Voici par exemple des tenues pour les persos féminins (en provenance du premier Dark Souls) :

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Pas de décolleté, de “window boob” et autre string de combat, on a là un équipement véritablement adapté et c’est très bien. Le jeu ne posant donc pas vraiment de soucis, le problème se trouve plutôt du coté des joueurs, qui se jettent sur le moindre personnage féminin pour assouvir leur besoin d’humour gras. Avant d’en arriver à Dark Souls 2, faisons d’abord un petit tour d’horizon du premier opus.

Dans Dark Souls, on ne rencontre que deux personnages féminins, l’un étant Queelag, la sorcière du chaos, arborant une tête et un buste de femme (nu, mais ses seins sont couverts par les cheveux de la sorcière) posés sur une araignée enflammée géante. Je ne suis pas encore tombé sur quoi que ce soit de notable la concernant, le sujet d’attention étant surtout le second personnage, l’imposante Gwynevere :

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Comme on peut s’en douter, sa poitrine fait bien sûr l’office de moults plaisanteries et fantasmes dès que l’on trouve un forum l’abordant. Le pire que j’ai pu entendre était lors d’un speedrun, commenté par deux français. Gwynevere donne un objet important pour continuer la quête du jeu, mais en cas de speedrun, la discussion est une perte de temps considérable, certains donc lui tirent une flèche dessus avant que la discussion ne s’engage pour récupérer de suite l’objet, ce qui est, selon l’un des commentateurs, le jeu de “crevez les ballons”.

Prenons une seconde pour apprécier ce trait d’humour.

Ceci fait, on trouve également un peu de transphobie. Cet article  parle de secrets disséminés dans le jeu, et ouvre la voie en présentant un boss optionnel, Gwyndoline, qui, pour la petite histoire, est la soeur de Gwynevere mentionnée plus haut, née homme mais élevée comme une fille par son père. L’auteur, sous couvert d’humour, termine la présentation de ce secret par “So don’t feel too bad about slaying the nice lady. She’s just a dude in disguise..”, qui se traduit donc par “Ne vous en voulez pas trop d’occire la gentille game. C’est juste un mec déguisé…”. En parcourant les commentaires, on aperçoit d’ailleurs quelqu’un pointant le coté offensant de cette “blague”, qui se fait répondre d’un pavé lui expliquant que “le personnage ne la tue pas parce que c’est un travesti”, occultant ainsi totalement le problème posé par la phrase de l’auteur.

Voila déjà pour le premier opus, je vais maintenant aborder le souci du deuxième, qui est l’interaction avec les autres joueurs. Dans la série des Dark Souls, les joueurs jouent en ligne en même temps, ce qui fait qu’il n’est pas rare de voir “son” monde être envahi par un autre joueur. Dans le 2 (tout comme dans le 1), on a également la possibilité de laisser des messages au sol. Ces messages ne peuvent être constitués qu’avec un panel bien précis de mots, donnant des phrases du type “attention danger droite” ou encore “trésor devant donc hourra”. Bien souvent, ces phrases sont utiles (signalement d’une embuscade ou d’une faiblesse particulière de l’ennemi) voire drôles (voir “vision de désespoir” ou encore “chagrin…” avant d’entrer dans la pièce d’un boss me fait toujours un peu pouffer), mais dans d’autres cas, absolument aucun des deux. A ce stade de ma progression, je n’ai rencontré que deux personnages féminins d’importance : la messagère d’émeraude, une femme rousse présente au seul havre de paix du jeu et Licia, une prêtresse vendant des sorts. Pourtant, ces deux personnages font l’objet de nombreuses “plaisanteries” alors que je n’ai bizarrement trouvé aucun message près des PNJs masculins. Petit florilège des messages trouvés près des personnages au grès de mes parties (les messages vont et viennent) :

Licia :
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Messagère d’émeraude :
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On appréciera l’effort d’inventivité, certains ayant apparemment beaucoup de temps à perdre. Le fait de laisser de tels messages n’est pas l’unique problème. Comme on peut le voir, ces messages peuvent être “approuvés” par d’autres joueurs les lisant.

Comme je l’ai dit plus haut, j’aime énormément la série des Dark Souls, notamment parce que ce sont des jeux relativement exempts de sexualisation. Pourtant, certains joueurs ne se privent pas pour se lâcher dès qu’un personnage féminin fait son apparition, et peuvent même se donner une bonne tape sur le dos en approuvant les messages des autres. Il est malheureux qu’une expérience de jeu soit gâchée par des personnes amenant avec eux leur sexisme primaire dans un environnement qui est loin de s’y prêter à la base.

Édité par Mar_Lard

Infectonator : Sexisme

Infectonator : Survivor est un jeu style tower défense / survival horror qui est sorti il y a quelque temps sur steam
Le but est de gérer un groupe de survivant durant une apocalypse de zombie. On doit parcourir une ville à la recherche de ressources (essences, vivres, argents) pour faire survivre le groupe le plus longtemps possible. On recrute d’autres survivants et on les fait monter de niveaux.

Dans le groupe de départ nous avons un scientifique, un ouvrier, un policier et….un fille juste une fille…. pas un métier ou quoi que ce soit juste une fille..

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« Un scientifique, un ouvrier, un flic et un fille. Quatre survivants différents doivent travailler ensemble et trouver un moyen de survivre. »

Non, pas juste une fille, si on prend en compte la (petite) description du personnage, elle est blonde.

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Et le policier, il a quoi comme description?

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« Un officier de police du commisariat local. Bien entrainé aux armes à feu et au corps-à-corps »

On en conclura ce qu’on en voudra.

Une dernière chose, les précédents jeux Infectonator avaient l’habitude d’afficher les scores du joueurs avec une journaliste à la poitrine bien mise en valeur.

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Et pour la transaction de 10€ dans le jeu, vous obtiendriez des costumes supplémentaires à mettre sur la journaliste (c’est pas une blague).

Édité par Mar_Lard

Jeux de combat et complaisance journalistique

Le 15 avril 2014, Bandai Namco a publié une vidéo du prochain Soul Calibur, nous présentant le personnage de Taki :

Bien entendu, l’hypersexualisation des personnages féminins dans les jeux de combats, aux poitrines totalement improbables et aux corps infiniment souples, capables de se contorsionner de façon irréaliste est régulièrement dénoncée, notamment sur ce site, ainsi il ne s’agit pas uniquement dans cet article de répéter ce qui a déjà été dit.

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Ce qui m’intéresse à partir de maintenant sont les réactions des (gros) sites de jeux vidéo généralistes français. Au moment où j’écris cet article (2 jours après la sortie de la vidéo), j’ai exploré les sites suivants :
jeuxvideo.com
jeuxvideo.fr
Gameblog
jeuxactu.com
Le journal du gamer
Seuls jeuxvideo.com, Gameblog et jeuxactu.com ont actuellement publié une news concernant la vidéo en question, et les réactions sont toutes très similaires. Les autres n’ont pas (encore) parlé de la vidéo.
Ainsi, jeuxvideo.com nous renomme la vidéo avec un petit jeu de mot « Taki plus en formes que jamais » et commente « C’est au tour de Taki de mettre en avant ses gros atouts dans le prochain SoulCalibur free-to-play. »
Plus sobrement, Gameblog conclut sa news par « Qu’à cela ne tienne, on vous laisse profiter de la démonstration de force de Taki car elle a des arguments de poids. »
Quant à jeuxactu.com, le style est plus franc « Taki dévoile ses gros atouts en image et en vidéo ».
Sur les trois sites (qui sont parmi les plus fréquentés sur ce sujet, rappelons-le) qui ont parlé de la vidéo, les trois se sentent obligés de commenter avec humour la poitrine de la combattante. Aucun ne se sent obligé de dénoncer ce genre d’hyper-sexualisation, ou alors d’avoir au moins la décence de ne pas en rire avec complaisance.

En bonus et pour conclure cet article je vais passer en revue deux arguments qu’on a pu me tenir lors de discussions animées ou que je j’ai pu lire parfois, censés nous expliquer pourquoi les jeux de combats présentent de tels stéréotypes. Ainsi, ces arguments ne cherchent généralement pas à nier, mais plutôt à justifier la chose, ou en diminuer la gravité, ou alors se déresponsabiliser. Je vais donc les commenter l’un après l’autre. Je précise également que c’est ma vision personnelle de la chose, et l’on peut certainement me compléter.

– « Certes, les femmes des jeux de combats sont sur-sexualisées, mais tu oublies que les hommes subissent le même traitement : gros muscles, etc… ! » Certes, mais ce n’est pas équivalent : les femmes des jeux de combats sont clairement modélisées pour le regard masculin. Cependant, les personnages masculins ne sont pas destinés au public féminin. Les grognements et muscles bien virils sont également destinés aux hommes, censés vouloir incarner un personnage qui répond à des critères de masculinité idéale.

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– « Certes, les femmes des jeux de combats sont sur-sexualisées, mais tu oublies qu’en même temps c’est des femmes fortes, autant que les hommes qu’elles affrontent ! » Ma première réaction quand j’entends ce genre d’argument : « Encore heureux, étant donné que la base d’un bon jeu de combat est l’équilibre ! » Ma seconde est que le fait que les femmes présentées soient fortes n’efface pas le sexisme dans leur représentation. Une femme ne peut-elle pas être forte sans pour autant avoir des caractéristiques sexuelles aussi exacerbées ? Les deux choses sont-elles fatalement indissociable ? De plus, je ne joue pas beaucoup aux jeux de combats, mais j’ai pu remarquer que le style de combat des personnages féminins est souvent très sexué lui-aussi, avec une forme d’érotisation du combat : souplesse, déformations corporelles excessives…. La technique de « je t’enlace les jambes autour de la tête » semble également faire partie de leurs techniques ancestrales. D’une manière générale, alors qu’un homme utilisera ses poings, sa force brute, une femme  aura plus tendance à utiliser son corps directement, allant pleinement au contact de l’adversaire.

Quoi qu’il en soit, la représentation des femmes dans ces jeux me paraît très problématique, et quand je vois les derniers jeux de combats qui sortent, je n’ai pas l’impression qu’il y ait la moindre amélioration de ce côté-là, comme si le jeu de combat pouvait indéfiniment échapper aux critiques, de plus en plus nombreuses et construites, de la représentation sexiste des femmes, là où d’autres jeux commencent éventuellement à faire des efforts.

Nathaniel
Édité par Mar_Lard

Quiet, la snipeuse en lingerie

Comme il est souvent rappelé dans les remarques sur les problématiques inhérentes aux milieux qu’on aime : ce n’est pas parce qu’on apprécie beaucoup quelque chose qu’il faut ne faut pas avoir un regard critique pour autant. En l’occurrence, Hideo Kojima est largement (et à raison) reconnu comme un génie grâce à sa série des Metal Gear (jeux d’infiltration). Pourtant, comme vous l’avez peut-être suivi « en live » durant l’été 2013, la révélation de Quiet, un des personnage du prochain Metal Gear Solid a créé une grosse surprise chez les joueurs et la réaction de Kojima est tristement révélatrice du problème.

Tout commence avec le trailer de Metal Gear V diffusé à l’E3 2013 et la première apparition de Quiet, « une snipeuse privée de ses mots » (3:55) :

Sur son compte Twitter anglophone, Kojima déclare que le but initial était d’inciter à faire du cosplay et de vendre beaucoup de figurines. Il explique avoir demandé un design plus « érotique » (sic), au point d’être potentiellement difficile à cosplayer. Et enfin de donner un aperçu via une capture d’écran… euh… ciblée.

En plus de sembler dire que seuls les persos féminins sexualisés sont dignes de cosplay, Kojima pratique cet amalgame encore étrangement répandu (malgré les chiffres) qui voudrait que les joueurs soient tous des adolescents masculins hétéros obnubilés par le sexe, à qui il faudrait forcément vendre des femmes dénudées. Pour lui, cela semble visiblement irréaliste que des fans achètent les figurines d’un personnage féminin pour d’autres raisons que sa petite culotte.

Voici des concept-arts de Quiet :

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Et voici son modèle final :
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Comme on le devine à ses accessoires (armes, ceinture, rangers…), Quiet est une militaire de terrain – qui opère dans le désert si on en croit la bande-annonce. Dès lors, beaucoup de critiques et d’agacements se sont exprimés quant à la sexualisation ridicule de sa tenue : des sous-vêtements sexys en guise de treillis…Ça ne fait pas grand sens et ne témoigne d’aucune créativité (si les artistes souhaitent faire original plutôt que réaliste, pourquoi-pas, mais le perso féminin hyper-sexualisé sans raison ça n’est pas DU TOUT novateur).

Outre les fans, d’autres créateurs réagissent à propos de ce design – ici David Ellis, designer sur la série Halo :

Deux jours plus tard, Kojima s’exprime une nouvelle fois via Twitter pour remettre les choses à plat.

Il explique qu’il a créé Quiet comme une antithèse des personnages féminins sursexualisés des jeux de combat, tout en rappelant ce que son surnom et le trailer suggéraient déjà : elle ne parle pas. Wouahou, en effet un personnage féminin hyper-sexualisé mais qui ne dit rien, ré-vo-lu-tio-nnai-re.

Il ajoute même que lorsque les joueurs connaîtront les raisons de sa tenue, il seront « honteux de leurs propos », rien que ça. (Autant dire qu’à ce moment-là, l’explication avait intérêt à être béton, mais on y arrive…).

Kojima explique également que parmi les thèmes centraux de MGSV se trouvent la haine, les incompréhensions, les préjugés et les conflits causés par les différences de culture, de race ou de préférences (ce qui en soi peut être une excellente base de thèmes, en particulier entre les mains d’un créateur aussi talentueux)… et rajoute que les réactions suivant la révélation de Quiet correspondent exactement à cela. En d’autres termes, ceux qui critiquent le design de Quiet cèdent à des préjugés haineux car ils ne comprennent pas la vision élaborée des créateurs ?

En parallèle Kojima explique (via Polygon) également qu’il a peut être mal choisi le mot en disant « érotique », et que Quiet est un personnage unique à qui il a voulu rajouter un peu de sexiness (encore une fois, c’est tellement « unique » un personnage féminin sexualisé…). « Les dialogues sont limités dans Metal Gear Solid V, et pour cette raison nous voulons vraiment montrer les caractéristiques de chaque personnage. » Et de rajouter que la caractéristique « sexy » pourrait très bien s’appliquer à des hommes, armes ou véhicules (sic) ; pas de chance hein, il se trouve que ça tombe encore sur un personnage féminin !
On découvre également dans cet article que Stephanie Joosten, l’actrice utilisée comme modèle pour Quiet, indique également avoir été surprise de prime abord, mais que Kojima a de bonnes raisons de l’affubler d’une telle tenue.

Évidemment, cette explication est un peu légère et comme le relève très bien le site Digital Trends, Kojima passe complètement à côté du problème en pensant que c’était juste un mauvais choix de mots, en ne comprenant pas ce qui gêne la communauté avec une capture des fesses du personnage et en se défendant de façon aussi arrogante.
Non, le problème n’est pas le mot « érotique » et le remplacer par « sexy » n’arrange rien, parce que le souci est le manque total d’originalité d’un tel design, vu et revu au sein même de la série Metal Gear Solid (Sniper Wolf, Eva, Fortune, les Beauties…) sous prétexte de choix scénaristiques; et ce, quelques jours après avoir été pourtant décrit comme un choix fait pour vendre et inciter au cosplay.

Sur la toile, les spéculations circulent, en particulier celle comme quoi des scènes de tortures (voire de violences sexuelles) seraient la raison de cette tenue. En effet, dans les premières secondes du trailer de l’E3 2013, on voit Quiet (le visage masqué) en train d’être torturée. On notera au passage que si les collants règlementaires des femmes militaires ne supportent pas la proximité d’un courant électrique, en revanche la peau exposée directement à ce courant s’en remet extrêmement bien !

Ces suppositions sont confirmées début 2014 avec le classement ESRB de MGSV qui indique qu’en plus du sang et de la violence, le jeu contiendra de la violence sexuelle. La production du jeu indique que les éléments propulsant ce jeu en catégorie 18+ sont plus suggérés que montrés. L’ESRB, l’autorité chargée d’assigner des catégories informatives au jeu en fonction de son contenu, confirme et explique qu’un fichier audio du jeu dépeint une femme subissant une agression sexuelle par des hommes et que, si aucune image n’est montrée, des bruits de cris et de lutte seront entendus (Source).

L’excuse de l’agression sexuelle, en plus de la torture déjà aperçue, semble bien confirmée (même si, rappelons-le, il n’y a pas de certitude sur le fait que cette scène concerne Quiet, c’est juste très vraisemblable). De quoi nous faire avoir « honte de [nos] mots » ? Rien n’est moins sûr, un tel poncif est d’une banalité sans nom et l’élément narratif de la femme caractérisée par son agression sexuelle a été utilisé ad nauseam (comme l’expose très bien Anita Sarkeesian). Quand il s’agit carrément d’utiliser le viol pour justifier un chara-design ultra-sexualisé dans le but de vendre, ça devient franchement répugnant…D’autant plus que ça ne tient pas : la lingerie sexy ne fait pas vraiment partie de l’uniforme standard de la militaire en mission.

Ainsi, pour résumer cet épisode, un grand créateur créateur de jeux (souvent considéré comme un génie) révèle un modèle de personnage féminin hyper-sexualisé en donnant des raisons douteuses (cosplay et vente de produit dérivé), répond avec arrogance à l’énorme bad buzz suscité, prétexte une bonne raison pour cette sexualisation (qu’il qualifie au passage « d’unique »)… et finalement on découvre que la « bonne raison » semble bien être le cliché vu, vu, vu et revu.

[Ajout par Mar_Lard :]

Pour les figurines, ça n’a pas traîné :

Édité par Mar_Lard

Mago spé poupée gonflable

Le jeu de rôle est un milieu bien particulier, surtout lorsqu’il se joue sur table, sur papier, avec les gens physiquement présents. En 2010 j’étais encore débutante en JdR : quelques parties déjantées avec des potes en école d’ingé, une « campagne 1 » de Donjons et Dragons… Pas de quoi revendiquer un CV touffu de joueuse mais assez de parties pour découvrir que le JdR est loin de l’image qu’on s’en fait : pas un milieu de weirdos excentriques, plutôt le contraire même.

A peine sortie de l’école, sortant avec un copain rôliste depuis des années déjà, je rejoins tout naturellement « sa table. 2 » Là, le Maître du Jeu, B., un homme entre 40 et 50 ans, maîtrise du L5R, un jeu médiéval fantastique dans un univers japonisant. J’ai hâte de pouvoir jouer dans une campagne, dans un univers original et fouillé, où le « jeu de rôle » est bien plus important que dans Donj’ qui a trop souvent tendance à être un PPMT. 3

Fait important et qui signe mon arrêt de mort : je décide pour la première fois depuis que je joue aux jeux de rôle d’incarner une femme histoire de casser mes habitudes. J’opte pour une shugenja, ce qui dans L5R est en gros une magicienne/prêtresse.

La création de personnage

D’abord le MJ propose de me laisser faire ma fiche toute seule ou de lui laisser faire le perso car « il a une idée de personnage qui pourrait coller. » Peu au fait de la création de perso de L5R et sachant par mon copain que le MJ a quelques « règles maison » sous le coude, je lui fais confiance pour me faire mon personnage. Il me demande si ça me va un personnage avec un « sombre secret. 4 » Je dis oui, il me propose qu’elle soit heimin 5 au passé trouble. J’approuve avec joie, yay un personnage torturé, gogogo !

Il m’envoie ma fiche, quelques jours avant la partie. Avec un historique de 4 pages, dont le message laisse transpirer qu’il n’est pas peu fier.

Car oui, j’ai quatre pages, rien que pour raconter la vie de mon personnage. Une fille de prostituée. Qui a vécu sa jeunesse au lupanar. Qui a volé les affaires d’une jeune fille noble pour se faire passer pour elle. Qui est « beauté du diable » ce qui dans le bouquin de règles veut dire « belle », mais, et je ne l’apprendrai que 3 mois plus tard, pour B veut dire « sexy à violer ». Oué carrément.

Ce que j'imaginais

Ce que j’imaginais

Ce que j'ai eu

Ce que j’ai eu

Bon okay passons sur le mauvais goût, me dis-je. Je me dis que ça va, après tout, je vais jouer une fille indépendante, débrouillarde, qui est prête à tout pour ne pas retourner d’où elle vient : exactement ce que je veux, aux chiottes les stéréotypes après tout, non ?

1er scénario : centré sur le passage du gempukku de mon personnage 6 lors d’un tournoi. Suite à différents événements, mon personnage se trouve séparé du reste du groupe (donc les autres joueurs quittent la table pendant ce temps) et est kidnappé. Mon personnage se réveille : elle est attachée, deux PNJ 7 baraqués dans la salle. Je décide d’user des charmes de mon personnage pour attirer les PNJ plus près, puis, ayant au préalable réussi mon jet pour me délier les mains, les assommer.

Là premier passage bizarre : au lieu de faire une scène d’action comme on en verrait dans les films, et comme je m’y attendais, B me demande, les yeux dans les yeux, si ça me dérange de jouer la scène.

Naïvement, je dis pas de problème. S’ensuit alors un moment creepy où il décrit les PNJ avec leurs pattes velues et leurs yeux libidineux et mon personnage « à leur merci et qui leur fait du gringue. » Je suis seule, moi joueuse, dans le salon, la main serrée sur une poignée de dés 10, la quantité que j’avais calculée, la quantité nécessaire pour foutre un pain à ces PNJ. Je pensais les jeter de suite, mais on dirait que le MJ pense qu’il est nécessaire que je fasse jouer la scène à mon personnage.

Et ça finit par se terminer. Après cet instant bizarre, qui me laisse un peu incertaine, je peux jeter mes dés, après avoir insisté « là maintenant, mon personnage agit, oui maintenant ! » Encore aujourd’hui, je ne sais pas combien de temps B aurait continué à raconter ce qui paraissait être son petit film de boules perso.

Je me dis que je me fais des idées. Et le scénario continue. Le tournoi commence ! Et le MJ, jubilant, annonce que la première épreuve ce sera de la lutte. Dans une fosse. Dans la boue. Avec un PNJ féminin.

Qu’à cela ne tienne. Je le fait, un peu interloquée, mais je le joue de bon cœur : mon perso est censé faire partie d’un clan très axé combat et pragmatisme ! Puis il y a une épreuve de course d’obstacle. « C’est plus pratique de le faire en sous-vêtements, avec une sorte de bandeau pour la poitrine et un slip… » que me dit le MJ, en pleine poker-face qui dissimule si peu son ton à nouveau jubilatoire.

Ce premier scénario passe. Après avoir expliqué à mon copain ce moment weird, il me dit que oui, B est « bizarre » et a « son caractère » (il s’énervait parfois de manière complètement incongrue, tout seul.) Mais il me dit « si ça te dérange, il faut que tu le dises, je peux lui transmettre si tu veux. » Il avait raison, mais moi, naïvement, je ferme ma gueule : je ne voulais pas pourrir l’ambiance de la table, « c’est que le premier scénario », « non mais d’un autre côté mon personnage je lui ai fait jouer la carte de la séduction, c’est ma faute ». Toutes les excuses sont bonnes.

2ème scénario : Nos personnages sont capturés par des « gaijin 8 », le mien est amené dans une tente à part, visiblement pour être vendue dans un harem. Un PNJ « teste » mon personnage pour vérifier sa virginité et cerise sur le gâteau au WTF, le MJ déclare : « Elle n’est pas vierge. »

J’ai demandé alors à mon copain le soir même de dire à B d’y mettre la pédale douce. J’ai alors l’impression que ça se calme.

L’ambiance demeure cependant très sexualisée dans les scénarii, PNJ sexistes, exagération jusqu’à l’absurde des stéréotypes pour les clans.

Pour l’anecdote, le clan de la Grue est un clan pacifiste et social, au moins en apparence. Raffinement, pacifisme, jeux de cours ? Visiblement pour lui ça devait être suffisamment un truc « de tapette » pour que tout ce qui y touche devienne un remake de la cage aux folles. Donc dans le L5R de B, c’est devenu un clan plus semblable au couvent des sœurs de la perpétuelle indulgence : hommes et femmes, fardés et le visage blanchi, maniérés, coiffures et vêtements exagérément peu pratiques et quasiment comme dans un cirque. Sauf que les sœurs le font pour la théâtralisation, pour B c’était « dans le BG. »

Voilà un membre du clan de la Grue. On est quand même loin de l'imagerie théâtralisée ultra-fardée utilisée pour se moquer des transsexuels.

Voilà un membre du clan de la Grue. On est quand même loin de l’imagerie théâtralisée ultra-fardée utilisée par les sœurs pour questionner les normes sociales.

5 ou 6ème scénario : La diplomate du clan du scorpion dit que « il paraît que vous êtes une experte en lutte… » Pardon ? S’ensuit une sorte de tournoi improvisé. Ah tiens c’est fou, ils avaient une arène de lutte pile poil c’est fou la magie du scénario. Et, oh !, avec de la boue (again ?). Mon personnage lutte contre cette diplomate. Pour « déstabiliser mon personnage » (sic), B a la technique ultime : son PNJ, en pleine manœuvre de lutte, embrasse le mien à pleine bouche.

Les yeux exorbités en lui demandant comment « physiquement » c’était possible sans qu’elle me fasse un coup de boule, il me répond « oh non mais sinon je jette les dés hein. » Et il le fait, il jette une poignée entière de dés parce que, oui, il avait fait un PNJ diplomate super bourrin. En lutte. Pourquoi ? Pour aucune raison valable puisque cette foutue diplomate ne réapparaît pas du scénario.

Le lendemain dimanche, le scénario continue. On s’infiltre dans une ville du clan de la Grue (insérer moult situations et blagues d’un goût douteux sur les travestis, les homosexuels et les transsexuels.) On décide que je serais alors la fausse dignitaire du clan de la grue, les autres mes serviteurs. Tout se passe comme sur des roulettes… Jusqu’à ce que l’on arrive à l’ambassade de la Grue où un PNJ nous interpelle.

En fait c’était un garde de l’ambassade qui s’est mépris sur mon identité, me « confondant avec un vrai ambassadeur » connu dans le coin. Nous sommes accueillis en grande pompe (cool !), invités à nous reposer, mon personnage est escorté dans une chambre individuelle (cool !) où deux servantes font irruption pour me demander si tout se passe bien (cool ?) puis m’apportent un coffre (euh… cool ?). Que j’ouvre. Qui est blindé de matériel de bondage. (wtf ?)

Silence autour de la table, puis le joueur-qui-triche [^9] fait « Sérieux ? » mi-hilare, mi-gêné. « Oui » que dit B, « à l’époque la sexualité, blablabla, et le clan de la Grue blablou, d’ailleurs dans le supplément numéro Machin des secrets du clan Truc y a marqué que bliblibli… »

Dans la semaine, mon copain, que je ne remercierai jamais assez de m’avoir soutenue et m’avoir aidé à faire passer le message, dit à B qu’il faut qu’il arrête, sérieusement, car ça me gène et que si c’est à nouveau comme ça, je tue mon personnage en séance et je joue un mec.

Le MJ lui répond alors que okay, « il avait pas réalisé que ça me gênait. » Le pire c’est que je pense, je crois, qu’il n’en avait effectivement pas conscience.

Nous en étions alors à en gros 6 mois de campagne.

Si ce genre de trucs vraiment chiants et graves ne s’est plus reproduit, il faudra compter encore un an de campagne durant lesquelles les petites piques vexatoires se succèdent. Une fois c’est un garde qui fait des propositions graveleuses à mon personnage, alors magistrate, qui refuse de la croire quand elle lui donne son rang. Une autre fois c’est un PNJ gradé qui lance des œillades répétées et insistantes à mon personnage. Une fois c’est un dîner avec un concours de haiku, l’un d’eux comparant mon personnage à une catin. A chaque fois il y a une « bonne excuse », il fait nuit et le garde est bourré/inculte, le PNJ gradé est tombé amoureux/est un salaud provocateur, le PNJ et son haiku attaque de cette manière notre délégation c’est juste symbolique. Et très, trop, souvent : « c’est rigolo », « c’est de l’humour », « c’est pour rigoler », « bah, ça va pas ? ».

Alors un jour, après un scénario assez long où il y avait eu essentiellement des combats, et où franchement je m’étais fait chier, j’ai dit à B que j’arrêtais de jouer. « Désolée. » « Voilà. »

Je n’ai pas plus expliqué que ça et ça en est resté là. Mon copain a incidemment arrêté aussi à cette table et depuis nous jouons tranquille à cette table bis, avec des amis not-creepy, j’ai masterisé des jeux… J’ai dépassé cette sale expérience donc.

Car j’aurais pu en sortir dégoûtée, et parfois j’imagine ce qu’aurait fait à ma place la femme que j’avais rencontrée à la table de Donj’. Je l’imagine et je sais très bien ce que cela aurait donné : les premières parties, abasourdie, puis une partie elle aurait eu mal au ventre, l’autre mal à la tête, et, bon, de fil en aiguille elle ne serait pas revenue, désolée, je fais des pilates/du body combat y avait que le weekend, trop dommage, et en fait elle n’aurait plus jamais joué aux jeux de rôle.

Beaucoup de choses sont dérangeantes dans cette histoire, finalement. Le fait que j’ai encaissé si longtemps. Le fait que le MJ était suffisamment à l’ouest pour ne pas comprendre qu’infliger ses fantasmes à la table et à mon personnage et donc à moi c’est dégoûtant, anormal. Le fait que le-joueur-qui-triche, pourtant étudiant en psycho, ne remarquait rien, s’en battait les couilles. Le fait qu’au final l’ambiance était pourrie bien avant que je n’arrête, et pour de toutes autres raisons (dégradation de la qualité des scénarii, trop de monde à la table), mais que j’ai quand même eu plus peur pour l’ambiance que pour mon plaisir de jeu. Ce qui est dérangeant c’est que tout ça se soit passé dans notre salon, avec parfois mon copain assis à côté de moi, grimaçant pendant que B délirait à plein tube sur l’unique personnage féminin de la table : le mien.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet du fantasme masculin prêt-à-incarner quand on joue aux JDR. Au fur et à mesure que le jeu de rôle perd son image de milieu de barbus inadaptés, de plus en plus de femmes s’y insèrent… Mais les stéréotypes, parce qu’ils sont plus faciles à jouer, sont encore trop pléthoriques pour que disparaissent ces creepy-guys et creepy-moments dans l’immédiat. Hélas.

Édité par Alda


  1. On parle de campagne lorsque plusieurs parties se suivent, menant les personnages le long d’une intrigue poussée et se prolongeant sur plusieurs semaines, mois, voire années. 
  2. On dit « rejoindre une table » lorsque l’on s’incruste ou que l’on est invité dans un groupe déjà formé de joueurs avec un ou plusieurs maîtres du jeu 
  3. Porte Piège Monstre Trésor, se dit des jeux où on roule beaucoup de dés, on suit de longs couloirs et où le schéma narratif est relativement linéaire 
  4. C’est un des désavantages qu’on peut appliquer à son personnage à la création et qui peut faire gagner plein d’autres points pour monter des compétences 
  5. Non noble, sachant que tous les personnages de L5R sont en principe d’extraction noble 
  6. Cérémonie de passage au statut de samurai 
  7. Personnage non joueur, donc joué par le MJ 
  8. Oui à cette période, la sexualisation des scénarii était pas forcément le seul problème de la table du coup parfois, les déboires de mon personnage me passaient à trente kilomètres au-dessus du carafon 

Les babes font fuir le public

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Article de Spencer Chen sur TechCrunch.

Les « booth babes » sont de belles jeunes femmes court vêtues employées par certaines entreprises pour « décorer » leur stand lors de conventions, dans l’espoir d’attirer le chaland (forcément masculin, hétérosexuel & dépourvu de tout esprit critique à la vue d’un décolleté). Une pratique peu glorieuse des milieux tech & jeu vidéo, mais que certains défendent sous prétexte de « marketing ciblé » ; puisqu’on considère que seuls des hommes hétéros vont aux conventions, autant tout saupoudrer de jolies filles pour leur plaire (et tant pis si c’est sexiste et ostracisant pour les autres publics).

Sauf que…les booth babes semblent totalement inefficaces pour attirer le public. En réalité, elles seraient même contre-productives.

Pour vérifier ce qu’il soupçonnait déjà au vu des mauvaises performances globales des stands à booth babes, Spencer Chen a mené des expériences comparatives: deux stands au sein d’une même convention, l’un animé par des babes, l’autre par des personnes recrutées pour leur connaissance du milieu. Les résultats sont accablants : les stands à booth babes attirent trois fois moins de public et récoltent moitié moins d’opportunités de réseau (cartes de visites, formulaires d’information, etc).

Pourquoi ?

Parce que, de leur propre aveu, les babes ont plutôt tendance à intimider les visiteurs.

Parce qu’elles sont recrutées d’abord sur leur sex-appeal, plutôt que sur leur connaissance du produit ou leur capacité à convaincre le public.

Parce qu’employer des babes ne renvoie pas une image de professionnalisme, mais plutôt de cache-misère; que peut on attendre d’une compagnie qui emploie des hôtesses dénudées en guise d’arguments de vente ? Les professionnel-le-s qui cherchent à nouer des contacts dans ces salons ne s’y trompent pas.

Parce que les professionnels de bas étage effectivement attirés par les babes s’intéressent plutôt à leur plastique qu’au produit, et ne représentent pas des opportunités intéressantes…

Alors, chères compagnies qui s’obstinent à décorer leurs stands de babes alors même que ces pratiques sexistes sont dénoncées partout, on peut arrêter de se cacher derrière le marketing ciblé maintenant ?

Des seins pour la recherche

Je me suis souvenue d’une anecdote de lycée : certaines classes, dont la nôtre, avaient été invitées à un salon où des chercheurs présentaient leurs travaux en cours. Les classes sélectionnées étaient celles de section scientifique comportant le plus de filles, dans une idée de les encourager à poursuivre dans ces voies où elles restaient pour l’instant minoritaires (en l’occurrence, notre classe devait être constituée de 3/4 de filles).

Entre autres, un informaticien présentait un programme qu’il mettait au point, qui faisait qu’en passant la souris sur une image on se heurtait à plus ou moins de résistance, ce qui donnait une impression de toucher. Il nous avait expliqué rapidement le principe et nous avait fait tester sur différentes images, des tissus, un paysage, un labyrinthe, des choses comme ça. Et puis il avait ouvert la photo d’une actrice (je ne saurais plus dire laquelle, j’avais juste noté qu’elle avait de la poitrine) avec un décolleté, dans une pose aguicheuse, et avait dit « qui veut toucher [actrice] ? »

Ça me frappe aujourd’hui de voir que ça ne m’avait pas choqué à l’époque. Ma réaction avait plutôt été de lever les yeux au ciel en me disant « ah, les informaticiens, tous les mêmes ». Sauf que j’ai pu constater depuis que non, les informaticiens ne sont pas « tous les mêmes », et que c’était surtout un type qui n’était peut-être pas obligé de faire part de ses fantasmes à un groupe d’adolescentes.

Des bimbos pour booster les ventes

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Pour bien vendre le dernier numéro de février 2014 de « Video Gamer », quoi de mieux qu’une tripotée de « bimbos » ? Viens, toi, le lecteur sans jugement critique, viens te prendre plein de nichons (bien gros et rebondis) dans la figure !

Bien sûr, on aurait pu avoir des posters d' »aventurières », d' »héroïnes », de « femmes d’exception du jeu vidéo ». Non ! Nous avons droit au magnifique terme de « bimbos ».
Alors, qu’est-ce qu’une bimbo ?
Wiki nous dit : « Jeune femme superficielle qui prend exagérément soin de son apparence et sait jouer de ses charmes ; une ravissante idiote, une gourde sexy. »
Donc exit le cerveau, le jugement, l’esprit critique, la personnalité.
Les femmes dans le jeu vidéo, c’est des bimbos, peut importe leur rôle.
C’est bien dommage, car sur le poster, on peut apercevoir, entre autres, quelques phénomènes :
– Lara Croft, de Tomb Raider (non, ce n’est plus une aventurière, c’est une jeune femme superficielle) ;
– Nilin, de Remember Me (non, ce n’est plus une battante, c’est une ravissante idiote) ;
– Faith, de Miror’s Edge (pareil, il ne s’agit plus d’une femme aux capacités incroyables, dotée d’un caractère bien trempé, non, simplement d’une potiche).
– Elizabeth, de Bioshock Infinite (Une jeune femme intelligente, combattive et mystérieuse ? Non, une bimbo…)
etc.

Je ne considère pas que cela soit trop de s’énerver sur une telle couverture, quand on connait l’importance des goodies pour faire vendre un magazine.
Non.
Tous ces personnages détruits par UN SEUL MOT, c’est vraiment exaspérant. Résumer toute une variété de personnages par la simple qualification de BIMBOS, c’est terriblement sexiste, réducteur et méprisant.

« Viens lecteur, on t’offre du kiff sexuel, viens t’exciter sur des meufs trop bonnes, des vraies bimbos ! Oublie que ce sont aussi des personnages jouables, aux caractères complexes et particuliers, ne les prends que ce pour quoi elles ont été mises dans ce poster : le kiff de la bimbo ».

Merci les mecs.
Le pire, c’est que je les trouve vraiment beaux, ces deux posters. Ils me font envie. Parce que ces femmes sont belles, mais aussi parce que ce sont des personnages auxquels j’ai joué, que j’ai incarnés. Mais ce terme de « bimbo » détruit tout, car il est terriblement racoleur et salissant.

Je ne vois pas pourquoi on a préféré le mot « bimbo » à « aventurière », « héroïne » ou même « femmes », tout simplement.

Encore une fois, 52 % des joueurs sont des femmes… Et si on arrêtait de les prendre toutes pour des morceaux de viande faites pour appâter le mâle à manettes ?

Édité par Mar_Lard