Je me suis souvenue d’une anecdote de lycée : certaines classes, dont la nôtre, avaient été invitées à un salon où des chercheurs présentaient leurs travaux en cours. Les classes sélectionnées étaient celles de section scientifique comportant le plus de filles, dans une idée de les encourager à poursuivre dans ces voies où elles restaient pour l’instant minoritaires (en l’occurrence, notre classe devait être constituée de 3/4 de filles).
Entre autres, un informaticien présentait un programme qu’il mettait au point, qui faisait qu’en passant la souris sur une image on se heurtait à plus ou moins de résistance, ce qui donnait une impression de toucher. Il nous avait expliqué rapidement le principe et nous avait fait tester sur différentes images, des tissus, un paysage, un labyrinthe, des choses comme ça. Et puis il avait ouvert la photo d’une actrice (je ne saurais plus dire laquelle, j’avais juste noté qu’elle avait de la poitrine) avec un décolleté, dans une pose aguicheuse, et avait dit « qui veut toucher [actrice] ? »
Ça me frappe aujourd’hui de voir que ça ne m’avait pas choqué à l’époque. Ma réaction avait plutôt été de lever les yeux au ciel en me disant « ah, les informaticiens, tous les mêmes ». Sauf que j’ai pu constater depuis que non, les informaticiens ne sont pas « tous les mêmes », et que c’était surtout un type qui n’était peut-être pas obligé de faire part de ses fantasmes à un groupe d’adolescentes.