9gag, entre exclusion et sexisme

9gag est un célèbre site d’images drôles, de memes divers et variés, comics humoristiques, bourrés de références à la culture geek-gaming, etc…
Cependant, y sont relayés parfois certaines images (je désignerai indifféremment BD, meme,… par le mot générique « image ») contenant des idées fausses et sexistes, notamment dès qu’il s’agit d’images ayant pour cible les n00bs ou les non-gamers. J’ai eu l’idée de suivre durant plusieurs jours, environ une semaine, toutes les publications sur 9gag. J’ai pu relever un nombre assez improbable d’images problématiques. Je commencerai donc par parler de quelques images sexistes, puis je finirai l’article par une critique un peu plus générale de l’organisation de 9gag.

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Celle-ci est évidemment très problématique. D’après cette image, les hommes se plaignent de ne pas avoir assez de jeux et les femmes pas assez de vêtements. Non seulement tous les hommes ne jouent pas aux jeux vidéo (alors que le titre est « One of the most accurate pictures I’ve ever seen. », soit « l’une des images les plus pertinentes que j’ai jamais vu« ) mais il sous-entend que les femmes ne jouent pas, et ne font que se soucier de leur apparence. Inutile de rappeler qu’en France, 52% des joueurs sont des femmes et 45% aux Etats-Unis. Ce genre de meme est donc tout simplement dégueulasse et à mille lieux de la réalité. D’ailleurs, se plaindre de ne pas avoir assez de jeux et, en même temps, de fringues n’est pas incompatible, comme le rappelle le premier commentaire (d’une femme) « Why not both ? »(« pourquoi pas les deux ? »). Quelqu’un lui répond « I want to do you both ways»(« je veux te prendre des deux façons »). Sympathique.

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Dans celui-ci, le titre est « Every gamer with girlfriend can relate. » (« tous les gamers avec une copine se reconnaîtront ») Cette image montre un gamer (homme) accompli qui perd en jouant à jeu de combat contre un non-joueur, représenté par une femme. Inutile de détailler davantage : le joueur homme joue avec sa copine qui, elle, ne sait pas jouer et gagne juste en martelant les boutons. A nouveau, des femmes rappellent qu’elles existent aussi. Et s’attirent immédiatement d’aimables remarques :
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Celle-ci m’a personnellement beaucoup amusé, et elle n’est bien sûr pas sexiste en elle-même. Sauf le titre « Pokemons according to my girlfriend» Ça aurait pu être « according to my friends », « to my parents » où n’importe qui d’autre qui ne connaît pas les Pokémon. Mais non, c’est encore sur la fameuse girlfriend que ça tombe. A nouveau, les commentaires féminins sont incendiés de réponses dégoûtantes.
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Dans ce type d’image, on retrouve à nouveau l’homme qui s’y connait en jeux-vidéo/informatique versus sa copine inculte et incompétente. On aurait pu imaginer l’inverse, pour changer. Mais non.

Il est étonnant de constater que même avec ce genre d’image, justement, beaucoup de femmes traînent sur 9gag, commentent, votent, interagissent… Comme quoi, tous ces efforts d’exclusions pour rester entre hommes ne suffisent pas à affaiblir leur passion.

Mais les violences verbales envers les femmes et les images sexistes ne sont pas les seuls problèmes de la communauté de 9gag. Les injonctions comportementales faites aux femmes sont également légions.NS7zV5U

J’ai pu découvrir des images résolument antiféministes.
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On peut également découvrir sur 9gag quelques images vaguement inquiétantes voire violentes gratuitement envers les femmes :

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J’ai gardé la pire image que j’ai pu voir pour la fin, selon moi, qui a également obtenue un certain succès.
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Cette image qui consiste à « analyser » toutes les femmes dans l’espace public et les réduire à une paire de seins et ou fesses est tout simplement répugnante. Elle rappelle que les femmes dans la rue ne sont pas libres : elles n’existent et ne sont autorisées à l’emprunter que pour le regard et la validation des hommes.
Toutes les images citées ne sont pas des images isolées dont personnes n’a tenu compte. Au contraire, elles sont visionnées et notées positivement par le public.

Comme promis, je fini l’article par un petit commentaire un peu plus général sur 9gag. Deux rubriques en particulier retiennent mon attention.

La rubrique « girl », avec en bonus l’usage du mot « fille » plutôt que « femme ». Je m’abstiendrai de débattre du principe d’un catalogue de femmes sexy sur lequel on peut commenter chaque image, car ce genre de chose n’est évidemment pas spécifique à 9gag… Je pense cependant qu’il pourrait au moins exister une rubrique du style « man », pour qu’au moins les femmes et les hommes non hétéros aient une page pour eux…

La rubrique cosplay, quant à elle, ne diffuse principalement que deux types de cosplay : quelques hommes bien badass en armures, et souvent recouverts entièrement, et surtout des cosplay de personnages féminins de la culture geek par des femmes tout aussi sexy que celles de la rubrique « girl ». Je me dois ici de prendre une précaution : le problème n’est pas les cosplayeuses de la rubrique, mais bien le « phénomène » qui fait que le seul type de modèle qu’on y voit sont les blanches, minces, en costume sexy, etc, et la constante validation des hommes, exprimée plus ou moins vulgairement.

En conclusion, je tiens à rappeler qu’un très grand nombre d’image sur 9gag ne sont absolument pas problématique et exclusives. Mais il y a quand même beaucoup de boulot à réaliser, comme par exemple la création de catégories autres que destinées uniquement aux mâles hétéros, ou une modération des commentaires répugnants que subissent les femmes qui tentent de participer. Bien entendu, la communauté doit elle-même changer aussi : arrêter de voter positivement les images sexistes, ne plus les poster, arrêter de harceler les femmes qui commentent, essayer de créer plus de diversité dans les modèles de la rubrique cosplay, etc… Du travail en perspective, mais qui sait, peut-être y arrivera-t-on un jour ?

Nathaniel

Édité par Mar_Lard

Les personnages féminins de WildStar

D’ici quelques jours, un nouveau MMORPG, WildStar Online, va sortir pour le plus grand bonheur de nombreux joueurs (dont moi !) qui l’attendent de pied ferme. Mais malheureusement, les -très- nombreux aspects positifs et enthousiasmants sont un peu entachés par un choix de character design assez fatiguant.

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En effet, le jeu se voulant d’inspiration très « comics », les développeurs se sont sentis obligés d’accentuer A FOND la sexualisation des personnages féminins. On constate, malheureusement sans surprise, un dimorphisme flagrant entre hommes et femmes chez les deux races de type « humains », mais cela devient encore plus hallucinant lorsque l’on passe dans les races extra-terrestres.
Les femmes de ces races sont systématiquement sexualisées de façon exagérée et dans un esprit qui dénote totalement avec l’esprit de la race. Les Granoks, ces monstres de muscles minéraux ? Leurs femmes sont vaguement épaisses mais ont surtout des lignes très marqués. Les Drakens, cette race d’humanoïdes mi-démons mi animaux, courbés et à l’air carnassier ? Leurs femmes se tiennent parfaitement droite, ont une poitrine généreuse et ces mêmes courbes qu’on retrouve dans tous les persos féminins du jeu.

Mais la palme va au duo de races Mechari/Chua qui représente la plus grosse ineptie du jeu à ce sujet. En effet, les Mechari sont, comme le nom l’indique, une race d’être mécanique, des robots, en somme. Des robots scindés en deux genre ? Mouais, déjà c’est étrange… Les « femmes » robots extrêmement sexualisées, avec des formes marquées, une poitrine forcément généreuse et des talons aiguilles (!!) ? Ca devient un peu cheulou. Mais cela prend toute sa saveur quand les Chua, cette race aussi adorable (à première vue) que déjantée et dangereuse, est composée d’espèces de petits hamster bipèdes dont le genre est indiqué comme étant non perceptible pour les autres races. Or si on peut saluer, de prime abord, le fait de ne pas se sentir obliger de genrer une race, vu le contexte expliqué ci-dessus, on peut se demander si c’est parce qu’il n’ont pas trouvé comment sexualiser des petits rongeurs…ou pas osés. A noter aussi que les Chua sont adressés aux masculin dans le jeu puisqu’on pourra lire que les PNJ les appellent « lad » (trad : « mon gars ») ou parlent d’eux à la troisième personne en disant « he ». Encore une fois, le neutre semble être considéré comme masculin.
Ainsi on a une espèce robotique qui est genrée (et sexualisée…) qui côtoie une race animale officielement non binaire.

Précision : il n’est bien sûr pas question de dire que les silhouettes en sablier n’ont pas leur place dans un MMO.
C’est juste qu’il serait agréable d’avoir un peu de variété, et pas TOUJOURS des personnages hommes aux physiques variés, à côté de femmes toutes représentées de la même façon.

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Variété !

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« Bon… On fait varier la taille et on dit que ça ira ? »

Édité par Mar_Lard

La beauté avant le talent

Dans le milieu des graphistes de jeux vidéo ou d’animation, le meilleur moyen de se faire connaître est de se créer un bon réseau en parlant avec les autres artistes ou tout simplement en laissant son travail parler pour soi.
Mais quand un artiste se met à vanter le travail d’une artiste après avoir vu un excellent court-métrage que la jeune femme a réalisé, bizarrement ce n’est pas de son talent qu’il parle en premier.

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« Aujourd’hui j’ai découvert cette jeune femme ! Elle est déjà assez connue mais pour ceux qui sont en retard comme moi, c’est l’heure d’apprécier ^^ Elle est jolie et aussi une super concept artist ! je suis jaloux… =^O^=. »

C’est vrai que c’est absolument capital de nous préciser qu’elle est jolie. Ah mais elle est talentueuse aussi hein !
A quoi ressemble Ami Thompson ? J’en sais fichtrement rien, j’en ai pas grand chose à faire de sa tête mais tout ce que je constate c’est que c’est effectivement une artiste hyper talentueuse qui dessine des personnages féminins comme ça :

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Bref, j’espère qu’Ami Thompson ira loin parce qu’elle est vraiment douée et ça serait bien que les autres artistes fassent attention à son talent plus qu’à sa tête même si heureusement ils sont pas tous comme ça.

Si son blog vous intéresse c’est par là: http://amithompson.blogspot.fr/

Édité par Mar_Lard

Madame et Canard PC Hardware

Si vous êtes passionnés d’informatique et de jeux vidéo, que vous êtes PCiste convaincu, comme moi, vous lisez peut-être des magazines, sites, forums, dédiés au hardware, histoire de bien choisir votre future config’, de connaitre l’actualité, etc… Pour ma part, c’est Canard PC Hardware. J’apprécie leur ton décontracté dans les tests, et leur sérieux dans les dossiers. Ainsi, on a souvent droit à des petites blagues dans les articles. Souvent, c’est drôle, mais parfois, ça l’est moins, quand le principe de la blague est sexiste. Peu de temps après avoir lu cet article, je suis moi-même tombé sur ça, rubrique guide d’achat, dans Canard PC Hardware n°20 (Avril-Mai) :

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Il y a deux problèmes avec cette « blague » :
– Canard PC Hardware suppose que tous ses lecteurs sont masculins & hétéros (mais tous en couple par contre, on garde seulement les clichés qui arrangent !). Même si c’était le cas (ça ne l’est pas), ce n’est pas en excluant les femmes ainsi que ça va changer.
– Selon Canard PC, « Madame » n’aime pas l’informatique. Non seulement, elle ne lit pas le magazine, mais surtout, elle n’aime pas ça. Elle supporte seulement son mari dans sa passion, fixant parfois des limites si le boitier ne va pas avec le papier peint. Qu’elle soit rassurée, celui-ci devrait aller.

La blague de la « Madame qui supporte les lubies de son mari » est une blague récurrente dans le milieu journalistique. Je ne lis régulièrement que Canard PC comme magazine, mais bien entendu ce ne sont pas les seuls à faire ce genre de blague très inspirée.

La capacité d’un objet d’être accepté par « Madame » porte même un nom, le Wife Acceptance Factor, ou WAF, et certains revendeurs  se font une joie de mettre en avant le WAF de leurs produits. On trouve également sur internet ce genre d’inepties.
Pour finir, voici le même boitier, chroniqué dans le numéro précédent…

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…pas besoin de blague sexiste ! [Note de la modération : Mais une blaguounette sur le Nord quand même – c’est que c’est dur de faire rire sans clichés éculés !]

Nathaniel.

Édité par Mar_Lard

L’enfer, c’est les autres

Depuis peu, je me suis mis à Dark Souls 2, qui a fait sa sortie sur PC. C’est une série qui me tient beaucoup à coeur ; sa difficulté, maintenant bien connue, en fait un jeu aussi crispant à la défaite que gratifiant au moment de la victoire, le combat est très technique et varié, l’histoire du monde est toujours très diffuse mais prenante et, surtout, le jeu est particulièrement safe au niveau de la représentation des femmes, surtout si l’on prend en compte que c’est un jeu japonais (qui, avouons-le, ne sont pas encore au point de ce coté). Voici par exemple des tenues pour les persos féminins (en provenance du premier Dark Souls) :

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Pas de décolleté, de “window boob” et autre string de combat, on a là un équipement véritablement adapté et c’est très bien. Le jeu ne posant donc pas vraiment de soucis, le problème se trouve plutôt du coté des joueurs, qui se jettent sur le moindre personnage féminin pour assouvir leur besoin d’humour gras. Avant d’en arriver à Dark Souls 2, faisons d’abord un petit tour d’horizon du premier opus.

Dans Dark Souls, on ne rencontre que deux personnages féminins, l’un étant Queelag, la sorcière du chaos, arborant une tête et un buste de femme (nu, mais ses seins sont couverts par les cheveux de la sorcière) posés sur une araignée enflammée géante. Je ne suis pas encore tombé sur quoi que ce soit de notable la concernant, le sujet d’attention étant surtout le second personnage, l’imposante Gwynevere :

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Comme on peut s’en douter, sa poitrine fait bien sûr l’office de moults plaisanteries et fantasmes dès que l’on trouve un forum l’abordant. Le pire que j’ai pu entendre était lors d’un speedrun, commenté par deux français. Gwynevere donne un objet important pour continuer la quête du jeu, mais en cas de speedrun, la discussion est une perte de temps considérable, certains donc lui tirent une flèche dessus avant que la discussion ne s’engage pour récupérer de suite l’objet, ce qui est, selon l’un des commentateurs, le jeu de “crevez les ballons”.

Prenons une seconde pour apprécier ce trait d’humour.

Ceci fait, on trouve également un peu de transphobie. Cet article  parle de secrets disséminés dans le jeu, et ouvre la voie en présentant un boss optionnel, Gwyndoline, qui, pour la petite histoire, est la soeur de Gwynevere mentionnée plus haut, née homme mais élevée comme une fille par son père. L’auteur, sous couvert d’humour, termine la présentation de ce secret par “So don’t feel too bad about slaying the nice lady. She’s just a dude in disguise..”, qui se traduit donc par “Ne vous en voulez pas trop d’occire la gentille game. C’est juste un mec déguisé…”. En parcourant les commentaires, on aperçoit d’ailleurs quelqu’un pointant le coté offensant de cette “blague”, qui se fait répondre d’un pavé lui expliquant que “le personnage ne la tue pas parce que c’est un travesti”, occultant ainsi totalement le problème posé par la phrase de l’auteur.

Voila déjà pour le premier opus, je vais maintenant aborder le souci du deuxième, qui est l’interaction avec les autres joueurs. Dans la série des Dark Souls, les joueurs jouent en ligne en même temps, ce qui fait qu’il n’est pas rare de voir “son” monde être envahi par un autre joueur. Dans le 2 (tout comme dans le 1), on a également la possibilité de laisser des messages au sol. Ces messages ne peuvent être constitués qu’avec un panel bien précis de mots, donnant des phrases du type “attention danger droite” ou encore “trésor devant donc hourra”. Bien souvent, ces phrases sont utiles (signalement d’une embuscade ou d’une faiblesse particulière de l’ennemi) voire drôles (voir “vision de désespoir” ou encore “chagrin…” avant d’entrer dans la pièce d’un boss me fait toujours un peu pouffer), mais dans d’autres cas, absolument aucun des deux. A ce stade de ma progression, je n’ai rencontré que deux personnages féminins d’importance : la messagère d’émeraude, une femme rousse présente au seul havre de paix du jeu et Licia, une prêtresse vendant des sorts. Pourtant, ces deux personnages font l’objet de nombreuses “plaisanteries” alors que je n’ai bizarrement trouvé aucun message près des PNJs masculins. Petit florilège des messages trouvés près des personnages au grès de mes parties (les messages vont et viennent) :

Licia :
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Messagère d’émeraude :
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On appréciera l’effort d’inventivité, certains ayant apparemment beaucoup de temps à perdre. Le fait de laisser de tels messages n’est pas l’unique problème. Comme on peut le voir, ces messages peuvent être “approuvés” par d’autres joueurs les lisant.

Comme je l’ai dit plus haut, j’aime énormément la série des Dark Souls, notamment parce que ce sont des jeux relativement exempts de sexualisation. Pourtant, certains joueurs ne se privent pas pour se lâcher dès qu’un personnage féminin fait son apparition, et peuvent même se donner une bonne tape sur le dos en approuvant les messages des autres. Il est malheureux qu’une expérience de jeu soit gâchée par des personnes amenant avec eux leur sexisme primaire dans un environnement qui est loin de s’y prêter à la base.

Édité par Mar_Lard

Infectonator : Sexisme

Infectonator : Survivor est un jeu style tower défense / survival horror qui est sorti il y a quelque temps sur steam
Le but est de gérer un groupe de survivant durant une apocalypse de zombie. On doit parcourir une ville à la recherche de ressources (essences, vivres, argents) pour faire survivre le groupe le plus longtemps possible. On recrute d’autres survivants et on les fait monter de niveaux.

Dans le groupe de départ nous avons un scientifique, un ouvrier, un policier et….un fille juste une fille…. pas un métier ou quoi que ce soit juste une fille..

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« Un scientifique, un ouvrier, un flic et un fille. Quatre survivants différents doivent travailler ensemble et trouver un moyen de survivre. »

Non, pas juste une fille, si on prend en compte la (petite) description du personnage, elle est blonde.

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Et le policier, il a quoi comme description?

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« Un officier de police du commisariat local. Bien entrainé aux armes à feu et au corps-à-corps »

On en conclura ce qu’on en voudra.

Une dernière chose, les précédents jeux Infectonator avaient l’habitude d’afficher les scores du joueurs avec une journaliste à la poitrine bien mise en valeur.

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Et pour la transaction de 10€ dans le jeu, vous obtiendriez des costumes supplémentaires à mettre sur la journaliste (c’est pas une blague).

Édité par Mar_Lard

Les technologies, un milieu d’hommes (marge d’erreur : 2%)

Le programme du BreizhCamp 2014 vient de sortir : 2 jours et demi de conférences et ateliers à Rennes pour découvrir et parler de technologies (Java, Ruby, HTML5…). Le hic ? Une seule femme est intervenante, contre une cinquantaine d’hommes.

Le BreizhCamp fonctionne par un système de soumissions volontaires : les organisateurs reçoivent des propositions de talks et sélectionnent ceux qui leur semblent les plus pertinents. Ici, l’inégalité est flagrante, bien plus importante que la proportion réelle de femmes dans le domaine. Que le biais vienne de la sélection (comité composé essentiellement d’hommes), des propositions reçues, de la communication en amont ou du déficit de femmes dans le milieu, le fait est qu’il y a une sous-représentation des femmes dans la technologie.

Le déficit paritaire flagrant était déjà présent lors des deux précédentes éditions, que ce soit au niveau des intervenant·e·s que des participant·e·s. Personne ne semble prendre conscience du problème ou même percevoir qu’il s’agit d’un problème.

Malgré quelques « maladresses » (photos ou ton déplacé), la communication du BreizhCamp est plutôt neutre – en tout cas difficilement qualifiable de sexiste ou machiste. Cependant, le constat est là : les femmes désertent ce type d’événements. La neutralité est-elle suffisante pour permettre aux femmes de s’approprier ou se réapproprier ce domaine ?

Dernière chose : un des talks animés par la seule intervenante se nomme « Une fille dans mon équipe ? » et veut mettre l’accent sur la visibilité des femmes dans le milieu de la technologie. Ironique, non ?

[ERRATUM] Il y a en fait trois femmes sur la cinquantaine d’intervenants : Cécilia Bossard, Claude Falguière et Ly-Jia Goldstein.

Jeux de combat et complaisance journalistique

Le 15 avril 2014, Bandai Namco a publié une vidéo du prochain Soul Calibur, nous présentant le personnage de Taki :

Bien entendu, l’hypersexualisation des personnages féminins dans les jeux de combats, aux poitrines totalement improbables et aux corps infiniment souples, capables de se contorsionner de façon irréaliste est régulièrement dénoncée, notamment sur ce site, ainsi il ne s’agit pas uniquement dans cet article de répéter ce qui a déjà été dit.

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Ce qui m’intéresse à partir de maintenant sont les réactions des (gros) sites de jeux vidéo généralistes français. Au moment où j’écris cet article (2 jours après la sortie de la vidéo), j’ai exploré les sites suivants :
jeuxvideo.com
jeuxvideo.fr
Gameblog
jeuxactu.com
Le journal du gamer
Seuls jeuxvideo.com, Gameblog et jeuxactu.com ont actuellement publié une news concernant la vidéo en question, et les réactions sont toutes très similaires. Les autres n’ont pas (encore) parlé de la vidéo.
Ainsi, jeuxvideo.com nous renomme la vidéo avec un petit jeu de mot « Taki plus en formes que jamais » et commente « C’est au tour de Taki de mettre en avant ses gros atouts dans le prochain SoulCalibur free-to-play. »
Plus sobrement, Gameblog conclut sa news par « Qu’à cela ne tienne, on vous laisse profiter de la démonstration de force de Taki car elle a des arguments de poids. »
Quant à jeuxactu.com, le style est plus franc « Taki dévoile ses gros atouts en image et en vidéo ».
Sur les trois sites (qui sont parmi les plus fréquentés sur ce sujet, rappelons-le) qui ont parlé de la vidéo, les trois se sentent obligés de commenter avec humour la poitrine de la combattante. Aucun ne se sent obligé de dénoncer ce genre d’hyper-sexualisation, ou alors d’avoir au moins la décence de ne pas en rire avec complaisance.

En bonus et pour conclure cet article je vais passer en revue deux arguments qu’on a pu me tenir lors de discussions animées ou que je j’ai pu lire parfois, censés nous expliquer pourquoi les jeux de combats présentent de tels stéréotypes. Ainsi, ces arguments ne cherchent généralement pas à nier, mais plutôt à justifier la chose, ou en diminuer la gravité, ou alors se déresponsabiliser. Je vais donc les commenter l’un après l’autre. Je précise également que c’est ma vision personnelle de la chose, et l’on peut certainement me compléter.

– « Certes, les femmes des jeux de combats sont sur-sexualisées, mais tu oublies que les hommes subissent le même traitement : gros muscles, etc… ! » Certes, mais ce n’est pas équivalent : les femmes des jeux de combats sont clairement modélisées pour le regard masculin. Cependant, les personnages masculins ne sont pas destinés au public féminin. Les grognements et muscles bien virils sont également destinés aux hommes, censés vouloir incarner un personnage qui répond à des critères de masculinité idéale.

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– « Certes, les femmes des jeux de combats sont sur-sexualisées, mais tu oublies qu’en même temps c’est des femmes fortes, autant que les hommes qu’elles affrontent ! » Ma première réaction quand j’entends ce genre d’argument : « Encore heureux, étant donné que la base d’un bon jeu de combat est l’équilibre ! » Ma seconde est que le fait que les femmes présentées soient fortes n’efface pas le sexisme dans leur représentation. Une femme ne peut-elle pas être forte sans pour autant avoir des caractéristiques sexuelles aussi exacerbées ? Les deux choses sont-elles fatalement indissociable ? De plus, je ne joue pas beaucoup aux jeux de combats, mais j’ai pu remarquer que le style de combat des personnages féminins est souvent très sexué lui-aussi, avec une forme d’érotisation du combat : souplesse, déformations corporelles excessives…. La technique de « je t’enlace les jambes autour de la tête » semble également faire partie de leurs techniques ancestrales. D’une manière générale, alors qu’un homme utilisera ses poings, sa force brute, une femme  aura plus tendance à utiliser son corps directement, allant pleinement au contact de l’adversaire.

Quoi qu’il en soit, la représentation des femmes dans ces jeux me paraît très problématique, et quand je vois les derniers jeux de combats qui sortent, je n’ai pas l’impression qu’il y ait la moindre amélioration de ce côté-là, comme si le jeu de combat pouvait indéfiniment échapper aux critiques, de plus en plus nombreuses et construites, de la représentation sexiste des femmes, là où d’autres jeux commencent éventuellement à faire des efforts.

Nathaniel
Édité par Mar_Lard

Xcom : quand le sexisme est dans la traduction

Depuis quelques temps, je découvre le jeu XCOM : Enemy Unknown. Dans ce jeu, il faut constituer une petite équipe de militaires (entre 4 et 6 personnes) pour vaincre une invasion alien. Certes, le scenario ne casse pas trois pattes à un canard, mais ce qui rend le jeu intéressant c’est de voir évoluer son équipe, de s’’y attacher, et d’éviter de les voir mourir. En effet, la mort est permanente. On fait donc de notre mieux pour les protéger, en sachant que toute erreur peut être fatale.

Afin de permettre une plus grande proximité avec notre équipe, le jeu crée aléatoirement des personnages très différents : ils ont tous un nom, un pays d’origine, un genre, une couleur de peau spécifique. C’est d’ailleurs ce que j’ai apprécié en premier dans le jeu : il y a environ autant de femmes que d’hommes, de nombreux pays d’origine, etc. Bref une vraie diversité.

Lorsque le personnage monte en grade, il gagne également un surnom. Ce surnom est choisi dans une liste d’une grosse trentaine selon sa classe et son genre. Certains sont mixtes ou presque (par exemple « Lapin » et « Lapine », ou « Chaussette », oui chaussette, qu’on retrouve dans les deux genres). J’ai donc vu tomber les surnoms petits à petit. Viking, Combo, Vampire, Disco… Jusqu’à voir « Blabla » sur une des femmes.

Différents surnoms: Viking, Combo, Disco, Vampire et… Blabla

J’ai été étonnée, vu le niveau plutôt correct du jeu niveau sexisme en général. A ce moment là, je ne connaissais pas la liste des surnoms, et j’ai donc cherché dans les fichiers du jeu si elle existait et, si oui, si les surnoms étaient neutres ou genrés.

De fait, la liste est bien scindée en deux, avec des nicknames pour les hommes, et d’autres pour les femmes. Et en la parcourant, je vois deux autres surnoms bien stéréotypés : « cuisinière » et « poupée »

Outre le côté problématique de ces trois surnoms, ils sont surtout étrangement seuls, dans une liste tout à fait acceptable. C’est sans doute cela qui m’a mis la puce à l’oreille, mais j’ai eu envie de comparer la liste française à la liste en VO. Ce qu’on y voit est assez étrange. La plupart des noms sont traduits le plus simplement, certains n’ont simplement pas changé, mais les deux surnoms spécifiquement gênants n’ont rien à voir avec la version d’origine :

  • “Blabla” était à l’origine “Cairo”
  • “Cuisinière” était à l’origine “Skinner”
  • “Poupée” était à l’origine “Voodoo”

Alors que j’allais accuser le jeu de sexisme facile, il semble que la faute incombe à l’équipe de traduction. Chacun peut d’ailleurs le vérifier facilement dans les fichiers du jeu. Je comprends qu’on puisse avoir du mal à traduire ou adapter « Cairo », mais « Blabla » ? Et « Skinner », un classique des films américains, devenir « Cuisinière » alors qu’il aurait suffit de le laisser comme ça et qu’il a été traduit pour les hommes par… « Dépeceur » ? Quand à « Voodoo », qui reste « Vaudou » pour un homme, et devient « Poupée » pour les femmes parce que « poupée vaudou ahah qu’est-ce qu’on se marre » ?

Je ne dis pas que Xcom est parfait, avec son ambiance militaire, mais il faut reconnaître un qu’un vrai effort a été fait au niveau des représentations. Je trouve donc d’autant plus triste que l’équipe de traduction se soit visiblement fait plaisir pour ajouter volontairement du sexisme là où il n’y en avait pas à la base.

Gine de Dragon Ball, petit cordon bleu au tranchoir selon Konbini

Je suis tombée, en ce beau 8 avril 2014, sur un article du site Konbini.fr (Dragon Ball : 30 ans après, Akira Toriyama dévoile la mère de Sangoku) dévoilant aux yeux de nombreux fans de Dragon Ball, dont je fais softement partie, qui est la mère de Sangoku.

L’auteur, pour ne pas le paraphraser, nous dit :

Depuis la création de l’univers en 1984 jusqu’aujourd’hui, personne n’avait jamais vu la génitrice du jeune guerrier Saïyen. Et si l’on connaît son balafré de père, à l’âpre nom de Baddack (ci-dessous en image), la figure maternelle n’est quasiment jamais évoquée lors de l’intrigue. Les fans français ont pu découvrir la mère de Sangoku pour la première fois grâce à un tweet de @Newsmangajapon, dont l’image intégrée est reproduite ci-dessous.

Jusqu’ici, je n’ai pas grand-chose à redire, à part tout de même qu’il ne s’agit pas de « Baddack » mais de « Bardock. » Je suis plutôt excitée d’en apprendre plus sur la mère de Sangoku mais je déchante rapidement à la vue de la fameuse image, ou plutôt de la légende qu’en a fourni l’auteur. Quelle n’est pas ma surprise de lire : « Gine, la mère de Sangoku, qui prépare une sorte de dîner et serre son homme Baddack dans ses bras (Crédits image : Akira Toriyama). »

Dessin de la mère de sangoku accompagné de sa légende sexiste: « Gine, la mère de Sangoku, qui prépare une sorte de dîner et serre son homme Baddack dans ses bras »

Je regarde à nouveau l’image, puis encore une fois la légende, de nouveau l’image, la légende, l’image, la légende, etc. Non, décidément, il y a un problème. Vous ne le voyez pas ? Je pense que les plus attentif/ves d’entre vous ont déjà deviné… Oui, vous avez bien vu : mais à partir de quoi donc peut-on conclure de l’image de Gine qu’elle est en train de cuisiner un repas ? D’accord, vous ne parlez pas japonais, mais je vous rassure, moi non plus et pourtant une analyse un minimum fine de l’image suffit à elle-seule à comprendre que la légende ne décrit absolument pas correctement Gine. Cette légende n’est que le résultat des stéréotypes sexistes et des idées préconçues de l’auteur qui veut qu’une femme qui touche à des aliments est forcément en train de faire la popote, bien entendu pour son guerrier de mari, qui doit être bien fatigué d’avoir bastonné des ennemis pendant son voyage.

Observons de plus près l’image, ce que j’ai fait et refait dans un premier temps pour être bien sûre de moi. Observez la nudité de la salle (pas très cosy pour un chez-soi). Observez la rue sur laquelle donne cette pièce à ciel ouvert, pleine de badauds. Observez la femme qui choisit une tranche sur l’étal de viande. Observez la quantité industrielle d’os jeté dans le coin « poubelle ». Observez l’absence d’autres ingrédients permettant de mitonner un repas.

Non, décidément Gine ne fait pas « une sorte de dîner ». Aucun élément ni de l’image seule ne nous permet de faire une telle extrapolation. Gine semble tout simplement être bouchère.

Il est très facile de sortir l’argument habituel, mais qui pour le coup fonctionne très bien : un homme, dans cette situation, aurait-il été décrit comme préparant « une sorte de dîner ? » Absolument pas, on l’aurait immédiatement replacé dans son contexte : au travail dans une boucherie.

J’ai immédiatement fait part de mes réflexions sur la page Facebook de Kombini FR et je leur ai interpellés sur Twitter. L’auteur m’a gracieusement répondu, d’une réponse qui, au-delà de l’erreur de légende, nécessite une analyse à elle seule, tellement elle est représentative du sexisme dans lequel la geekosphère baigne.

Bonjour Solène,

C’est moi-même qui ai rédigé l’article. Je peux vous assurer qu’en aucun cas je n’ai sous-entendu une quelconque remarque sexiste liée à la condition de femme de Gine.

Après, comprenez que je n’y suis pour rien : elle prépare effectivement la nourriture. Aussi, les femmes sont souvent reléguées à ce rôle dans Dragon Ball, une série assez peu progressiste en matière de couple. Souvenez-vous : Chichi, la femme de Sangoku, est une caricature de femme au foyer, réduite au ménage et à la cuisine. Encore une fois, je n’y suis pour rien.

Ce n’est pas moi qui suis sexiste. C’est peut-être plutôt la situation dans laquelle Toriyama illustre certains de ses personnages qui vus gêne.

Bien à vous,

Theo

J’ai trouvé cette réponse de très mauvaise foi. Non seulement il ne prend absolument pas en compte l’environnement dans lequel Gine est représenté et que j’ai décrit mais il prend pour prétexte que si une autre femme est une caricature de la bonne ménagère, alors les autres femmes, donc Gine, doivent elles-aussi être pareilles. Or Chichi est plutôt une exception parmi les personnages féminins de Dragon Ball. Si le manga n’est effectivement pas du tout dénué de sexisme (personnages féminins minoritaires, machisme des personnages masculins, etc.), les femmes y ont souvent des caractères travaillés et intéressants, qui ne les réduisent pas au rôle de ménagère. Bulma est une inventrice hors-pair et a un sacré caractère. Lunch a une double personnalité, tantôt douce et naïve dans sa version cheveux foncés, tantôt vulgaire et violente dans sa version cheveux clairs. C-18 est une guerrière qui ne ménage pas son compagnon Krilin. Il y en a d’autres mais, à part Chichi, peu de personnages féminins peuvent se résumer à faire la popote à la maison.

Voici le raisonnement à l’œuvre : parce que les femmes sont généralement comme ci ou comme ça, je peux me permettre de ne pas prendre en compte les particularités de chaque individue dans une situation donnée et la déposséder de ses véritables attributs… Pire, l’auteur prétend que sa description sexiste est le fait d’Akira Toriyama sur lequel il se dédouane totalement alors qu’il l’a totalement inventée, aveuglé par une mentalité sexiste, qui sera ensuite largement véhiculée. L’article a en effet été partagé pas moins de 19 000 fois.

J’ai répondu sur Facebook avec davantage d’arguments encore. Les fans Français n’ont apparemment pas tardé à récupérer des scans du chapitre et à en faire une traduction en français. Il n’y est nulle part question d’un quelconque dîner ou de quelqu’autre élément permettant de conclure péremptoirement que Gine en cuisine un.

De plus, la biographie de Gine a été éditée le 9 avril 2014 sur Dragon Ball Wiki. Ironie de la chose, la même image de Gine est ainsi légendée : « Gine working at the meat distribution center ». Gine est soldate et employée de boucherie. Exit le dîner, je pense qu’on ne peut pas être plus clair.

Légende sur dragonball.wikia.com : « Gine working at the meat distribution center »

Pour conclure, « Gine, la mère de Sangoku, qui prépare une sorte de dîner et serre son homme Baddack dans ses bras » est une légende qui à elle-seule résume parfaitement le stéréotype sexiste pesant sur la fêêêêêêêêmme parfaite dans la société patriarcale. La Sainte Trinité : mère, ménagère et épouse de..… C’est aussi simple que ça, et c’est plus que lourd.

Édité par Alda