OGaming TV & l’humour misogyne

Assez régulièrement, la page Facebook d’OGaming TV (une chaîne d’e-sport) publie des statuts pour annoncer les événements à venir et les agrémente d’images humoristiques autour des univers de Starcraft 2, League of Legends ou des memes associés. C’est généralement rigolo, assez original et plutôt inoffensif. Cependant, dans la matinée du 25 juin, le compte a publié une image se vautrant dans le cliché « femme = cuisine » (en faisant référence au joueur Coréen Madlife) :
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Notez la légende qui en remet bien une couche, histoire qu’on comprenne bien que haha la femme va être vénère si on salit la cuisine LOL.

Bien sûr, de nombreuses réactions négatives sont apparues dans les commentaires (comme le montre ce screen, et il y en a d’autres). Seule réponse de la page FB, poster cette vidéo :

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« Pas de quoi s’énerver – Chuuuut pas de larmes, que des rêves – Détends-toi du slip… »

Sans aucun commentaire, montrant un infini mépris contre les fans qui sont fatigués de voir toujours les même clichés lourds et excluants (oui, parce que systématiquement renvoyer les femmes en cuisine fait bien comprendre aux joueuses qu’elles ne sont pas à leur place, en plus d’être vu et revu….) :

De même sur Twitter, les gens réagissent et on obtient enfin une réponse du staff de OGaming TV… Et c’est une réponse de haut niveau qui montre comme la question est prise au sérieux.


Ainsi donc, la première réaction que le staff daigne donner est de surenchérir sur la vanne de « femme = cuisine » en rajoutant « MAKE ME A SAMMICH WOMAN LOL ».


Donc à la rédac OGaming TV, on trouve que renvoyer les femmes en cuisine est une blague « géniale ». Est-il besoin de rappeler que ce genre de clichés ne fait que renforcer les stéréotypes et inégalités existantes, tout en rebalançant à la tronche des joueuses un cliché qu’elles subissent déjà à longueur de temps quand elles ont l’audace de ne pas cacher leur genre ?

Bien sûr, notre ami Zaboutine ne peut pas être misogyne : il adore les femmes !


On n’avait pas vu défense plus moisi depuis Nelson Monfort qui n’est pas misogyne vu qu’il a une femme et des filles.

Il ne manque pas aussi de faire preuve d’humour encore très original, mais bien sûr, ça n’est pas sexiste. Bah non c’est de l’humour !

Et puis ce ne sont pas sont pas les blagues sexistes les responsables :


Non, les blagues de ce genre ont une propriété géniale : elles existent dans un univers parallèle et n’ont donc aucun impact sur la société dans laquelle on vit ! Donc on ressort le coup habituel des « vrais responsables ». Merci donc à Zaboutine, après avoir balancé de nombreuses blagues sexistes, de dire que le vrai combat est ailleurs.

Alors vous allez peut-être vous demander si cette personne est vraiment représentative de OGaming TV, quel est son crédit… Il n’a évidemment pas manqué de faire remarquer cela « Je ne suis pas OGTV ».


Certes, alors c’est très mignon tout ça, mais on va s’attarder un instant sur la bio de ce génie :
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Quatre référence à son activité sur le site, dans une seule bio. Et « Rédacteur en chef », s’il vous plaît, mais ses tweets à propos d’un problème relatif à OGaming TV n’engagent que lui ? On peut très sérieusement en douter.
Petit apparté aussi sur l’excuse « Ouais mais je trolle tout seul ». Il est trop facile de balancer absolument n’importe quelle horreur et de dire « j troll hihi xd ». S’affubler du qualificatif de troll n’annule pas magiquement la portée de ce que l’on dit ; un troll, cela va être quelqu’un qui va chercher la polémique. On peut revendiquer en être un, mais faut assumer les conséquences de ses propos, et pas espérer qu’en disant « Wouhola hop hop ! Pouce ! Troll ! », ça devient soudainement OK. Quand on défend une image sexiste en balançant des clichés sur les « sandwichs », en crachant sur les michantes féminisssss et qu’on ignore totalement la critique, faut pas s’étonner de s’en prendre dans les chicots.

Et bien sûr, Zaboutine ne manque pas non plus de se réfugier derrière le « second degré ».


De même que « Troll », second degré n’est pas une carte magique. Dire une saleté en prétendant qu’on ne le pense pas mais en énonçant EXACTEMENT la même chose que si c’était sérieux, ça n’est pas du second degré ; le second degré implique de mettre une distance évidente vis-à-vis du propos en étant critique de celui-ci. Quand Zaboutine traite les féministes de Femen ou qu’il dit « lol j’aurais du mettre un sandwich XD », ça n’est pas du second degré, son propos ne critique pas ces clichés, il les valide totalement et en joue.
Sur ce lien, un passage de Crossed où Karim Debbache explique très bien comment le second degré est une excuse à la médiocrité.

Dans la soirée, on aurait pu croire à un début de prise de conscience côté OGaming TV puisque des « excuses » ont été postées :


Mais le compte n’a posté AUCUNE excuse de façon publique, elles ont juste été discrètement adressée en messages destinés à certaines des personnes les ayant critiqué. En outre, ce sont des excuses très discutables puisque le CM d’OGaming TV, plutôt que de reconnaître une erreur et une attitude sexiste de leur part (ce qui pourrait être l’occasion de signifier que des efforts seront faits, etc…) a juste fourni une excuse hors-sujet (« c’est un homme sur la photo » en parlant du joueur Madlife ou du personnage Tresh, on imagine), nié le caractère sexiste de la vanne, a mis en avant une intention et surtout mentionné « ceux que ça a pu blesser ».
Le problème n’est pas du côté de l’image sexiste, il est du côté des gens qui ont été blessés. Notez bien la différence subtile.

A noter que le tweet ci-dessoous a été envoyé même pas une heure après les fameuses excuses.


Hypocrisie et double discours ? Nooooooooon.

Cela se confirme également au vu des tweets visibles sur le compte personnel du CM d’OGaming TV. En effet, alors que celui-ci postait des simili-excuses sur le compte officiel, son compte personnel lui permettait d’envoyer des piques méprisantes sans la moindre vergogne :

Bien sûr, le CM qui a posté sur le compte officiel que « Ouh la la on veut surtout pas être sexiste » ne manque pas en privé de faire de la provoc’ face aux critiques, et de railler les gens qui tentent d’expliquer le souci et les raisons de leur ire.

Fun fact (si on peut dire…), la veille de ces événement, cet auto-proclamé « Noobest CM ever » (en effet…) se fendait la poire avec ses amis à propos de la poitrine d’une cosplayeuse, avec nombre commentaires de bon goût dans les réponses :


HARR HARR HARR ! Qu’est-ce qu’on se marre entre mecs, hein ? Mais on est pas sexissss, oh non non non.

En résumé

Faisons un petit résumé (vaguement chronologique) des événements. Mercredi matin le compte Facebook d’OGaming TV poste une image sexiste. Des gens s’indignent (bizarre…) et la seule réaction du CM est de poster une vidéo moqueuse qui montre un dédain notoire pour ces remarques. Des réactions sur Twitter. Le rédacteur en chef du site réagit en commençant par une autre blague éminemment sexiste et éculée ; il nie également la validité des critiques et « trolle » (hem) en prétextant n’avoir aucun rapport avec OGaming TV dans l’histoire (on remet l’image de son profil qui fait quatre référence à OGaming TV ? Non, ça va hein ?). Pendant ce temps, le CM responsable de l’image poste des tweets provocateurs et raillant les critiques, très peu de temps avant de poster des excuses insuffisantes et hypocrites (puisqu’envoyées discrètement en message aux critiques et pas en public), et continue son double discours montrant à quel point le sexisme est en réalité traité à la légère.

A noter que c’est vraiment dommage car si la chaîne elle-même est probablement critiquable en terme d’inclusivité, des efforts sont clairement faits à ce niveau-là : l’équipe de casters invite régulièrement des femmes liées à l’univers du e-sport (et qui sont traitée comme des joueuses à part entière et ne subissent pas de vannes reulous sur le sujet), comme on peut le voir pendant la deuxième édition des Nation Wars ; ou des articles sur le site comme celui-ci sur la joueuse Scarlett où sa transidentité n’est évoquée que rapidement pour saluer les réactions très positives de la communauté.
C’est donc d’autant plus regrettable de voir leur community management se vautrer dans l’humour misogyne.

Édité par Mar_Lard

[TW] Blagues sur le viol chez Fantabob et le JdG

C’est malheureusement la seconde fois que je participe à MHFreq, et je dis « malheureusement » parce que je préférerais largement ne pas avoir à soulever de tels problèmes dans les playthrough que je regarde.

Il s’agit encore une fois des playthrough de Bob Lennon et TheFantasio974 sur leur chaine FantaBobGames.
J’avais déjà écrit un billet à ce sujet pour dénoncer le sexisme et l’homophobie utilisés fréquemment dans leurs vidéos en coopération sur Dead Rising ou sur Resident Evil.

Avant toute chose, je tiens à préciser que si je soulève les problèmes de sexisme/racisme/homophobie, etc dans les vidéos de ces podcasteurs, ce n’est pas pour provoquer un bashing de leur chaîne, mais au contraire parce que j’apprécie énormément les playthrough, n’ayant que peu l’occasion de jouer aux jeux vidéo, et aussi parce que je prends plaisir à regarder la chaîne FantaBobGames. Malgré le respect que je porte à leurs animateurs et à leur travail, je suis aussi une femme cisgenre qui vit dans une société promouvant la culture du viol, et qui se retrouve confrontée à des messages issus de cette culture très régulièrement.

Pour rappel, un playthrough désigne une vidéo de jeu dans laquelle le joueur qui s’enregistre anime et commente ses propres actions.

Je suis donc régulièrement le playthrough de Bob Lennon sur Skyrim, et j’ai vécu un moment de malaise lors de sa dernière vidéo en date, au cours de laquelle il a cru bon de faire une blague sur le viol à environ 4 min 50:

Ce type de « blague » n’est d’une part absolument pas drôle, mais peut aussi provoquer un inconfort voire un sentiment d’anxieté chez les personnes qui entendent cette blague. Sachant qu’une femme sur 10 a été ou sera victime de viol au cours de sa vie (estimations trouvées sur ce site), sachant que toute femme a été élevée dans l’idée qu’elle court le risque d’être violée à chaque instant et qu’elle en sera tenue responsable aussitôt, en particulier si elle porte des tenues jugées « indécentes » ou si elle a un comportement jugé « inapproprié » (boire, sortie, bref, avoir une vie), je tiens à rappeler à quel point il est dangereux de tenir un tel discours et douloureux de l’entendre pour de nombreuses personnes (en particulier pour les victimes de viol qui peuvent conserver un trauma concernant leur propre viol).
De plus, la chaîne FantaBobGames est visionnée en grande majorité par des pré-adolescent-e-s, adolescent-e-s et/ou jeunes adultes. Une majorité de son audience est donc dans un âge où elle est influençable par de tels discours (je pense à mon petit frère de 13 ans qui vénère Bob Lennon et qui boit ses paroles à chacune de ses vidéos), il est donc très dangereux de faire ces blagues qui tendent à atténuer la problématique du viol.

De même, le Joueur du Grenier, qui s’était déjà illustré par des blagues homophobes (« on n’est pas des pédés ») a cru bon de faire une blague sur le viol dans sa toute dernière vidéo (13min31):


Là encore, la blague fonctionne sur un mécanisme d’atténuation du viol, qui devient utilisable dans n’importe quel contexte: peiner à réussir un niveau dans « Young Indiana Jones » et subir une pénétration forcée deviennent la même chose. Ce type d’humour me semble extrêmement nocif, à la fois parce qu’il renforce des représentations erronées sur le viol chez le public du Joueur du Grenier, et parce qu’il peut évoquer un malaise chez son audience.

Le but de ce billet n’est pas de censurer le Joueur du Grenier ou Bob Lennon, mais de signaler ces blagues douteuses (bien que « douteux » soit un euphémisme) et rappeler que la culture du viol est présente partout, que même des podcasteurs appréciés et respectés peuvent la perpétuer, et qu’il serait bon d’être vigilants concernant les messages qu’ils peuvent transmettre – par inadvertance ou non.

Edité par Mar_Lard

9gag, entre exclusion et sexisme

9gag est un célèbre site d’images drôles, de memes divers et variés, comics humoristiques, bourrés de références à la culture geek-gaming, etc…
Cependant, y sont relayés parfois certaines images (je désignerai indifféremment BD, meme,… par le mot générique « image ») contenant des idées fausses et sexistes, notamment dès qu’il s’agit d’images ayant pour cible les n00bs ou les non-gamers. J’ai eu l’idée de suivre durant plusieurs jours, environ une semaine, toutes les publications sur 9gag. J’ai pu relever un nombre assez improbable d’images problématiques. Je commencerai donc par parler de quelques images sexistes, puis je finirai l’article par une critique un peu plus générale de l’organisation de 9gag.

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Celle-ci est évidemment très problématique. D’après cette image, les hommes se plaignent de ne pas avoir assez de jeux et les femmes pas assez de vêtements. Non seulement tous les hommes ne jouent pas aux jeux vidéo (alors que le titre est « One of the most accurate pictures I’ve ever seen. », soit « l’une des images les plus pertinentes que j’ai jamais vu« ) mais il sous-entend que les femmes ne jouent pas, et ne font que se soucier de leur apparence. Inutile de rappeler qu’en France, 52% des joueurs sont des femmes et 45% aux Etats-Unis. Ce genre de meme est donc tout simplement dégueulasse et à mille lieux de la réalité. D’ailleurs, se plaindre de ne pas avoir assez de jeux et, en même temps, de fringues n’est pas incompatible, comme le rappelle le premier commentaire (d’une femme) « Why not both ? »(« pourquoi pas les deux ? »). Quelqu’un lui répond « I want to do you both ways»(« je veux te prendre des deux façons »). Sympathique.

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Dans celui-ci, le titre est « Every gamer with girlfriend can relate. » (« tous les gamers avec une copine se reconnaîtront ») Cette image montre un gamer (homme) accompli qui perd en jouant à jeu de combat contre un non-joueur, représenté par une femme. Inutile de détailler davantage : le joueur homme joue avec sa copine qui, elle, ne sait pas jouer et gagne juste en martelant les boutons. A nouveau, des femmes rappellent qu’elles existent aussi. Et s’attirent immédiatement d’aimables remarques :
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Celle-ci m’a personnellement beaucoup amusé, et elle n’est bien sûr pas sexiste en elle-même. Sauf le titre « Pokemons according to my girlfriend» Ça aurait pu être « according to my friends », « to my parents » où n’importe qui d’autre qui ne connaît pas les Pokémon. Mais non, c’est encore sur la fameuse girlfriend que ça tombe. A nouveau, les commentaires féminins sont incendiés de réponses dégoûtantes.
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Dans ce type d’image, on retrouve à nouveau l’homme qui s’y connait en jeux-vidéo/informatique versus sa copine inculte et incompétente. On aurait pu imaginer l’inverse, pour changer. Mais non.

Il est étonnant de constater que même avec ce genre d’image, justement, beaucoup de femmes traînent sur 9gag, commentent, votent, interagissent… Comme quoi, tous ces efforts d’exclusions pour rester entre hommes ne suffisent pas à affaiblir leur passion.

Mais les violences verbales envers les femmes et les images sexistes ne sont pas les seuls problèmes de la communauté de 9gag. Les injonctions comportementales faites aux femmes sont également légions.NS7zV5U

J’ai pu découvrir des images résolument antiféministes.
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On peut également découvrir sur 9gag quelques images vaguement inquiétantes voire violentes gratuitement envers les femmes :

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J’ai gardé la pire image que j’ai pu voir pour la fin, selon moi, qui a également obtenue un certain succès.
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Cette image qui consiste à « analyser » toutes les femmes dans l’espace public et les réduire à une paire de seins et ou fesses est tout simplement répugnante. Elle rappelle que les femmes dans la rue ne sont pas libres : elles n’existent et ne sont autorisées à l’emprunter que pour le regard et la validation des hommes.
Toutes les images citées ne sont pas des images isolées dont personnes n’a tenu compte. Au contraire, elles sont visionnées et notées positivement par le public.

Comme promis, je fini l’article par un petit commentaire un peu plus général sur 9gag. Deux rubriques en particulier retiennent mon attention.

La rubrique « girl », avec en bonus l’usage du mot « fille » plutôt que « femme ». Je m’abstiendrai de débattre du principe d’un catalogue de femmes sexy sur lequel on peut commenter chaque image, car ce genre de chose n’est évidemment pas spécifique à 9gag… Je pense cependant qu’il pourrait au moins exister une rubrique du style « man », pour qu’au moins les femmes et les hommes non hétéros aient une page pour eux…

La rubrique cosplay, quant à elle, ne diffuse principalement que deux types de cosplay : quelques hommes bien badass en armures, et souvent recouverts entièrement, et surtout des cosplay de personnages féminins de la culture geek par des femmes tout aussi sexy que celles de la rubrique « girl ». Je me dois ici de prendre une précaution : le problème n’est pas les cosplayeuses de la rubrique, mais bien le « phénomène » qui fait que le seul type de modèle qu’on y voit sont les blanches, minces, en costume sexy, etc, et la constante validation des hommes, exprimée plus ou moins vulgairement.

En conclusion, je tiens à rappeler qu’un très grand nombre d’image sur 9gag ne sont absolument pas problématique et exclusives. Mais il y a quand même beaucoup de boulot à réaliser, comme par exemple la création de catégories autres que destinées uniquement aux mâles hétéros, ou une modération des commentaires répugnants que subissent les femmes qui tentent de participer. Bien entendu, la communauté doit elle-même changer aussi : arrêter de voter positivement les images sexistes, ne plus les poster, arrêter de harceler les femmes qui commentent, essayer de créer plus de diversité dans les modèles de la rubrique cosplay, etc… Du travail en perspective, mais qui sait, peut-être y arrivera-t-on un jour ?

Nathaniel

Édité par Mar_Lard

L’enfer, c’est les autres

Depuis peu, je me suis mis à Dark Souls 2, qui a fait sa sortie sur PC. C’est une série qui me tient beaucoup à coeur ; sa difficulté, maintenant bien connue, en fait un jeu aussi crispant à la défaite que gratifiant au moment de la victoire, le combat est très technique et varié, l’histoire du monde est toujours très diffuse mais prenante et, surtout, le jeu est particulièrement safe au niveau de la représentation des femmes, surtout si l’on prend en compte que c’est un jeu japonais (qui, avouons-le, ne sont pas encore au point de ce coté). Voici par exemple des tenues pour les persos féminins (en provenance du premier Dark Souls) :

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Pas de décolleté, de “window boob” et autre string de combat, on a là un équipement véritablement adapté et c’est très bien. Le jeu ne posant donc pas vraiment de soucis, le problème se trouve plutôt du coté des joueurs, qui se jettent sur le moindre personnage féminin pour assouvir leur besoin d’humour gras. Avant d’en arriver à Dark Souls 2, faisons d’abord un petit tour d’horizon du premier opus.

Dans Dark Souls, on ne rencontre que deux personnages féminins, l’un étant Queelag, la sorcière du chaos, arborant une tête et un buste de femme (nu, mais ses seins sont couverts par les cheveux de la sorcière) posés sur une araignée enflammée géante. Je ne suis pas encore tombé sur quoi que ce soit de notable la concernant, le sujet d’attention étant surtout le second personnage, l’imposante Gwynevere :

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Comme on peut s’en douter, sa poitrine fait bien sûr l’office de moults plaisanteries et fantasmes dès que l’on trouve un forum l’abordant. Le pire que j’ai pu entendre était lors d’un speedrun, commenté par deux français. Gwynevere donne un objet important pour continuer la quête du jeu, mais en cas de speedrun, la discussion est une perte de temps considérable, certains donc lui tirent une flèche dessus avant que la discussion ne s’engage pour récupérer de suite l’objet, ce qui est, selon l’un des commentateurs, le jeu de “crevez les ballons”.

Prenons une seconde pour apprécier ce trait d’humour.

Ceci fait, on trouve également un peu de transphobie. Cet article  parle de secrets disséminés dans le jeu, et ouvre la voie en présentant un boss optionnel, Gwyndoline, qui, pour la petite histoire, est la soeur de Gwynevere mentionnée plus haut, née homme mais élevée comme une fille par son père. L’auteur, sous couvert d’humour, termine la présentation de ce secret par “So don’t feel too bad about slaying the nice lady. She’s just a dude in disguise..”, qui se traduit donc par “Ne vous en voulez pas trop d’occire la gentille game. C’est juste un mec déguisé…”. En parcourant les commentaires, on aperçoit d’ailleurs quelqu’un pointant le coté offensant de cette “blague”, qui se fait répondre d’un pavé lui expliquant que “le personnage ne la tue pas parce que c’est un travesti”, occultant ainsi totalement le problème posé par la phrase de l’auteur.

Voila déjà pour le premier opus, je vais maintenant aborder le souci du deuxième, qui est l’interaction avec les autres joueurs. Dans la série des Dark Souls, les joueurs jouent en ligne en même temps, ce qui fait qu’il n’est pas rare de voir “son” monde être envahi par un autre joueur. Dans le 2 (tout comme dans le 1), on a également la possibilité de laisser des messages au sol. Ces messages ne peuvent être constitués qu’avec un panel bien précis de mots, donnant des phrases du type “attention danger droite” ou encore “trésor devant donc hourra”. Bien souvent, ces phrases sont utiles (signalement d’une embuscade ou d’une faiblesse particulière de l’ennemi) voire drôles (voir “vision de désespoir” ou encore “chagrin…” avant d’entrer dans la pièce d’un boss me fait toujours un peu pouffer), mais dans d’autres cas, absolument aucun des deux. A ce stade de ma progression, je n’ai rencontré que deux personnages féminins d’importance : la messagère d’émeraude, une femme rousse présente au seul havre de paix du jeu et Licia, une prêtresse vendant des sorts. Pourtant, ces deux personnages font l’objet de nombreuses “plaisanteries” alors que je n’ai bizarrement trouvé aucun message près des PNJs masculins. Petit florilège des messages trouvés près des personnages au grès de mes parties (les messages vont et viennent) :

Licia :
f0b0oz 2e0iidc

Messagère d’émeraude :
2hz0cwy 20jzvk jg4fas

On appréciera l’effort d’inventivité, certains ayant apparemment beaucoup de temps à perdre. Le fait de laisser de tels messages n’est pas l’unique problème. Comme on peut le voir, ces messages peuvent être “approuvés” par d’autres joueurs les lisant.

Comme je l’ai dit plus haut, j’aime énormément la série des Dark Souls, notamment parce que ce sont des jeux relativement exempts de sexualisation. Pourtant, certains joueurs ne se privent pas pour se lâcher dès qu’un personnage féminin fait son apparition, et peuvent même se donner une bonne tape sur le dos en approuvant les messages des autres. Il est malheureux qu’une expérience de jeu soit gâchée par des personnes amenant avec eux leur sexisme primaire dans un environnement qui est loin de s’y prêter à la base.

Édité par Mar_Lard

Canard PC, les femmes et les Sims

Dans le numéro de Canard PC d’avril 2014, on peut lire dans les pages « Utilitaires » cet article d’Ackboo :

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Cette petite blague est doublement problématique, car elle sous-entend d’abord que les femmes ne jouent qu’aux Sims, jeu »casual » par excellence (vous le voyez le mythe de la fake gamer girl en arrière-plan ?), sur le PC de leur mec, parce qu’elles, elles n’en possèdent pas. Ben oui, l’informatique, c’est compliqué pour nos pauvres cerveaux.

Ensuite, l’auteur semble considérer que le lectorat auquel il s’adresse est composé uniquement de lecteurs masculins et hétérosexuels (à moins qu’il pense inclure les lesbiennes gameuses dont les copines jouent aux Sims sur leur PC, mais étrangement j’en doute).

Vous vous souvenez du dossier d’il y a quelques mois sur le sexisme chez les geek, dans ce même journal ? Moi oui. Eux, pas tellement, on dirait.

Édité par Mar_Lard

Mago spé poupée gonflable

Le jeu de rôle est un milieu bien particulier, surtout lorsqu’il se joue sur table, sur papier, avec les gens physiquement présents. En 2010 j’étais encore débutante en JdR : quelques parties déjantées avec des potes en école d’ingé, une « campagne 1 » de Donjons et Dragons… Pas de quoi revendiquer un CV touffu de joueuse mais assez de parties pour découvrir que le JdR est loin de l’image qu’on s’en fait : pas un milieu de weirdos excentriques, plutôt le contraire même.

A peine sortie de l’école, sortant avec un copain rôliste depuis des années déjà, je rejoins tout naturellement « sa table. 2 » Là, le Maître du Jeu, B., un homme entre 40 et 50 ans, maîtrise du L5R, un jeu médiéval fantastique dans un univers japonisant. J’ai hâte de pouvoir jouer dans une campagne, dans un univers original et fouillé, où le « jeu de rôle » est bien plus important que dans Donj’ qui a trop souvent tendance à être un PPMT. 3

Fait important et qui signe mon arrêt de mort : je décide pour la première fois depuis que je joue aux jeux de rôle d’incarner une femme histoire de casser mes habitudes. J’opte pour une shugenja, ce qui dans L5R est en gros une magicienne/prêtresse.

La création de personnage

D’abord le MJ propose de me laisser faire ma fiche toute seule ou de lui laisser faire le perso car « il a une idée de personnage qui pourrait coller. » Peu au fait de la création de perso de L5R et sachant par mon copain que le MJ a quelques « règles maison » sous le coude, je lui fais confiance pour me faire mon personnage. Il me demande si ça me va un personnage avec un « sombre secret. 4 » Je dis oui, il me propose qu’elle soit heimin 5 au passé trouble. J’approuve avec joie, yay un personnage torturé, gogogo !

Il m’envoie ma fiche, quelques jours avant la partie. Avec un historique de 4 pages, dont le message laisse transpirer qu’il n’est pas peu fier.

Car oui, j’ai quatre pages, rien que pour raconter la vie de mon personnage. Une fille de prostituée. Qui a vécu sa jeunesse au lupanar. Qui a volé les affaires d’une jeune fille noble pour se faire passer pour elle. Qui est « beauté du diable » ce qui dans le bouquin de règles veut dire « belle », mais, et je ne l’apprendrai que 3 mois plus tard, pour B veut dire « sexy à violer ». Oué carrément.

Ce que j'imaginais

Ce que j’imaginais

Ce que j'ai eu

Ce que j’ai eu

Bon okay passons sur le mauvais goût, me dis-je. Je me dis que ça va, après tout, je vais jouer une fille indépendante, débrouillarde, qui est prête à tout pour ne pas retourner d’où elle vient : exactement ce que je veux, aux chiottes les stéréotypes après tout, non ?

1er scénario : centré sur le passage du gempukku de mon personnage 6 lors d’un tournoi. Suite à différents événements, mon personnage se trouve séparé du reste du groupe (donc les autres joueurs quittent la table pendant ce temps) et est kidnappé. Mon personnage se réveille : elle est attachée, deux PNJ 7 baraqués dans la salle. Je décide d’user des charmes de mon personnage pour attirer les PNJ plus près, puis, ayant au préalable réussi mon jet pour me délier les mains, les assommer.

Là premier passage bizarre : au lieu de faire une scène d’action comme on en verrait dans les films, et comme je m’y attendais, B me demande, les yeux dans les yeux, si ça me dérange de jouer la scène.

Naïvement, je dis pas de problème. S’ensuit alors un moment creepy où il décrit les PNJ avec leurs pattes velues et leurs yeux libidineux et mon personnage « à leur merci et qui leur fait du gringue. » Je suis seule, moi joueuse, dans le salon, la main serrée sur une poignée de dés 10, la quantité que j’avais calculée, la quantité nécessaire pour foutre un pain à ces PNJ. Je pensais les jeter de suite, mais on dirait que le MJ pense qu’il est nécessaire que je fasse jouer la scène à mon personnage.

Et ça finit par se terminer. Après cet instant bizarre, qui me laisse un peu incertaine, je peux jeter mes dés, après avoir insisté « là maintenant, mon personnage agit, oui maintenant ! » Encore aujourd’hui, je ne sais pas combien de temps B aurait continué à raconter ce qui paraissait être son petit film de boules perso.

Je me dis que je me fais des idées. Et le scénario continue. Le tournoi commence ! Et le MJ, jubilant, annonce que la première épreuve ce sera de la lutte. Dans une fosse. Dans la boue. Avec un PNJ féminin.

Qu’à cela ne tienne. Je le fait, un peu interloquée, mais je le joue de bon cœur : mon perso est censé faire partie d’un clan très axé combat et pragmatisme ! Puis il y a une épreuve de course d’obstacle. « C’est plus pratique de le faire en sous-vêtements, avec une sorte de bandeau pour la poitrine et un slip… » que me dit le MJ, en pleine poker-face qui dissimule si peu son ton à nouveau jubilatoire.

Ce premier scénario passe. Après avoir expliqué à mon copain ce moment weird, il me dit que oui, B est « bizarre » et a « son caractère » (il s’énervait parfois de manière complètement incongrue, tout seul.) Mais il me dit « si ça te dérange, il faut que tu le dises, je peux lui transmettre si tu veux. » Il avait raison, mais moi, naïvement, je ferme ma gueule : je ne voulais pas pourrir l’ambiance de la table, « c’est que le premier scénario », « non mais d’un autre côté mon personnage je lui ai fait jouer la carte de la séduction, c’est ma faute ». Toutes les excuses sont bonnes.

2ème scénario : Nos personnages sont capturés par des « gaijin 8 », le mien est amené dans une tente à part, visiblement pour être vendue dans un harem. Un PNJ « teste » mon personnage pour vérifier sa virginité et cerise sur le gâteau au WTF, le MJ déclare : « Elle n’est pas vierge. »

J’ai demandé alors à mon copain le soir même de dire à B d’y mettre la pédale douce. J’ai alors l’impression que ça se calme.

L’ambiance demeure cependant très sexualisée dans les scénarii, PNJ sexistes, exagération jusqu’à l’absurde des stéréotypes pour les clans.

Pour l’anecdote, le clan de la Grue est un clan pacifiste et social, au moins en apparence. Raffinement, pacifisme, jeux de cours ? Visiblement pour lui ça devait être suffisamment un truc « de tapette » pour que tout ce qui y touche devienne un remake de la cage aux folles. Donc dans le L5R de B, c’est devenu un clan plus semblable au couvent des sœurs de la perpétuelle indulgence : hommes et femmes, fardés et le visage blanchi, maniérés, coiffures et vêtements exagérément peu pratiques et quasiment comme dans un cirque. Sauf que les sœurs le font pour la théâtralisation, pour B c’était « dans le BG. »

Voilà un membre du clan de la Grue. On est quand même loin de l'imagerie théâtralisée ultra-fardée utilisée pour se moquer des transsexuels.

Voilà un membre du clan de la Grue. On est quand même loin de l’imagerie théâtralisée ultra-fardée utilisée par les sœurs pour questionner les normes sociales.

5 ou 6ème scénario : La diplomate du clan du scorpion dit que « il paraît que vous êtes une experte en lutte… » Pardon ? S’ensuit une sorte de tournoi improvisé. Ah tiens c’est fou, ils avaient une arène de lutte pile poil c’est fou la magie du scénario. Et, oh !, avec de la boue (again ?). Mon personnage lutte contre cette diplomate. Pour « déstabiliser mon personnage » (sic), B a la technique ultime : son PNJ, en pleine manœuvre de lutte, embrasse le mien à pleine bouche.

Les yeux exorbités en lui demandant comment « physiquement » c’était possible sans qu’elle me fasse un coup de boule, il me répond « oh non mais sinon je jette les dés hein. » Et il le fait, il jette une poignée entière de dés parce que, oui, il avait fait un PNJ diplomate super bourrin. En lutte. Pourquoi ? Pour aucune raison valable puisque cette foutue diplomate ne réapparaît pas du scénario.

Le lendemain dimanche, le scénario continue. On s’infiltre dans une ville du clan de la Grue (insérer moult situations et blagues d’un goût douteux sur les travestis, les homosexuels et les transsexuels.) On décide que je serais alors la fausse dignitaire du clan de la grue, les autres mes serviteurs. Tout se passe comme sur des roulettes… Jusqu’à ce que l’on arrive à l’ambassade de la Grue où un PNJ nous interpelle.

En fait c’était un garde de l’ambassade qui s’est mépris sur mon identité, me « confondant avec un vrai ambassadeur » connu dans le coin. Nous sommes accueillis en grande pompe (cool !), invités à nous reposer, mon personnage est escorté dans une chambre individuelle (cool !) où deux servantes font irruption pour me demander si tout se passe bien (cool ?) puis m’apportent un coffre (euh… cool ?). Que j’ouvre. Qui est blindé de matériel de bondage. (wtf ?)

Silence autour de la table, puis le joueur-qui-triche [^9] fait « Sérieux ? » mi-hilare, mi-gêné. « Oui » que dit B, « à l’époque la sexualité, blablabla, et le clan de la Grue blablou, d’ailleurs dans le supplément numéro Machin des secrets du clan Truc y a marqué que bliblibli… »

Dans la semaine, mon copain, que je ne remercierai jamais assez de m’avoir soutenue et m’avoir aidé à faire passer le message, dit à B qu’il faut qu’il arrête, sérieusement, car ça me gène et que si c’est à nouveau comme ça, je tue mon personnage en séance et je joue un mec.

Le MJ lui répond alors que okay, « il avait pas réalisé que ça me gênait. » Le pire c’est que je pense, je crois, qu’il n’en avait effectivement pas conscience.

Nous en étions alors à en gros 6 mois de campagne.

Si ce genre de trucs vraiment chiants et graves ne s’est plus reproduit, il faudra compter encore un an de campagne durant lesquelles les petites piques vexatoires se succèdent. Une fois c’est un garde qui fait des propositions graveleuses à mon personnage, alors magistrate, qui refuse de la croire quand elle lui donne son rang. Une autre fois c’est un PNJ gradé qui lance des œillades répétées et insistantes à mon personnage. Une fois c’est un dîner avec un concours de haiku, l’un d’eux comparant mon personnage à une catin. A chaque fois il y a une « bonne excuse », il fait nuit et le garde est bourré/inculte, le PNJ gradé est tombé amoureux/est un salaud provocateur, le PNJ et son haiku attaque de cette manière notre délégation c’est juste symbolique. Et très, trop, souvent : « c’est rigolo », « c’est de l’humour », « c’est pour rigoler », « bah, ça va pas ? ».

Alors un jour, après un scénario assez long où il y avait eu essentiellement des combats, et où franchement je m’étais fait chier, j’ai dit à B que j’arrêtais de jouer. « Désolée. » « Voilà. »

Je n’ai pas plus expliqué que ça et ça en est resté là. Mon copain a incidemment arrêté aussi à cette table et depuis nous jouons tranquille à cette table bis, avec des amis not-creepy, j’ai masterisé des jeux… J’ai dépassé cette sale expérience donc.

Car j’aurais pu en sortir dégoûtée, et parfois j’imagine ce qu’aurait fait à ma place la femme que j’avais rencontrée à la table de Donj’. Je l’imagine et je sais très bien ce que cela aurait donné : les premières parties, abasourdie, puis une partie elle aurait eu mal au ventre, l’autre mal à la tête, et, bon, de fil en aiguille elle ne serait pas revenue, désolée, je fais des pilates/du body combat y avait que le weekend, trop dommage, et en fait elle n’aurait plus jamais joué aux jeux de rôle.

Beaucoup de choses sont dérangeantes dans cette histoire, finalement. Le fait que j’ai encaissé si longtemps. Le fait que le MJ était suffisamment à l’ouest pour ne pas comprendre qu’infliger ses fantasmes à la table et à mon personnage et donc à moi c’est dégoûtant, anormal. Le fait que le-joueur-qui-triche, pourtant étudiant en psycho, ne remarquait rien, s’en battait les couilles. Le fait qu’au final l’ambiance était pourrie bien avant que je n’arrête, et pour de toutes autres raisons (dégradation de la qualité des scénarii, trop de monde à la table), mais que j’ai quand même eu plus peur pour l’ambiance que pour mon plaisir de jeu. Ce qui est dérangeant c’est que tout ça se soit passé dans notre salon, avec parfois mon copain assis à côté de moi, grimaçant pendant que B délirait à plein tube sur l’unique personnage féminin de la table : le mien.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet du fantasme masculin prêt-à-incarner quand on joue aux JDR. Au fur et à mesure que le jeu de rôle perd son image de milieu de barbus inadaptés, de plus en plus de femmes s’y insèrent… Mais les stéréotypes, parce qu’ils sont plus faciles à jouer, sont encore trop pléthoriques pour que disparaissent ces creepy-guys et creepy-moments dans l’immédiat. Hélas.

Édité par Alda


  1. On parle de campagne lorsque plusieurs parties se suivent, menant les personnages le long d’une intrigue poussée et se prolongeant sur plusieurs semaines, mois, voire années. 
  2. On dit « rejoindre une table » lorsque l’on s’incruste ou que l’on est invité dans un groupe déjà formé de joueurs avec un ou plusieurs maîtres du jeu 
  3. Porte Piège Monstre Trésor, se dit des jeux où on roule beaucoup de dés, on suit de longs couloirs et où le schéma narratif est relativement linéaire 
  4. C’est un des désavantages qu’on peut appliquer à son personnage à la création et qui peut faire gagner plein d’autres points pour monter des compétences 
  5. Non noble, sachant que tous les personnages de L5R sont en principe d’extraction noble 
  6. Cérémonie de passage au statut de samurai 
  7. Personnage non joueur, donc joué par le MJ 
  8. Oui à cette période, la sexualisation des scénarii était pas forcément le seul problème de la table du coup parfois, les déboires de mon personnage me passaient à trente kilomètres au-dessus du carafon 

MSI : « la fille ou le jeu ? »

MSI, une entreprise qui crée – entre autres – des cartes graphiques et des cartes mères pour les ordinateurs, a décidé de profiter du vendredi pour poser une question pertinente à ses fans sur Facebook :

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Le sexisme de cette question et de l’image est évident : les hommes sont des obsédés de sexe et/ou de jeu ; les femmes ne servent qu’à être sexy et à être victimes de blagues potaches. A croire qu’MSI n’a que des hommes hétérosexuels (et des femmes aimant les femmes, mais il serait étonnant que cette blague s’adresse à elles) parmi leurs potentiels clients ! Par ailleurs, ont-ils besoin de cette image pour mettre en valeur leur page Facebook et inviter leurs fans à réagir ? Leurs produits ne seraient pas suffisamment intéressants ?

Evidemment, les réactions des fans sont à la hauteur de nos attentes :

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Heureusement, les mentalités évoluent et quelques personnes soulignent à MSI le sexisme de leur question :

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Ca arrive trop souvent

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Ici, un joueur réclame la primauté sur une clé d’accès beta pour The Elders Scrolls Online, sous prétexte que c’est un « jeu de garçons » et qu’il est un garçon.

Je suis vraiment fatiguée de ce genre de comportement.
« Oh ça va c’est de l’humour. » Non ça n’a rien de drôle, c’est même horripilant, j’entends cette blague bien trop souvent dans le milieu des MMORPG. Et quand je réponds c’est souvent 2 ou trois mecs qui me tombent dessus, argumentant que je dis des âneries, qu’il faut pas abuser, que en général ils sont d’accord avec moi mais pas sur ce coup là (et en fin de compte ils sont RAREMENT d’accord avec moi).
Bref messieurs par pitié arrêtez ce genre de « blagues ». Bien sur que Sofiane n’a pas dit ça méchamment mais c’est justement ça le problème, c’est une blague commune qui ne choque plus. Et si un truc comme ça ne choque pas ça peut malheureusement entraîner l’acceptation de choses similaires mais plus graves.

Édité par Mar_Lard

Sexisme à 300.000 km/s

Les éditeurs de logiciels ou les fabricants de consoles ne sont pas les seuls à axer leur communication autour de propos sexistes. C’est ainsi que Numericable, câblo-opérateur et FAI français, a commis cette publicité dans le journal 20 minutes du Lundi 6 janvier :

Numericable1

C’est bien connu, non seulement les femmes sont indécises et versatiles mais en plus elles ne téléchargent jamais rien sur Internet. Savent-elles au moins ce qu’est un ordinateur ? Au vu de cette publicité, certains commerciaux semblent persuadés que non.

L’agence Fred & Farid qui a conçu la campagne n’en est pas à son coup d’essai en matière de sexisme.

Face au bad buzz sur Twitter, Numéricable a tenté de rectifier le tir avec une suite à la publicité:

Numericable3

Comme si un cliché sexiste en sens inverse allait arranger les choses…
Édité par MarLard

Mise à jour par Mar_Lard 07/01/2014 – 19:40

Le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes a déposé plainte auprès de l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité.

Sources :

Les hommes sont des chiens

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Description : sur le site « les joies du sysadmin » qui raconte la vie professionnelle des sysadmins en gifs animés, sous la légende « quand une fille de la com passe alors que nous sommes en réunion », un gif montre quatre chiens qui soudain fixent leur attention dans la même direction.

Un sysadmin est une personne qui s’occupe de l’administration système, ie : faire en sorte que les ordinateurs continuent à fonctionner.

Quand une fille de la com’ passe alors que les sysadmins sont en réunion, ils se tourneraient tous comme un seul homme, ou comme un seul chien. Tu comprends, c’est animal finalement.

Je ne sais pas si le sous-entendu est que la com’, c’est quand même surtout des filles, que les sysadmins sont tous des mecs ou bien qu’ils sont tous hétéro (ou tout simplement les trois), mais j’ai du mal à imaginer ces quatre chiens représentant l’attrait de quatre sysadmin filles et lesbiennes/bi pour une autre fille. Mais je me fourvoie peut-être.

C’était il y a trois mois, pas vraiment de réactions sur le site.