Artistes de la drague

C’est à nouveau une anecdote arrivée en jouant à Killing Floor que je vais partager.
En joignant une partie au hasard, je suis tombé sur la discussion la plus absurde jamais rencontrée dans ce jeu. Au moment même où je venais d’entrer dans la partie, deux personnes étaient en train de discuter, et je suis tombé vers la fin de la discussion, l’un d’eux statuant “De toute façon, la confiance en soi c’est très important pour plaire à une fille.”, sans doute histoire de montrer à son interlocuteur qu’il en connaissait un rayon. La partie s’annonçait difficile, et le fait que j’arrivais au moment des vagues les plus dangereuses n’y était pour rien…

Parce que commencer une partie avec deux personnes s’échangeant des conseils de drague éculés n’est pas le pire, le pire étant quand j’ai compris que la fille en question était toujours de la partie, et qu’ils l’interrogaient nombre de fois tout en étant dans le feu de l’action. Pour préciser un peu plus le contexte, la fille jouait Berzerk, une classe spécialisée au corps-à-corps, qui reste quasi-toujours en première ligne pour déblayer les “zeds” les plus faibles et “stun” les plus gros grâce à ses aptitudes. Les deux dragueurs en herbe (tout du moins un en herbe, l’autre certainement en compost) étaient quant à eux médics.

Nous avons donc un personnage en première ligne, se prenant constamment ou presque des dégats, et à l’arrière deux médics, censés résoudre ce fâcheux cas de figure, mais qui préfèrent discuter entre eux tandis que le reste de l’équipe se retrouve souvent à l’agonie en l’attente d’un heal salvateur, parfois dirigée justement par la fille en question (qui donnait des ordres parfaits tout en hachant du “zed”). Cette partie a été du gros n’importe quoi (bien que remportée) parce que les heals ne faisaient pas leur boulot, et préféraient impressionner la joueuse, comme par exemple dans ce bout de conversation (à la base en anglais) :

“Ça fait combien de temps que tu joues ?”
“Environ 3 mois”
“Ha, moi je joue depuis 3 ans !”

J’ai bien tenté de calmer le jeu en glissant un “Vous pourriez lui foutre la paix et healer plus ?”, mais n’ai reçu aucune réponse.
Ce qui me choque le plus ici, ce n’est pas, encore une fois, que certains prennent la peine de s’arrêter totalement de jouer, sous le feu ennemi, pour chatter (et principalement écrire des idioties), mais qu’ils s’échangent des “bro-stuces” pour choper alors que la fille est -toujours- là. C’est comme si elle n’existait pas, qu’elle n’était qu’un vague sujet de test. Par contre, elle existe quand on a envie de savoir depuis combien de temps elle joue, ce qu’elle fait dans la vie ou encore où elle avait passée ses dernières vacances.

Bien que le jeu soit basé sur la coopération, à part aux plus haut niveaux de difficulté, les gens parlent très peu, car ceux avec un peu d’expérience connaissent les endroits clés des maps et les rôles qu’ils ont à y tenir. Pourtant, il suffit d’une fille pour que certains ne s’arrêtent pas de parler inutilement, alors qu’ils pourraient juste la considérer comme une joueuse, au lieu d’un coup potentiel.

Tâter le terrain

Pendant longtemps, car ce fut parmi mes premiers pas dans le monde « geek, » j’ai participé au forum du webzine « 42 » et ainsi qu’au webzine lui-même dans les derniers mois de sa publication. Ce forum a connu bon nombre de remous et de discutions engagées (et enragées) lorsque des remarques sur le sexisme dans les jeux vidéos se faisaient entendre.

Chaque fois qu’une des vidéos d’Anita Sarkeesian, sur sa série « Tropes vs Women in Video Games » sortait, les voix les plus virulentes étaient celles des levées de bouclier, et chaque fois il fallait tout ré-expliquer depuis le début. L’objectification, l’idéalisation, le male gaze et autres « bases » avaient droit à leur come-back pour chacune des vidéos. L’article bien connu de Mar_Lard a également eu le même effet, a amené aux mêmes explications encore et encore, aux mêmes levées de bouclier et, comme à chaque discussion sur le sexisme, toute les critiques imaginables faites au féminisme.

Suite à ces déchaînements, le forum semblait s’être calmé, même si, malheureusement, les deux « camps » restaient sur leurs décisions. Le forum — semblait — s’être calmé. Jusqu’à ce que, par-ci par-là, des tentatives de troll ne surviennent, comme pour jauger la situation, voir si l’on pouvait taper sur les féministes du forum sans se prendre une tape sur les doigts. Quelques fois j’ai tenté de répondre, mais on m’a fait comprendre que je réagissais « trop brusquement ».

Finalement, j’ai arrêté de participer à la vie du forum lorsque ces deux images ont fait leur apparition sur un topic dédié aux images amusantes :

Quand j’ai fait remarquer une tentative de troll, on m’a donné comme explication :

Les deux qui pourraient paraître « anti-féministe » c’est du second degré. On se vautre dans la facilite et c’est presque plus drôle que la blague de base.

Ou encore :

Moi je suis féministe, pour l’égalité, tout ça, mais j’ai trouvé les images rigolotes. L’auto-dérision, c’est cool.

C’est toujours la même chose, soit on ne comprends pas le second degré, surtout lorsqu’il est aussi évident (tousse) ou alors on n’a pas d’humour. Du coup, cela faisait quelques mois que je n’étais pas retourné sur le forum, et quand l’envie m’a pris d’y refaire un tour, sur le même sujet, le dernier post contenait ce montage :

Chiennes de garde

Après toutes les discussions qui avaient eu lieu, une attaque gratuite contre Mar_Lard revenait. Mais ce qui m’a le plus choqué, c’est que je reconnaissais l’image, qui provenait de ce tumblr « Les Concours débiles de CPC où CPC proposait un concours, un florilège d’images, parfois excellentes, reprenant en français intégral des jaquettes de jeux vidéo en anglais. Parmi toutes les images qu’il y avait, parmi les bons jeux de mot sur les titres de jaquettes qui se trouvaient dans la liste, celle la plus digne d’entrer dans la catégorie « image amusante » était celle qui avait le moins à voir avec le but originel du concours, et qui n’était qu’une « blague » mesquine.

C’est pour cette raison que je ne participerais plus au forum. Et c’est aussi pour cette raison que je trouve dommage qu’une communauté, qui pourtant était vivace, emplie de membres amusants, intelligents, perde des membres en se laissant gangrener par des personnes qui aiment à rire entres elles au dépend d’autres.

Parler du sexisme et de la représentation des femmes dans les jeux vidéo n’est facile nulle part. En faire prendre conscience est d’autant plus difficile. Je pense qu’une femme aura du mal à se sentir bienvenue sur quelconque forum présentant ce genre de « blague » et où la voix de quelques trolls est finalement plus à l’abri de celles tentant de s’en défendre. Le premier pas serait de reconnaître la réalité du sexisme dans le monde du jeu vidéo, et de respecter les personnes qui choisissent d’en parler, plutôt que de les faire taire à grand renfort de prétendu second degré.

Édité par Alda

Les babes font fuir le public

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Article de Spencer Chen sur TechCrunch.

Les « booth babes » sont de belles jeunes femmes court vêtues employées par certaines entreprises pour « décorer » leur stand lors de conventions, dans l’espoir d’attirer le chaland (forcément masculin, hétérosexuel & dépourvu de tout esprit critique à la vue d’un décolleté). Une pratique peu glorieuse des milieux tech & jeu vidéo, mais que certains défendent sous prétexte de « marketing ciblé » ; puisqu’on considère que seuls des hommes hétéros vont aux conventions, autant tout saupoudrer de jolies filles pour leur plaire (et tant pis si c’est sexiste et ostracisant pour les autres publics).

Sauf que…les booth babes semblent totalement inefficaces pour attirer le public. En réalité, elles seraient même contre-productives.

Pour vérifier ce qu’il soupçonnait déjà au vu des mauvaises performances globales des stands à booth babes, Spencer Chen a mené des expériences comparatives: deux stands au sein d’une même convention, l’un animé par des babes, l’autre par des personnes recrutées pour leur connaissance du milieu. Les résultats sont accablants : les stands à booth babes attirent trois fois moins de public et récoltent moitié moins d’opportunités de réseau (cartes de visites, formulaires d’information, etc).

Pourquoi ?

Parce que, de leur propre aveu, les babes ont plutôt tendance à intimider les visiteurs.

Parce qu’elles sont recrutées d’abord sur leur sex-appeal, plutôt que sur leur connaissance du produit ou leur capacité à convaincre le public.

Parce qu’employer des babes ne renvoie pas une image de professionnalisme, mais plutôt de cache-misère; que peut on attendre d’une compagnie qui emploie des hôtesses dénudées en guise d’arguments de vente ? Les professionnel-le-s qui cherchent à nouer des contacts dans ces salons ne s’y trompent pas.

Parce que les professionnels de bas étage effectivement attirés par les babes s’intéressent plutôt à leur plastique qu’au produit, et ne représentent pas des opportunités intéressantes…

Alors, chères compagnies qui s’obstinent à décorer leurs stands de babes alors même que ces pratiques sexistes sont dénoncées partout, on peut arrêter de se cacher derrière le marketing ciblé maintenant ?

Pas de filles chez Machinima

Donc, dans d’étranges circonstances, je me suis retrouvé sur la page d’accueil de Machinima. Pour ceux qui ne connaissent pas Machinima, il s’agit d’une chaîne de contenus autour du jeu vidéo.
Et voici la toute première phrase de leur site : « Machinima est un groupe média dans le domaine du jeux vidéo qui vise les jeunes HOMMES du monde entier. »

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Dans leur « À Propos » on trouve : « Machinima possède des séries, du contenu original, des programmes hebdomadaires et quotidiens, du contenu officiel d’éditeurs, et des vidéos de gameplay – tout pour gâter les HOMMES de 18 à 34 ans. »

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Tu remplaces homme par joueur (ou gamer car gamer est neutre) et le sexisme disparait… pas compliqué…

En fouillant un peu plus sur leur site, j’ai regardé leur audience…
77% sont des hommes. Ce qui me choque, ce n’est pas le fait qu’ils le montrent mais plutôt comment ils l’affichent : En gros, au milieu et en rouge….

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Sûr qu’en ostracisant soigneusement le public féminin de la sorte, c’est facile ensuite de prétendre « mais les femmes ne s’intéressent pas aux jeux vidéo, c’est comme ça ! » Notez que même si elles ne sont visiblement pas les bienvenues chez Machinima, les femmes représentent tout de même un quart de son public…

Édité par Mar_Lard

Gay Guy Ubisoft

Chez Ubisoft, ils étaient frileux. Il leur semblait compliqué de mettre en scène une femme comme personnage principal d’un Assassin’s Creed. C’était une question « difficile ». « Tout ça a été décidé il y a des années, nous n’avons à aucun moment pensé : est-ce que ça pourrait être une femme ? » Le directeur artistique sous-entendait même qu’une femme assassin rendrait le jeu plus difficile à vendre. Pourtant, ils n’avaient pas mis de côté ce concept.

Ainsi, il est possible de jouer Aveline de Grandpré dans Assassin’s Creed Liberation. Elle sait aussi bien se défendre que les avatars masculins et a le mérite de ne pas être hypersexualisée. Ubisoft présente avec elle une héroïne métisse, représentant une minorité encore trop peu présente dans les avatars des jeux vidéo.

Malheureusement, certains joueurs le regrettent :

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« Bon gars Ubisoft : Fait un jeu avec protagoniste féminin, ne la sexualise pas outrageusement » :
« Je ne peux pas me branler là-dessus »
« Elle a des nichons plats »
« Elle est super moche »
« Je trouverais une façon de me branler là-dessus, ou j’en mourrais »
« Eeeeet le jeu est merdique… »
« Tu te comportes comme une féministe »
« Gars gay Ubisoft »
« La tresse est trop longue, 2/10 je ne baiserai pas »
« Et c’est bien ça ? Ha, GAAAAAYYYYYYYYYYYYYY »
« Plutôt Gars Gay Ubisoft »

 

En reprenant quelques memes, les commentaires fusent sur les seins du personnage (« flat boobs », les seins plats), l’impossibilité de se masturber dessus (« I can’t fap to this », ou « I will find a way to fap to this or die trying »). Le personnage serait laid (« ugly »).

Sexisme, homophobie (Ubisoft serait « gay » suite à la proposition de jouer ce personnage), racisme (il est aisé de sentir le racisme derrière certaines de ces réactions), voilà ce que les communautés de joueurs peuvent présenter.

MSI : « la fille ou le jeu ? »

MSI, une entreprise qui crée – entre autres – des cartes graphiques et des cartes mères pour les ordinateurs, a décidé de profiter du vendredi pour poser une question pertinente à ses fans sur Facebook :

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Le sexisme de cette question et de l’image est évident : les hommes sont des obsédés de sexe et/ou de jeu ; les femmes ne servent qu’à être sexy et à être victimes de blagues potaches. A croire qu’MSI n’a que des hommes hétérosexuels (et des femmes aimant les femmes, mais il serait étonnant que cette blague s’adresse à elles) parmi leurs potentiels clients ! Par ailleurs, ont-ils besoin de cette image pour mettre en valeur leur page Facebook et inviter leurs fans à réagir ? Leurs produits ne seraient pas suffisamment intéressants ?

Evidemment, les réactions des fans sont à la hauteur de nos attentes :

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Heureusement, les mentalités évoluent et quelques personnes soulignent à MSI le sexisme de leur question :

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Une informaticienne/geek dans un milieu d’hommes

Trois petites anecdotes de développeuse et joueuse de MMORPG.

Bonne fête !
Une anecdote qui me fait encore pleurer. Il y a quelques années, je cumulais un CDI plein temps d’analyste programmeur web en journée et des cours du soir en licence d’informatique le soir (car je n’avais que des formations qualifiantes et pas de diplôme viable). A ces cours, toutes les personnes avec qui j’interagissais savaient que je travaillais déjà dans le domaine et me demandaient parfois mon aide, hommes comme femmes. Pas aussi souvent qu’on aurait pu l’imaginer vu que j’étais censée être pro parmi les étudiants, mais quand même. C’est un de mes camarades (connaissant mon boulot) qui m’a cloué sur place en m’envoyant, en avril, un SMS me souhaitant une « Bonne fête des secrétaires ! ». Ce n’était pas une blague, et j’ignore toujours ce qui lui est passé par la tête. Des années plus tard, en tant que .Net Consultant (programmation web toujours), un collègue a plaisanté : « Si t’es méchante comme ça t’auras pas de fleurs pour la fête des secrétaires ! » qui me l’a vivement rappelé. Le « pourquoi ? » reste sans réponses, mais très, très amer.

Obéir à une femme ? Jamais !
A une époque, je jouais de manière très investie dans une communauté compétitive sur un jeu type MMORPG. Un jour on recrute un nouveau membre placé sous mon commandement. Tout allait bien jusqu’à ce qu’il entende ma voix et comprenne que j’étais une femme. Après ça il ne m’écoutait plus et rejetait complètement mon autorité et mon savoir. J’ai pris sur moi et pendant des semaines je lui faisais remarquer sans amertume ses moindres erreurs, et m’efforçait d’être de mon côté irréprochable. Ça a porté ses fruits : Il a fini par s’adresser à moi en tant que mec. Genre « [Mon pseudo] est quand même un gars bien ». C’était visiblement la seule façon pour lui de se mettre sous les ordres d’une femme.

Meilleure qu’un homme ? Ha ha, dans tes rêves.
Dans cette même communauté, juste après un patch, il s’est avéré que mon personnage avait été boosté et pouvait à présent rivaliser avec d’autres classes en terme de dégâts. Au premier combat où j’ai fini première du groupe de 25 aux dommages effectués, j’ai reçu dans la foulée des messages privés de trois personnes me disant que, moi, je n’y étais pour rien, que c’était le patch qui avait complètement mal calculé pour moi, qui les avait désavantagés, que normalement ça ne pouvait pas être moi, que ça devrait être eux les premiers, que le boss m’avantageait,…
Euh… Je n’ai rien demandé, je ne me suis pas vantée, à peine étonnée devant mon écran mais sans leur en parler. Pourquoi venir me démonter gratuitement ? Autant ils acceptaient quand j’étais première en « soins donnés » (même si j’étais bien derrière eux en équipement), autant quand ça concerne les dommages effectués, là non, une femme n’est pas recevable. Et tout le temps que je passais à calculer via Excel ou par simulation comment faire le plus de dommage possible n’était visiblement pas à prendre en compte.

Et tant d’autres…
Je ne compte plus le nombre de personnes étonnées voire révoltées que je joue des hommes en jeu de rôle. Ca va du « Tiens, tu joues un homme ? » aux « Non j’interdis qu’on ne joue pas un perso de son sexe à ma table ! ». Quand je voyais les autres personnages joueurs prendre plaisir, dans les jeux de rôle « maléfique », à violer les femmes qu’ils croisaient, je n’avais juste pas envie d’en être une. Et pourtant je devais souvent défendre mon bout de gras pour pouvoir, le temps d’un jeu, être un homme.

Depuis je garde mes écouteurs quasi tout le temps au travail (ce n’est pas un cas isolé, j’ai réussi à compter 20 remarques sexistes en 1h30 de resto par exemple. Allant jusqu’aux « Les femmes, on ne peut pas travailler avec ! » très sérieusement argumenté).
Les MMO je n’y joue que des hommes et ne dévoile quasiment jamais être une femme.
Les jeux de rôles j’ai arrêté.

Deux patriarches pour le prix d’un

Ce que je vais raconter s’est passé il y a quelques jours, lors d’une partie en ligne d’un jeu de survival-horror en coopération, Killing Floor. Dans ce jeu, une équipe de six membres, aux classes variées, doit affronter des vagues de “zeds” : des “armes biologiques” de type zombie, qui usent de capacités différentes pour mettre à mal l’équipe devant les éliminer. Lorsque toutes les vagues sont passées, une vague supplémentaire nous fait affronter le “boss de fin” du jeu, le patriarche (oui, c’est son vrai nom).

L’une des stratégies les plus communes est de répandre au sol des bombes de proximité et d’en former un grand tas pour infliger le plus de dégâts possibles, et j’ai appris à mes dépends lors de cette partie que le patriarche pouvait faire exploser ces bombes de loin, ce qui a valu à mon personnage de périr par ses propres armes. Sous le coup de la surprise, je tape simplement “wut?” (“il s’est passé quoi là ?”) en message pour l’équipe. Et c’est là qu’un des joueurs me répond :

“You died like a woman.” (“Tu es mort comme une femme.”)

Comme ça, de manière totalement gratuite.

Tout d’abord, pourquoi comme une femme ? Les femmes ne savent pas jouer à Killing floor ? Serait-ce inscrit dans leur code génétique ? Ou alors elles savent jouer, mais sont plus douées pour mourir que les hommes ? Si cette charmante personne m’avait dit que je suis mort comme un crétin, ou que je ne sais pas jouer, ça ne m’aurait pas choqué outre mesure (et dans une certaine mesure, il aurait eu raison) : les jeux multi-joueurs ne sont pas connus pour l’amitié chaleureuse qui s’en dégage ou la sympathie de certains joueurs. Mais ici, quelqu’un s’est dit que le plus insultant n’était non pas de me comparer à un noob, mais à une femme. Cette “simple” insulte m’a énervé plus qu’aucune autre n’aurait pu le faire, tout simplement parce qu’au final ce n’était pas moi le plus insulté, mais bien toutes les femmes qui jouent à ce jeu (ainsi que toutes les femmes tout court).

Ensuite, je suis surpris qu’il (je ne pense pas prendre trop de risques en supposant que c’est un homme) ait tout simplement dit cette phrase. Ou plutôt, choisi de la dire. Re-situons le contexte : tous équipés de nos meilleures armes, nous sommes prêts à affronter le patriarche, qui comprend dans son arsenal : une gatling greffée au bras droit pouvant accessoirement servir de lance-roquette (ce qui a détruit mes explosifs), la capacité de devenir invisible, de se soigner deux fois et également une grande force physique pouvant tuer un membre de l’équipe en deux coups seulement, voire en un seul suivant la configuration du combat. Même à six contre un, le combat est serré et long, et, avec un membre de l’équipe déjà mort, le combat n’en sera que plus dur. Pourtant, il a choisi, alors qu’il venait de me voir exploser (ce qui signifiait donc que le patriarche approchait) de s’arrêter, de taper son message, tout cela sous la coupe d’une menace imminente, juste pour sortir une brimade sexiste de mauvais goût, se mettant ainsi en danger ainsi que son équipe. Rabaisser un joueur décontenancé et au passage insulter toutes les femmes ayant jamais joué à ce jeu était plus important que sa propre survie et la victoire de l’équipe. Un indéniable sens des priorités donc.

Dernièrement, notons le court échange qui s’est ensuivi. J’ai directement répliqué à sa phrase par “and you talked like a sexist shit, so fair enough” (“et tu t’es exprimé comme une merde de sexiste, donc c’est kif-kif”), ce à quoi il a répondu par “feminist detected” (“féministe détecté-e”).
Ah.
C’est gênant de se faire “traiter” de féministe juste pour avoir relevé une évidence. Je ne vois pas comment une chose pareille pourrait ne pas être vue comme ouvertement sexiste. Comme dit plus haut, je joue rarement à des jeux en ligne et croiser ce genre de personne ne me donne certainement pas envie de multiplier les essais. En tant qu’homme, ce simple échange m’a mis hors de moi. Mais mon expérience est sans commune mesure avec celle d’une femme. Il serait vraiment temps que plus de joueurs prennent conscience de ce que l’on ressent dans ces cas-là.

 

——–

[Note de Keela]
Les parties en multi-joueurs sont trop souvent une occasion de subir la misogynie d’inconnus. Les insultes sexistes y sont légions, poussant les femmes à se dissimuler ou à ne jouer qu’avec des proches. 

Etre une femme, comme être féministe (autrement dit : considérer que les hommes et les femmes sont égaux) ne devrait pas être une insulte. Le comportement du second « patriarche » en dit long sur ses opinions et sa vision des femmes.

Édité par Keela

Des bimbos pour booster les ventes

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Pour bien vendre le dernier numéro de février 2014 de « Video Gamer », quoi de mieux qu’une tripotée de « bimbos » ? Viens, toi, le lecteur sans jugement critique, viens te prendre plein de nichons (bien gros et rebondis) dans la figure !

Bien sûr, on aurait pu avoir des posters d' »aventurières », d' »héroïnes », de « femmes d’exception du jeu vidéo ». Non ! Nous avons droit au magnifique terme de « bimbos ».
Alors, qu’est-ce qu’une bimbo ?
Wiki nous dit : « Jeune femme superficielle qui prend exagérément soin de son apparence et sait jouer de ses charmes ; une ravissante idiote, une gourde sexy. »
Donc exit le cerveau, le jugement, l’esprit critique, la personnalité.
Les femmes dans le jeu vidéo, c’est des bimbos, peut importe leur rôle.
C’est bien dommage, car sur le poster, on peut apercevoir, entre autres, quelques phénomènes :
– Lara Croft, de Tomb Raider (non, ce n’est plus une aventurière, c’est une jeune femme superficielle) ;
– Nilin, de Remember Me (non, ce n’est plus une battante, c’est une ravissante idiote) ;
– Faith, de Miror’s Edge (pareil, il ne s’agit plus d’une femme aux capacités incroyables, dotée d’un caractère bien trempé, non, simplement d’une potiche).
– Elizabeth, de Bioshock Infinite (Une jeune femme intelligente, combattive et mystérieuse ? Non, une bimbo…)
etc.

Je ne considère pas que cela soit trop de s’énerver sur une telle couverture, quand on connait l’importance des goodies pour faire vendre un magazine.
Non.
Tous ces personnages détruits par UN SEUL MOT, c’est vraiment exaspérant. Résumer toute une variété de personnages par la simple qualification de BIMBOS, c’est terriblement sexiste, réducteur et méprisant.

« Viens lecteur, on t’offre du kiff sexuel, viens t’exciter sur des meufs trop bonnes, des vraies bimbos ! Oublie que ce sont aussi des personnages jouables, aux caractères complexes et particuliers, ne les prends que ce pour quoi elles ont été mises dans ce poster : le kiff de la bimbo ».

Merci les mecs.
Le pire, c’est que je les trouve vraiment beaux, ces deux posters. Ils me font envie. Parce que ces femmes sont belles, mais aussi parce que ce sont des personnages auxquels j’ai joué, que j’ai incarnés. Mais ce terme de « bimbo » détruit tout, car il est terriblement racoleur et salissant.

Je ne vois pas pourquoi on a préféré le mot « bimbo » à « aventurière », « héroïne » ou même « femmes », tout simplement.

Encore une fois, 52 % des joueurs sont des femmes… Et si on arrêtait de les prendre toutes pour des morceaux de viande faites pour appâter le mâle à manettes ?

Édité par Mar_Lard

Ca arrive trop souvent

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Ici, un joueur réclame la primauté sur une clé d’accès beta pour The Elders Scrolls Online, sous prétexte que c’est un « jeu de garçons » et qu’il est un garçon.

Je suis vraiment fatiguée de ce genre de comportement.
« Oh ça va c’est de l’humour. » Non ça n’a rien de drôle, c’est même horripilant, j’entends cette blague bien trop souvent dans le milieu des MMORPG. Et quand je réponds c’est souvent 2 ou trois mecs qui me tombent dessus, argumentant que je dis des âneries, qu’il faut pas abuser, que en général ils sont d’accord avec moi mais pas sur ce coup là (et en fin de compte ils sont RAREMENT d’accord avec moi).
Bref messieurs par pitié arrêtez ce genre de « blagues ». Bien sur que Sofiane n’a pas dit ça méchamment mais c’est justement ça le problème, c’est une blague commune qui ne choque plus. Et si un truc comme ça ne choque pas ça peut malheureusement entraîner l’acceptation de choses similaires mais plus graves.

Édité par Mar_Lard