Inutile ? Vraiment ?

Chez CommitStrip, il est inconcevable qu’une femme soit développeuse puisque pour eux ce qu’il y a de plus inutile dans un bureau de codeur est: Les toilettes pour femmes.

CommitStrip sexiste

On notera aussi que l’image du strip se nomme « Strips-Toilettes-des-filles. »

Prétendu « Second degré, » exclusion et infantilisation. Combo classique.

Rappelons juste que la personne considérée comme ayant inventé la programmation est Ada Lovelace et comme l’histoire a habituellement tendance à oublier l’existence des femmes, voici quelques noms importants: Stéphane Bortzmeyer – Quelques exemples de femmes en informatique, aujourd’hui

Mise à jour

Quand on se penche un peu sur les anciennes publications, on se rend compte que comme souvent, ce n’est pas un incident isolé mais plutôt un problème général de représentation. Voyez plutôt:

Évidemment, cette collègue qui comprend rien est la seule femme présente sur la planche.

Évidemment, cette collègue qui comprend rien est la seule femme présente sur la planche.

La meuf, c'est celle qui joue pas.

La meuf, c’est celle qui joue pas.

Les meufs ça fait le ménage.

Les meufs ça fait le ménage.

Les meufs, ces créatures superficielles qui gâchent la puissance de leur smartphone.

Les meufs, ces créatures superficielles qui gâchent la puissance de leur smartphone.

Et le pire pour la fin :

Les geeks ne dépannent les pauvres ignorantes que pour coucher.

Les geeks ne dépannent les pauvres ignorantes que pour coucher.

Bref, on se rend vite compte que dès qu’une femme est représentée autrement qu’en figurante dans le décor par CommitStrip, il y a du sexisme derrière…

Sujet proposé par @dabYo

Milieu Tech : les femmes grandes absentes

apple-conference-feature

« Les toilettes des femmes sont toujours pleines à craquer » ? En tout cas, pas aux conventions tech…

Pendant la World Wide Developers Conference d’Apple, le journaliste du magazine Tech CNET Dan Ackerman a tweeté cette photo pour illustrer le terrible gouffre du genre dans la fréquentation des conventions Tech. Les toilettes des hommes prises d’assaut tandis que celles des femmes restent parfaitement vides…

L’absence des femmes dans ce milieu reste extrêmement préoccupante et s’aggrave sur certains points : le pourcentage de femmes parmi les diplômés en science, mathématiques et ingénierie aurait diminué ses dernières années. Les femmes sont à l’origine de seulement 1,2% des logiciels open-source et de 5% des brevets; elles représentent moins de 10% des investisseurs Tech et quittent deux fois plus le milieu que les hommes. Seulement entre 3 et 5% des start-ups Tech sont lancées par des femmes.

Les raisons d’une telle absence ? L’éducation genrée qui décourage les femmes de poursuivre des carrières scientifiques (et donc l’absence de mentors féminins… le serpent qui se mord la queue), mais aussi le sexisme et le manque de diversité rencontrés dans ces milieux professionnels. Est également évoquée l’impossibilité de concilier les travaux ménagers et responsabilités familiales qui leur incombent encore très largement avec les rythmes de travail d’un milieu extrêmement masculin. Témoignages :

« Mes études d’ingénierie furent un véritable enfer pour moi – ma personnalité a provoqué beaucoup de comportements sexistes chez mes condisciples masculins et mes professeurs… À un moment, après beaucoup d’entretiens, j’ai décidé que je ne voudrais pas passer la plus grande partie de mon temps avec le genre de personnes que je rencontrais en entretien. »

« Il n’y a pas un grand réseau de femmes dans l’ingénierie. Vous devez apprendre à être « l’un des mecs » ou forger le chemin vous-même, ce qui est très difficile. »

« Il n’y a pas d’opportunités de promotion dans un milieu dominé par les hommes – la culture de l’ingénierie est centrée sur le masculin, avec de hautes exigences de voyages et peu de temps personnel. »

« J’ai travaillé dans un département pendant 4 ans – durant cette période, 3 personnes sur 50 ont étées promues – toutes des hommes. Puis, seuls les femmes et les seniors furent virés. Le directeur général adjoint ne supportait même pas de dire bonjour aux femmes dans le couloir. Ses tendances old-school le rendaient incapable de considérer les femmes comme ses égales. C’était dans une compagnie avec 90% d’employées féminines, mais un manque dans le département ingénierie. »

« La pression est intense, et sans alternatives de mi-temps viable, une femme ingénieure est forcée de choisir entre travail et famille. »

« Il y a encore une majorité de « boy’s club », même chez les ingénieurs plus jeunes et les femmes non-ingénieures. Certains ingénieurs plus âgés trouvent vraiment que les femmes ne devraient pas être ingénieures, ou que c’est « mignon » quand elles le sont, comme si c’était une phase amusante qu’elles traversaient, au lieu d’une carrière… »

« La majorité du management est de culture dominée par le masculin (conversations masculines, heures longues, style de vie exigeant, carriériste…). Les femmes choisissent généralement de partir sans mener l’épuisante bataille pour améliorer les choses. C’est un cercle vicieux ! »

« C’était dur de ne pas avoir de mentor féminin sur le terrain. Ça m’aurait aidé d’avoir quelqu’un avec qui parler de problèmes. Les mentors masculins donnent des conseils de carrière d’une perspective masculine, mais je n’ai pas l’impression qu’ils comprennent les fardeaux que portent les femmes, surtout dans un domaine aussi dominé par le masculin que l’ingénierie. »

« J’ai rencontré des situations où un client ne voulait pas travailler avec moi parce que je suis une femme, ou bien j’ai été prise pour la secrétaire, ou quelqu’un était surpris que je sois ingénieure (« Oh, c’est mignon! ») »

« Les femmes quittent l’ingénierie à cause de leur insatisfaction dans le travail, le manque de modèles féminins, des horaires inflexibles, la discrimination en entreprise, le syndrome des mecs blancs, le plafond de verre. »

Presque la moitié des femmes qui ont quitté la Tech déclarent l’avoir fait à cause des conditions de travail : trop de voyages, promotions impossibles, salaires trop bas. Un tiers l’a fait à cause d’un environnement de travail hostile. Un quart pour se consacrer à la famille.

Les femmes ont souvent peur d’aborder le sujet : « Nous ne voulons pas être perçues comme des hystériques qui gémissent toujours sur le même problème », « j’ai peur de jouer la victime », « c’est considéré pleurnichard d’en parler ». Rien d’étonnant : le milieu a toujours eu beaucoup de mal à reconnaître son manque de diversité ou à examiner les raisons de l’exclusion des femmes… 40% des femmes en Tech estiment que les entreprises ne font pas assez d’efforts pour plus de diversité, contre seulement 18% des hommes. Heureusement, les revendications s’organisent et des projets se montent pour favoriser l’entrée des femmes dans le milieu.

Le milieu Tech a tout à gagner à mieux accueillir les femmes. En moyenne, les compagnies dont la direction comprend au moins 3 femmes réalisent une marge opérationnelle supérieure de 84%, un retour sur investissement supérieur de 60%, et un taux de retour sur capitaux propres supérieur de 46% aux compagnies à la direction exclusivement masculine. Les groupes qui comprennent au moins une femme réalisent également de meilleurs scores que les groupes exclusivement masculins aux tests d’intelligence. Une plus grande diversité au sein de l’entreprise est synonyme de plus d’innovation, d’efficacité, de créativité, de gains financiers ainsi que d’une compréhension plus complète de l’environnement et du marché.

Sources :
http://venturebeat.com/2013/03/08/the-woman-in-tech-dialogue-is-taking-center-stage-and-this-is-a-good-thing/
http://studyofwork.com/files/2011/03/NSF_Women-Full-Report-0314.pdf
http://www.thedailymuse.com/toolsskills/the-latest-stats-on-women-in-tech/
http://www.onlinemba.com/women-in-tech/
http://www.itmanagerdaily.com/women-in-technology-infographic/
http://www.cbc.ca/strombo/story-photos/this-picture-says-a-whole-lot-about-technology-conferences.html

Forbes explique aux femmes quoi porter pour aller à l’E3

Le 5 juillet 2013, le site du magazine économique Forbes publie un article dans sa rubrique Style – « Le guide du style pour la femme professionnelle » (…) : « Vous allez à l’E3 2013 ? Voici quoi porter. »

« Si vous avez été à l’E3 auparavant, vous connaissez le challenge. Comment paraître crédible en faisant la promotion de votre jeu, de votre studio et de vous-même à une convention pleine de mecs qui matent les attractions immenses style parc d’attraction et les ‘booth babes’ à peine habillées ?

Beaucoup de femmes préfèrent faire profil bas avec une tenue « non booth babe » – comme un T-shirt large et des jeans. Mais dans une industrie qui tente d’attirer plus de gameuses, ça vaut la peine de réfléchir un peu à comment votre tenue peut aider à vous faire remarquer comme l’intelligente experte du marché jeux vidéo que vous êtes. »

 

La tenue recommandée (......)

La tenue recommandée (…)

L’exclusion voire le harcèlement des femmes aux événements professionnels du gaming ? Leur faute de ne pas s’habiller « correctement »… Ce n’est pas comme si les hommes devaient s’embarrasser des mêmes considérations : l’ambiance vestimentaire à l’E3 est toujours remarquablement détendue, mais eux seront toujours considérés comme « professionnels » du fait de leur genre…

Heureusement, l’article n’est pas passé inaperçu et a rapidement attiré beaucoup de commentaires grinçants :
« Laissez-moi récapituler : non seulement on dit aux femmes qu’elles doivent s’habiller d’une certaine façon pour avoir un tant soit peu de crédibilité à l’E3 (surtout pas comme une booth babe ! rien en dessous du cou !), on leur dit aussi de s’habiller de façon totalement ridicule pour s’intégrer. »

Face au mécontentement grondant, Forbes a tenté d’éditer discrètement son article… sans régler le problème.

Sources :
http://www.thealistdaily.com/news/forbes-tells-women-what-to-wear-to-e3-users-tells-forbes-where-to-go/

Un poster de mec sexy pour secouer des développeurs

Une employée de Meteor Entertainment était insupportée par une image promotionnelle pour leur nouveau jeu, Hawken :

image03

Son chef aimait tellement cette image qu’il en avait fait un poster, affiché dans les bureaux – la première chose que voient les employés et les visiteurs. L’employée a donc mijoté sa riposte avec un artiste de la boîte… et le premier avril, la mécanicienne dénudée s’est retrouvée intempestivement remplacée :

image04

« Bro-sie the Riveter » ! (Référence à Rosie The Riveter)

Les réactions des employés vont de l’hilarité à l’horreur… puis le chef arrive. « Qu’est-ce que c’est que ça ? »
Moment d’inquiétude… puis le chef vient trouver l’auteure de la blague :
« C’était une superbe farce. Tu m’as fait exactement remarquer le bullshit qu’il fallait que je remarque. J’affichais des images de filles à moitié nues dans le bureau sans arrêt sans jamais y réfléchir. Je t’invite à déjeuner, toi et [l’artiste]. Et ensuite, nous afficherons les deux posters, côte-à-côte. »

tumblr_inline_mmtpm3cmVJ1qz4rgp

Sources :
http://thehawkeyeinitiative.com/post/50432219744/special-guest-edition-the-hawkeye-initiative-irl
http://kotaku.com/how-a-poster-of-a-sexy-dude-helped-one-game-developer-m-505969550

How to be a « Woman Programmer »

Article du New York Times (en anglais).

Une programmeuse raconte ses années d’expérience dans l’industrie. Harcèlement sexuel, discrimination à l’embauche, isolation…

Morceaux choisis :

« J’ai subi un client – un homme en sueur avec des oreilles qui pendaient – qui caressait mon dos pendant que je réparais son système. Je m’attendais à ce qu’il dégrafe mon soutien-gorge d’un instant à l’autre. »

« J’ai eu un chef qui m’a dit platement : « Je déteste embaucher toutes ces femmes mais vous êtes juste trop intelligente. » Par « toutes », il voulait dire trois, mais à l’époque, c’était rare de ne trouver ne serait-ce qu’une femme dans une bonne position technique. Pendant une réunion, il n’arrêtait pas de m’interrompre pour dire « Waouh, vous avez vraiment de beaux cheveux. » »

« Pendant les 20 années qui ont suivi, je me suis rendue compte qu’être une femme m’écartait de la société des programmeurs. (…) C’était comme si un virus s’était spécialisé dans l’extermination des femelles. Je regardais autour de moi et je me demandais « Où sont toutes les autres femmes ? ». Nous nous retrouvions presque seules, marginales dans une culture qui était parfois gamine et puérile, parfois rigoureusement hiérarchique, à l’occasion amicale et accueillante. Pendant ce temps, cette étrange maladie laissait les survivantes avec une étrange aura qui les rendaient trop visibles, examinées de trop près, tenues à de plus hautes exigences. Elle plaçait sur leurs épaules le terrible fardeau de ne pas être seulement compétentes, mais les meilleures. »

« La question qui se pose : comment réagir à cette énorme discrimination envers les femmes ? La loi et l’activisme sont certainement cruciaux. Mais il y a toujours ce moment qui vous revient dans la figure, quand vous êtes seule face à la discrimination anti-femmes : les blagues, les regards obscènes, le mépris, l’invisibilité, le fait inévitable que dès que vous passez la porte, vous êtes vue comme inférieure, peu importe vos qualifications. »