Madame et Canard PC Hardware

Si vous êtes passionnés d’informatique et de jeux vidéo, que vous êtes PCiste convaincu, comme moi, vous lisez peut-être des magazines, sites, forums, dédiés au hardware, histoire de bien choisir votre future config’, de connaitre l’actualité, etc… Pour ma part, c’est Canard PC Hardware. J’apprécie leur ton décontracté dans les tests, et leur sérieux dans les dossiers. Ainsi, on a souvent droit à des petites blagues dans les articles. Souvent, c’est drôle, mais parfois, ça l’est moins, quand le principe de la blague est sexiste. Peu de temps après avoir lu cet article, je suis moi-même tombé sur ça, rubrique guide d’achat, dans Canard PC Hardware n°20 (Avril-Mai) :

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Il y a deux problèmes avec cette « blague » :
– Canard PC Hardware suppose que tous ses lecteurs sont masculins & hétéros (mais tous en couple par contre, on garde seulement les clichés qui arrangent !). Même si c’était le cas (ça ne l’est pas), ce n’est pas en excluant les femmes ainsi que ça va changer.
– Selon Canard PC, « Madame » n’aime pas l’informatique. Non seulement, elle ne lit pas le magazine, mais surtout, elle n’aime pas ça. Elle supporte seulement son mari dans sa passion, fixant parfois des limites si le boitier ne va pas avec le papier peint. Qu’elle soit rassurée, celui-ci devrait aller.

La blague de la « Madame qui supporte les lubies de son mari » est une blague récurrente dans le milieu journalistique. Je ne lis régulièrement que Canard PC comme magazine, mais bien entendu ce ne sont pas les seuls à faire ce genre de blague très inspirée.

La capacité d’un objet d’être accepté par « Madame » porte même un nom, le Wife Acceptance Factor, ou WAF, et certains revendeurs  se font une joie de mettre en avant le WAF de leurs produits. On trouve également sur internet ce genre d’inepties.
Pour finir, voici le même boitier, chroniqué dans le numéro précédent…

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…pas besoin de blague sexiste ! [Note de la modération : Mais une blaguounette sur le Nord quand même – c’est que c’est dur de faire rire sans clichés éculés !]

Nathaniel.

Édité par Mar_Lard

Les technologies, un milieu d’hommes (marge d’erreur : 2%)

Le programme du BreizhCamp 2014 vient de sortir : 2 jours et demi de conférences et ateliers à Rennes pour découvrir et parler de technologies (Java, Ruby, HTML5…). Le hic ? Une seule femme est intervenante, contre une cinquantaine d’hommes.

Le BreizhCamp fonctionne par un système de soumissions volontaires : les organisateurs reçoivent des propositions de talks et sélectionnent ceux qui leur semblent les plus pertinents. Ici, l’inégalité est flagrante, bien plus importante que la proportion réelle de femmes dans le domaine. Que le biais vienne de la sélection (comité composé essentiellement d’hommes), des propositions reçues, de la communication en amont ou du déficit de femmes dans le milieu, le fait est qu’il y a une sous-représentation des femmes dans la technologie.

Le déficit paritaire flagrant était déjà présent lors des deux précédentes éditions, que ce soit au niveau des intervenant·e·s que des participant·e·s. Personne ne semble prendre conscience du problème ou même percevoir qu’il s’agit d’un problème.

Malgré quelques « maladresses » (photos ou ton déplacé), la communication du BreizhCamp est plutôt neutre – en tout cas difficilement qualifiable de sexiste ou machiste. Cependant, le constat est là : les femmes désertent ce type d’événements. La neutralité est-elle suffisante pour permettre aux femmes de s’approprier ou se réapproprier ce domaine ?

Dernière chose : un des talks animés par la seule intervenante se nomme « Une fille dans mon équipe ? » et veut mettre l’accent sur la visibilité des femmes dans le milieu de la technologie. Ironique, non ?

[ERRATUM] Il y a en fait trois femmes sur la cinquantaine d’intervenants : Cécilia Bossard, Claude Falguière et Ly-Jia Goldstein.

Les babes font fuir le public

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Article de Spencer Chen sur TechCrunch.

Les « booth babes » sont de belles jeunes femmes court vêtues employées par certaines entreprises pour « décorer » leur stand lors de conventions, dans l’espoir d’attirer le chaland (forcément masculin, hétérosexuel & dépourvu de tout esprit critique à la vue d’un décolleté). Une pratique peu glorieuse des milieux tech & jeu vidéo, mais que certains défendent sous prétexte de « marketing ciblé » ; puisqu’on considère que seuls des hommes hétéros vont aux conventions, autant tout saupoudrer de jolies filles pour leur plaire (et tant pis si c’est sexiste et ostracisant pour les autres publics).

Sauf que…les booth babes semblent totalement inefficaces pour attirer le public. En réalité, elles seraient même contre-productives.

Pour vérifier ce qu’il soupçonnait déjà au vu des mauvaises performances globales des stands à booth babes, Spencer Chen a mené des expériences comparatives: deux stands au sein d’une même convention, l’un animé par des babes, l’autre par des personnes recrutées pour leur connaissance du milieu. Les résultats sont accablants : les stands à booth babes attirent trois fois moins de public et récoltent moitié moins d’opportunités de réseau (cartes de visites, formulaires d’information, etc).

Pourquoi ?

Parce que, de leur propre aveu, les babes ont plutôt tendance à intimider les visiteurs.

Parce qu’elles sont recrutées d’abord sur leur sex-appeal, plutôt que sur leur connaissance du produit ou leur capacité à convaincre le public.

Parce qu’employer des babes ne renvoie pas une image de professionnalisme, mais plutôt de cache-misère; que peut on attendre d’une compagnie qui emploie des hôtesses dénudées en guise d’arguments de vente ? Les professionnel-le-s qui cherchent à nouer des contacts dans ces salons ne s’y trompent pas.

Parce que les professionnels de bas étage effectivement attirés par les babes s’intéressent plutôt à leur plastique qu’au produit, et ne représentent pas des opportunités intéressantes…

Alors, chères compagnies qui s’obstinent à décorer leurs stands de babes alors même que ces pratiques sexistes sont dénoncées partout, on peut arrêter de se cacher derrière le marketing ciblé maintenant ?

Des seins pour la recherche

Je me suis souvenue d’une anecdote de lycée : certaines classes, dont la nôtre, avaient été invitées à un salon où des chercheurs présentaient leurs travaux en cours. Les classes sélectionnées étaient celles de section scientifique comportant le plus de filles, dans une idée de les encourager à poursuivre dans ces voies où elles restaient pour l’instant minoritaires (en l’occurrence, notre classe devait être constituée de 3/4 de filles).

Entre autres, un informaticien présentait un programme qu’il mettait au point, qui faisait qu’en passant la souris sur une image on se heurtait à plus ou moins de résistance, ce qui donnait une impression de toucher. Il nous avait expliqué rapidement le principe et nous avait fait tester sur différentes images, des tissus, un paysage, un labyrinthe, des choses comme ça. Et puis il avait ouvert la photo d’une actrice (je ne saurais plus dire laquelle, j’avais juste noté qu’elle avait de la poitrine) avec un décolleté, dans une pose aguicheuse, et avait dit « qui veut toucher [actrice] ? »

Ça me frappe aujourd’hui de voir que ça ne m’avait pas choqué à l’époque. Ma réaction avait plutôt été de lever les yeux au ciel en me disant « ah, les informaticiens, tous les mêmes ». Sauf que j’ai pu constater depuis que non, les informaticiens ne sont pas « tous les mêmes », et que c’était surtout un type qui n’était peut-être pas obligé de faire part de ses fantasmes à un groupe d’adolescentes.

MSI : « la fille ou le jeu ? »

MSI, une entreprise qui crée – entre autres – des cartes graphiques et des cartes mères pour les ordinateurs, a décidé de profiter du vendredi pour poser une question pertinente à ses fans sur Facebook :

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Le sexisme de cette question et de l’image est évident : les hommes sont des obsédés de sexe et/ou de jeu ; les femmes ne servent qu’à être sexy et à être victimes de blagues potaches. A croire qu’MSI n’a que des hommes hétérosexuels (et des femmes aimant les femmes, mais il serait étonnant que cette blague s’adresse à elles) parmi leurs potentiels clients ! Par ailleurs, ont-ils besoin de cette image pour mettre en valeur leur page Facebook et inviter leurs fans à réagir ? Leurs produits ne seraient pas suffisamment intéressants ?

Evidemment, les réactions des fans sont à la hauteur de nos attentes :

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Heureusement, les mentalités évoluent et quelques personnes soulignent à MSI le sexisme de leur question :

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Une informaticienne/geek dans un milieu d’hommes

Trois petites anecdotes de développeuse et joueuse de MMORPG.

Bonne fête !
Une anecdote qui me fait encore pleurer. Il y a quelques années, je cumulais un CDI plein temps d’analyste programmeur web en journée et des cours du soir en licence d’informatique le soir (car je n’avais que des formations qualifiantes et pas de diplôme viable). A ces cours, toutes les personnes avec qui j’interagissais savaient que je travaillais déjà dans le domaine et me demandaient parfois mon aide, hommes comme femmes. Pas aussi souvent qu’on aurait pu l’imaginer vu que j’étais censée être pro parmi les étudiants, mais quand même. C’est un de mes camarades (connaissant mon boulot) qui m’a cloué sur place en m’envoyant, en avril, un SMS me souhaitant une « Bonne fête des secrétaires ! ». Ce n’était pas une blague, et j’ignore toujours ce qui lui est passé par la tête. Des années plus tard, en tant que .Net Consultant (programmation web toujours), un collègue a plaisanté : « Si t’es méchante comme ça t’auras pas de fleurs pour la fête des secrétaires ! » qui me l’a vivement rappelé. Le « pourquoi ? » reste sans réponses, mais très, très amer.

Obéir à une femme ? Jamais !
A une époque, je jouais de manière très investie dans une communauté compétitive sur un jeu type MMORPG. Un jour on recrute un nouveau membre placé sous mon commandement. Tout allait bien jusqu’à ce qu’il entende ma voix et comprenne que j’étais une femme. Après ça il ne m’écoutait plus et rejetait complètement mon autorité et mon savoir. J’ai pris sur moi et pendant des semaines je lui faisais remarquer sans amertume ses moindres erreurs, et m’efforçait d’être de mon côté irréprochable. Ça a porté ses fruits : Il a fini par s’adresser à moi en tant que mec. Genre « [Mon pseudo] est quand même un gars bien ». C’était visiblement la seule façon pour lui de se mettre sous les ordres d’une femme.

Meilleure qu’un homme ? Ha ha, dans tes rêves.
Dans cette même communauté, juste après un patch, il s’est avéré que mon personnage avait été boosté et pouvait à présent rivaliser avec d’autres classes en terme de dégâts. Au premier combat où j’ai fini première du groupe de 25 aux dommages effectués, j’ai reçu dans la foulée des messages privés de trois personnes me disant que, moi, je n’y étais pour rien, que c’était le patch qui avait complètement mal calculé pour moi, qui les avait désavantagés, que normalement ça ne pouvait pas être moi, que ça devrait être eux les premiers, que le boss m’avantageait,…
Euh… Je n’ai rien demandé, je ne me suis pas vantée, à peine étonnée devant mon écran mais sans leur en parler. Pourquoi venir me démonter gratuitement ? Autant ils acceptaient quand j’étais première en « soins donnés » (même si j’étais bien derrière eux en équipement), autant quand ça concerne les dommages effectués, là non, une femme n’est pas recevable. Et tout le temps que je passais à calculer via Excel ou par simulation comment faire le plus de dommage possible n’était visiblement pas à prendre en compte.

Et tant d’autres…
Je ne compte plus le nombre de personnes étonnées voire révoltées que je joue des hommes en jeu de rôle. Ca va du « Tiens, tu joues un homme ? » aux « Non j’interdis qu’on ne joue pas un perso de son sexe à ma table ! ». Quand je voyais les autres personnages joueurs prendre plaisir, dans les jeux de rôle « maléfique », à violer les femmes qu’ils croisaient, je n’avais juste pas envie d’en être une. Et pourtant je devais souvent défendre mon bout de gras pour pouvoir, le temps d’un jeu, être un homme.

Depuis je garde mes écouteurs quasi tout le temps au travail (ce n’est pas un cas isolé, j’ai réussi à compter 20 remarques sexistes en 1h30 de resto par exemple. Allant jusqu’aux « Les femmes, on ne peut pas travailler avec ! » très sérieusement argumenté).
Les MMO je n’y joue que des hommes et ne dévoile quasiment jamais être une femme.
Les jeux de rôles j’ai arrêté.

Le monde merveilleux de la réalité augmentée

Traînant sur un blog geek et high-tech connu, je tombe sur un article présentant une publicité pour la société Infinity Augmented Reality censé nous montrer leur vision de ce que sera la réalité augmentée dans quelques années.

Pour une fois, pas de critique particulière sur ce plan : l’article, très court, est plutôt neutre (pas de « c’est trop cool »), et les commentaires, majoritairement masculins, sont plus choqués et dégoûtés qu’autre chose.

A raison.

Parce que cette video… Mon dieu… On commence avec une série de cliché sur un mâle alpha, jeune, musclé, plein aux as, rendu encore plus alpha grâce à ses lunettes à réalité augmentée, qui lui permettent d’asseoir son ascendant sur les autres mâles grâce à cet avantage secret.
J’avoue, je commençais à être assez mal à l’aise. On n’était pas dans le relationnel, mais dans l’exaltation d’un moi de winner (« salut les gars, voilà ce que vous avez toujours rêvé d’être »), exaltation boostée par la technologie.

Mais là où ça devient vraiment glauque, c’est quand notre prédateur se met en tête de mettre une jeune et jolie serveuse (forcément jeune et jolie) dans son lit.
La sempiternelle femme trophée, que la possession d’une montre/voiture/costume permet d’impressionner, c’est déjà bien lourd, mais là, on passe à la vitesse supérieure. A noter d’ailleurs qu’un bon tiers de la vidéo concerne cette femme, ce qui en fait l’argument de vente majeur des lunettes AR. En soit, ça serait déjà bien vomitif, mais ce n’est pas tout…

Notre « héros » commence donc par accéder au profil Facebook (forcément blindé d’infos, mais peu importe) de la nana, apprenant ainsi des détails sur elle qui lui donnent un avantage dans la discussion qui s’ensuit, et ce, sans qu’elle se doute de quoi que ce soit. Bon, personnellement, je trouve ça déjà très malsain de se renseigner ainsi sur quelqu’un sans qu’il le sache, il me semble qu’on est déjà dans la manipulation.
Mais là où j’ai vraiment été estomaqué, c’est en voyant derrière les lunettes magiques opérer une analyse du stress de la voix de la demoiselle, indiquant en temps réel à notre prédateur l’effet que ses phrases et son attitude ont sur elle, sans bien sur que cette dernière se doute de quoi que ce soit.
Sérieusement ?

« Grâce à nos super lunettes, vous allez pouvoir espionner vos futures conquêtes et ajuster vos propos et gestes afin d’obtenir d’elles ce que vous voulez, peu importe qui vous êtes réellement et si vous lui auriez plu ou pas » ?!

On n’est pas dans la rencontre ou le rapport de personne à personne, avec une alchimie qui s’établit ou pas, fut-ce simplement pour un soir : la femme est ici réduite en obstacle à conquérir, un de plus (« Winner! »), l’important étant d’utiliser tous les outils à notre disposition pour l’amener à satisfaire nos désirs. Peu importe qui elle est, la seule chose qui compte, c’est ce que veut notre « héros », et tous les moyens sont bons pour l’obtenir. Perso, désolé, mais je préfère encore rester seul.

Dans le futur, des geek beaux, riches et musclés utilisent la technologie pour humilier les autres au billard, et manipuler de jolies femmes pour qu’elles couchent avec eux, le tout sans que nul ne se doute de rien.

Édité par Keela

Discrimination salariale

Louise est ingénieure analyste informatique dans une société de services informatiques. Après son retour de congé maternité, elle s’estime victime de discrimination, à la suite de sa grossesse.

En février 2001, elle occupe le poste de chargée de formation au sein de la DRH de la société et part en congé maternité. A sa reprise en congé parental d’éducation à 80% en octobre 2001, Louise ne retrouve pas complétement son poste et effectue des missions ponctuelles. Elle ne réintégrera son entité d’origine que 2 ans et demi plus tard. Sa carrière s’en trouve ralentie.

L’enquête menée par le Défenseur des droits a démontré qu’au sein de la société, il existait des différences de traitement entre les hommes et les femmes à niveau de compétence et de formation égales. Il conclut que Louise a fait l’objet d’une discrimination fondée sur sa grossesse à son retour de congé maternité et d’une discrimination en matière de carrière et de rémunération fondée sur son sexe.

Le conseil des prud’hommes de Nanterre a condamné par un jugement de départage du 3 février 2012, la société à verser à Louise plus de 113 000 euros de dommages et intérêts toutes causes confondues.

SOURCE : http://www.defenseurdesdroits.fr/connaitre-son-action/la-lutte-contre-les-discriminations/histoires-vecues/une-societe-de-services

Au Gros Objectif

J’ai déjà envoyé un article, mais des anecdotes me sont revenues. J’ai travaillé en tant qu’extra dans un laboratoire photo, deux fois deux mois d’été, et quelques jours par-ci par-là, ça aide toujours à arrondir les fins de mois d’étudiante.

Quand j’ai commencé, je ne savais rien du domaine de la photographie, rien, nada, à part appuyer sur le bouton et hop la photo était prise. Pareil en ce qui concerne le domaine de la vente, j’ai tout appris sur le terrain. A la fin du premier mois, j’étais au point sur les bases, et si jamais j’avais besoin d’aide, eh bah, j’allais en demander. Statuons d’abord que dans ces magasins, sur 5 magasins, 1 seul a pour responsable une femme, mais que quasiment tous les vendeurs sont en fait des vendeuses. Parce qu’il faut « bien présenter », alors que le responsable, lui, répond aux questions les plus techniques. Il y a 1 vendeur à temps complet, et un qui avait été engagé il y a deux ans mais qui a rapidement abandonné, alors qu’on lui avait donné le poste de responsable même si il n’était là que depuis peu et que d’autres, femmes donc, avaient plus d’expérience.

Je vous passerais mes expériences avec l’un des responsables, extrêmement macho et qui me donnait les tâches les plus ingrates tout en accumulant les blagues graveleuses, je pense que le sujet a suffisamment été abordé. De même pour tous les clients plus absorbés par mon sourire/mes yeux/ ma féminité avérée que par mon discours.

J’adorais mon boulot, et si je suis partie c’est plus par mésentente avec la direction que pour le travail en lui même. C’est un métier où les sentiments sont forts: souvent, des personnes copient de vieilles photos, de moments heureux, ou de personnes décédées, on développe des photos de voyage, des mariages, bref, le contact est extra.
Et il y a les autres personnes. Ceux qui s’y connaissent et le font savoir, ou qui ne s’y connaissent pas mais s’y connaissent forcément plus que la vendeuse de 17-18 ans (heureusement que je fais plus âgée, même si pas assez pour faire crédible, visiblement). Beaucoup m’ignorent pour parler directement à mon responsable parce que ces messieurs veulent le best du best. C’est à dire, un homme, un vrai, qui a de l’expérience dans la photo, domaine d’hommes, vu qu’il dirige une bande de nanas. Je n’aime pas ces clients qui ont décidé que je ne pouvais pas leur fournir ce dont ils ont besoin, même quand il s’agit de choses simples. A noter que des femmes aussi font partie de cette catégorie….

Parmi eux, un acteur français, on a qu’à l’appeler M.Objectif. Ce cher monsieur a déposé sa commande de photos pendant ma pause déjeuner. Quand je suis retournée travailler, ma collègue m’a annoncé « M.Objectif est passé, c’est un gros client, tout doit être fait pile à l’heure sinon il fera un scandale ». Ravie de le savoir, je ne sais pas qui est ce monsieur. Elle m’a dit dans quoi il avait joué, toute aussi ravie, un client, c’est un client, acteur ou pas.
Plus tard dans la journée, un monsieur entre dans le magasin. Mon responsable est à la production (il s’occupe du développement des différentes commandes), ma collègue déjeune, je suis au comptoir, je l’accueille.

« Bonjour Monsieur !
-….
-… Bonjour ?
-…
– Je peux vous aider ?
-… Non mais euh geste vague vers mon responsable qui n’a pas tourné la tête
– Je peux faire quelque chose pour vous ? »

Intérieurement, je commençais à m’agacer. Mon responsable se tourne vers moi et cingle : « C’est M.Objectif, il veut ses photos ». Suis-je bête, je ne l’ai pas reconnu, cet acteur que je ne connais pas. Les joues rouges de m’être faite rabaissée devant un client, je sors les fameuses photos, et lui donne, attendant qu’il les vérifie pour l’encaisser. M.Objectif décide d’étaler ses photos une à une sur le comptoir. Certes, excusez-moi, je vais faire autre chose pendant ce temps là, pas très envie de faire la potiche. Je me remets au travail, pendant qu’il contemple son oeuvre.
Mon responsable va pour partir déjeuner. M.Objectif le choppe par le bras et lui déclare (je m’en souviendrai TOUTE MA VIE) :

« J’ai besoin d’un avis macho et viril pour mes photos »

J’ai eu l’impression de recevoir une claque. Il ne m’avait pas adressé la parole, m’avait ignoré, s’était conduit en buffle, parce que Monsieur ne veut pas avoir affaire à une femme, point à la ligne. Mon responsable lui a donc prodigué ses conseils pour choisir des photos DE SES FILLES pour en faire des posters. Oui, oui, un avis macho et viril pour faire des posters des photos de ses filles et leur offrir. Le père rêvé, hein.

Posters que j’ai dû, en plein rush de l’après-midi, mettre sous cadre à une cadence effrénée.
Arrive M. Objectif en fin de journée pour récupérer ses posters, déjà payés. Il me lance « Si on pouvait faire vite, parce que je tourne, là. » Au cas où je n’aurais toujours pas compris qu’il était bien, bien, bien plus important que moi.

Sachez que M.Objectif est revenu, et que je l’ai reconnu. Je lui ai tout de même demandé son ticket pour récupérer ses photos, alors qu’il soupirait. Puis, je l’ai regardé droit dans les yeux sans jeter un coup d’œil à son ticket, que j’ai froissé, puis jeté à la poubelle avant de lui récupérer ses photos.

Acteur à la grosse tête, ça peut passer. Acteur misogyne à la grosse tête, faut pas déconner.

Oui, le responsable était macho aussi. Mais j’ai quand même très mal vécu qu’il ne me soutienne pas dans cette situation, alors que dans un autre magasin, un responsable aurait répondu « Je vous laisse avec ma collègue, elle est parfaitement compétente pour répondre à vos question », c’est arrivé, souvent même. En plus de me laisser tomber, il a même participé, par ses réactions, à me faire me sentir comme le dernier des chewing-gums dégueulasses collés sous nos chaussures. Il m’a fallu un an pour prendre assez confiance en moi dans ce métier pour commencer à le remettre à sa place, et à ne plus me laisser faire du tout par ce genre de clients.

Édité par Mar_Lard

Le test de la ménagère

Lundi 13 janvier 2014, Commitstrip – « le blog qui raconte la vie des codeurs » – récidive :

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« Le test le plus difficile à passer » : créer une appli que même ces bécasses de « ménagères » puissent comprendre…C’est bien connu que les femmes n’utilisent aucune appli Internet…Et c’est quand même plus simple de faire porter la responsabilité de ses échecs à l’utilisateur en recourant à des clichés sexistes éculés, plutôt que de s’appliquer à concevoir une interface ergonomique…