Quand Blizzard se dit qu’une zombie doit être sexy

Avec l’annonce de sa prochaine extension pour World of Warcraft, Blizzard a annoncé une refonte graphique des avatars correspondants aux races existants à la sortie du jeu. Une nouvelle qui a ravi les joueurs de ce jeu qui a déjà 9 ans.

Néanmoins, on a pu remarquer un changement surprenant concernant les avatars féminins des Réprouvés (une race de morts-vivants.) En effet, celles-ci était originellement assez décharnées, en toute logique, et avaient donc les fesses et les seins qui semblaient pendre. Il faut croire qu’en 2013, même les morts-vivantEs doivent se plier aux canons de beauté des MMORPG puisqu’elle arborent désormais des fesses fermes et des seins rebondis (pour lesquels, d’ailleurs, on pourra se demander quel aspect de ce monde fantastique peut leur donner ces formes : silicone ? Push-up ? …ou artifice arcanique, qui sait ?)

On peut voir dans les deux images ci-dessous, la « vieille » version des Reprouvées et celle à venir dans Warlords of Draenor. Pas trop de doute sur la sexualisation franchement douteuse des personnages féminins de cette race qui n’a pas vocation à être sexy, mais au contraire où de nombreux éléments en jeu les présentent comme assez repoussants.

L'ancienne version, défraîchie

L’ancienne version, défraîchie

Et la nouvelle version, bien ferme.

Et la nouvelle version, bien ferme.

Il est regrettable que les joueurs et joueuses ne puissent pas choisir d’incarner un personnage féminin qui ne soit pas sexy, voire carrément repoussant / dérangeant.

(NB : La posture des futurs avatars n’est pas encore appliquée, mais il est peu probable que les développeurs les redressent, malgré cette volonté de sexualisation.)

Source : MMO-Champion – Warlords of Draenor, New Undead Female Character Model Revealed

La page Facebook de JeuxActu

Article par Shyvahna sur son blog.

Un coup de gueule bien senti envers le Facebook de JeuxActu qui s’en donne à coeur joie : photos voyeuses de cosplayeuses, femmes dénudées à gogo sans rapport avec l’univers du jeu vidéo, humour misogyne…

Ou comment le webzine tente la connivence avec son public qu’il conçoit comme forcément masculin, hétérosexuel, misogyne et obsédé de cul.

« Commencez par jouer à autre chose qu’aux Sims, connasses »

 

tweet

En voilà un qui assume au moins !

Joli combo de clichés : les femmes ne joueraient qu’aux Sims, et Les Sims serait un jeu indigne, pas un « vrai jeu »…

La volonté de distinguer les « vrais jeux » de « faux jeux » est typique d’un certain snobisme gamer, qui comme par hasard touche particulièrement les jeux appréciés du public féminin.  À partir de critères totalement arbitraires (les jeux que JE pratique ou que j’estime légitimes), on exclut les indésirables du petit club gamer pour le garder « pur » ! C’est pourquoi, lorsque l’on rappelle que 52% des joueurs sont des joueuses, la même remarque surgit systématiquement : « Non mais il faut voir à QUOI elles jouent aussi… » (sous-entendu : je pars du principe qu’elles jouent à des jeux que je méprise, je peux ainsi continuer à les exclure de la communauté des joueurs).

Les Sims est un exemple très parlant à cet égard : cet excellent jeu de gestion se trouve rencontrer beaucoup de succès chez le public féminin. Cette création du grand concepteur Will Wright était très attendue et fut copieusement applaudie par les gamers à sa sortie en 2000…jusqu’à ce qu’il devienne apparent que des femmes osaient également apprécier le jeu ! À partir de là, il devint bien entendu capital de s’en distinguer : Les Sims sont devenus un « jeu casual », un « jeu de gonzesse »…L’exemple par excellence du « faux jeu » dont il est de bon ton de se moquer pour montrer qu’on est un « vrai gamer » !

Est-ce que ça existe des développeuses ?

Joli combo de clichés pour le tumblr les_joies_du_code() qui illustre un gif animé déjà très sexiste (et oui tout le monde le sait, les femmes ne savent pas se garer) par un titre qui résume bien l’état d’esprit de beaucoup dans le milieu des développeurs :

LE tumblr les_joies_du_code() sous titre ça par « Quand la nouvelle développeuse casse mon code. »

Le tumblr les_joies_du_code() sous titre ça par « Quand la nouvelle développeuse casse mon code. »

Et dire que certains s’étonnent encore de l’absence de développeuses dans les équipes informatiques :

Ça existe des développeuses ?

PS: D’ordinaire ce tumblr me fait assez rire, quoi qu’il a tendance à baver un peu trop régulièrement sur les stagiaires…

[Ajout par Marlard]

Un peu plus loin sur le même Tumblr :

« Quand une fille débarque dans l’open space »
I6m4cSo

Le réalisateur de Heroes of the Storm et le design des personnages féminins

Nous vous parlions déjà de Blizzard il y a quelques jours avec notre article « Hearthstone, un exemple de machisme chez Blizzard. » Il se trouve qu’hier, le site Rock Paper Shotgun a publié un article qui fourni quelques éclaircissements.

L’article que nous recommande Tavrox est une interview de Dustin Browder qui était en charge de la réalisation de Heroes of the Storm chez Blizzard. Elle s’achève sur son point de vue à propos de l’hypersexualisation des personnages en général dans les MOBA.

Et comme souvent quand un joueur est poussé à questionner certains aspects de la direction artistique, il se retranche très vite derrière l’insignifiance absolue du jeu :

RPS: You have some interesting alternate outfits for heroes. Roller Derby Nova, especially, caught my eye. On its own, that’s totally fine – just a silly, goofy thing. A one-off. But it got me thinking about how often MOBAs tend to hyper-sexualize female characters to a generally preposterous degree – that is to say, make it the norm, not a one-off at all – and StarCraft’s own, um, interesting focus choices as of late. How are you planning to approach all of that in Heroes?

Browder: Well, I mean, some of these characters, I would argue, are already hyper-sexualized in a sense. I mean, Kerrigan is wearing heels, right? We’re not sending a message to anybody. We’re just making characters who look cool. Our sensibilities are more comic book than anything else. That’s sort of where we’re at. But I’ll take the feedback. I think it’s very fair feedback.

RPS: Il y a aussi des tenues alternatives très intéressantes pour les héros et héroïnes. Je pense particulièrement à Roller Derby Nova. En elle même il n’y a rien d’alarmant, juste un design stupide et amusant. Une particularité. Mais ensuite je me suis mis à penser à cette tendance qu’ont les MOBAs à hypersexualiser les personnages féminins à un point que ça n’est plus du tout une particularité et que ça devient une sorte de norme. On retrouve un peu la même chose dans Starcraft d’ailleurs. Quelle est votre approche à ce sujet dans HotS ?

Browder: Et bien je vous dirais qu’en fait, heu, certains personnages étaient déjà hypersexualisés avant de se retrouver dans HotS. Je veux dire, Kerrigan porte des talons n’est-ce pas ? Nous ne voulons envoyer de message à personne. Nous faisons simplement des personnages cools, nos inspirations proviennent principalement des comics. C’est un peu à ce niveau là qu’on se situe. Mais je prend note de votre retour, je pense que c’est un retour qui se vaut.

RPS: I have to add, though, that comics might not be the best point of reference for this sort of thing. I mean, it’s a medium that’s notorious – often in a not-good way – for sexing up female characters and putting them in some fairly gross situations.

Browder: We’re not running for President. We’re not sending a message. No one should look to our game for that.

RPS: Je voudrais ajouter tout de même qu’à ce niveau, les comics ne sont peut-être pas la meilleure référence à apporter. C’est quand même un média reconnu (rarement en bien) pour sexualiser les personnages féminin et les mettre dans des situations plutôt grossières.

Browder: On ne fait pas de campagne électorale non plus. Nous n’envoyons pas de message. Personne ne devrait jouer à nos jeux pour ça.

« On ne fait pas une élection présidentielle non plus. Nous n'envoyons aucun message. »

« On ne fait pas de campagne électorale non plus. Nous n’envoyons pas de message. »

RPS: But it’s not even about a message. The goal is to let people have fun in an environment where they can feel awesome without being weirded out or even objectified. This is a genre about empowerment. Why shouldn’t everyone feel empowered? That’s what it’s about at the end of the day: letting everyone have a fair chance to feel awesome.

Browder: Uh-huh. Cool. Totally.

RPS: Mais ce n’est même pas à propos d’envoyer un message. Votre but est quand même de laisser des gens s’amuser dans un endroit où ils peuvent se sentir formidables sans se sentir dénigrés ou chosifié. Il s’agit de reprendre le contrôle. Pourquoi tout le monde ne devrait pas avoir la sensation de contrôler sa vie ? C’est la motivation principale : Laisser à chacun la même chance de se sentir formidable.

Browder: Ha heu, ouais cool. Carrément.

Dès que le sujet arrive, on sent un changement d’attitude de la part de Browder. Il n’est plus en face d’un sympathique interviewer mais en face d’un militant relou qui s’agite dans son champ de vision pour se sentir plus important que lui et dont il faut minimiser le propos.

Bowder essaye donc immédiatement de faire oublier la vision d’ensemble en se focalisant uniquement sur son petit jeu qu’il prétend insignifiant. Pourtant Grayson a déjà rappelé ce fait: Seul, c’est une particularité amusante, mais quand on arrête de jouer de mauvaise foi et qu’on regarde l’ensemble de l’industrie (ne serait-ce que les autres jeux du même genre) on remarque facilement le motif général.

Avec un point de vue comme ça, les jeux Blizzard ne sont pas prêts de s’améliorer sur ce sujet.

Mise à jour du 25/11/2013

Peu après la publication de l’interview, Grayson a écrit un édito dans lequel il analyse les réponses de Browder : RE: That Heroes Of The Storm Interview à la suite de quoi, Browder s’est également fendu d’un billet sur le site officiel de HotS dans lequel il présente ses excuses pour sa réponse et affirme qu’il souhaite que chaque joueuse et joueur trouve un personnage auquel il puisse s’identifier : On Character Design. Espérons que ça ne reste pas un vœux pieu.

En revanche, les commentaires (ainsi que leur note) sous l’article de Browder donne déjà un aperçu de la communauté qui se forme autour du jeu. Et elle est pas jolie jolie.

Les pilotes d’Infinite Stratos

Les Infinite Stratos (IS) sont des exo-armures (ou mecha) de l’animé éponyme qui ont la caractéristique de ne pouvoir être pilotées que par des personnages féminins (ou presque).

Outre les tenues pour le moins aguichantes des différentes héroïnes (pour ne pas dire autre chose), on peut voir un schéma assez particulier sur le screenshot en figuré.

Infinite Stratos

Alors que la totalité des pilotes de IS soient des femmes (sauf une unique exception : le héro de l’anime), le schéma au tableau représente un homme.

Ça m’a personnellement laissé dubitatif, mais c’est surtout un bon moyen de comprendre le concept de cet animé.

Car l’histoire avance en s’articulant autour du personnage masculin principal au niveau relationnel, mais aussi scénaristique, et on a droit à notre lot de fan-service avec par exemple, un exemple de différence de tenue requise pour piloter un IS :

Une armure de meuf

Une armure de meuf

Une autre armure de meuf

Une autre armure de meuf

Une armure de mec

Une armure de mec

GTA 5 et la chasse à la vache

Les 35 premières secondes suffisent, même si le reste de la vidéo a son lot de misogynie également.

lol when he said cow he tipped a fat lady xD

On commence par une blague bien grasse et viriliste: « Like ma vidéo si t’as un gros pénis » Hahaha hohoho toute ma force est dans ma bite.

Et ça continue avec du cow tipping, une pratique tirée d’une légende urbaine qui consiste à s’approcher d’une vache et de la pousser pour la faire tomber. Problème ? Cette bonne vieille insulte de la « grosse vache » qui fait rire notre youtubeur lorsqu’il renverse un PNJ féminin. Il en rit tellement que dans ce cas précis, il se sent obligé de mettre un ralenti et un meuglement. Histoire qu’on comprenne bien.

Quand un compte à 4 millions d’abonnés publie une telle vidéo et qu’elle fait 6 568 245 vues dont 151 436 pouces verts, on peut peut-être commencer à reconnaître qu’il y a un souci avec la représentation des femmes non ?

Call of Duty – There’s A Soldier In All Of Us : 2010 vs 2013

2010. A l’occasion du lancement de Call of Duty : Black Ops, Activision présente le spot There’s A Soldier In All Of Us [Il y a un soldat en chacun de nous]. Le message est clair : inclusivité, joueurs de tous horizons. Au moins trois femmes sont présentes, avec physiques et ethnies variés. De même chez les hommes.

Call of Duty: Black Ops

Call of Duty: Black Ops

2013. Call of Duty : Ghosts est le premier jeu de la série où l’on peut enfin incarner des avatars féminins en multijoueurs ! Pour l’occasion, Activision emploie de nouveau son slogan et nous propose un spot similaire. A moins que…

Cette fois, les joueurs sont représentés par quatre hommes. Une seule femme est présente dans le clip : Megan Fox. Extérieure au groupe d’amis, elle est mise en scène comme un fantasme qui leur est destiné – une top-model maquillée et sulfureuse sur le champ de bataille – plutôt que comme l’avatar des joueuses. Lorsque le slogan « Il y a un soldat en chacun de nous » s’affiche, seuls les quatre hommes et leur chien sont visibles à l’écran…

Call of Duty : Ghosts

Call of Duty : Ghosts

Édité par Mar_lard

Le sous-entendu marketing de Corsair

Corsair a sorti un nouveau clavier compact. Je vous laisse juger de leur surprenant choix de campagne:

Outre le fait de mettre des sous-entendus graveleux dans la bouche de deux jolies jeunes femmes, on n’en apprends pas beaucoup sur les caractéristiques techniques du produit. L’argument de vente, c’est donc « on peut faire des blagues quand on en parle »?

Ces jeunes femmes sont des joueuses de l’équipe féminine Millenium sur Counter Strike Global Offensive. Pourtant, la cible ici est clairement masculine. Les femmes geeks (en combinaisons moulantes) existent, mais ne servent qu’à vendre un produit? Paradoxe.

Bref , Corsair s’illustre, prenant les femmes pour des panneaux publicitaires jolis mais gourdes et les hommes pour d’éternels gamins morts de rire devant un sous-entendu « bite ».

La diversité des hommes et l’unicité de la femme illustrées par Paul Robertson

Paul Robertson est un artiste d’animation australien dont la patte graphique est immédiatement reconnaissable.

Son œuvre la plus connue est très certainement le court métrage « Kings of Power 4 Billion% » mais il a également travaillé sur l’adaptation en jeu vidéo de Scott Pilgrim vs. the World, Wizorb, Fez et dernièrement Mercenary King (un shoot’em up dans la lignée des Metal Slug).

La semaine dernière il a posté sur son blog deux « tiling backgrounds » (des images pouvant être utilisées en mosaïque sans présenter de coupure) inspirés de son travail sur MK.

La première est consitutée d’hommes :

Des robots, des minces, des forts, des noirs, des gros, des larges, des vieux, des blancs, des jeunes, des aliens, des basanés, etc…

Des robots, des minces, des forts, des noirs, des gros, des larges, des vieux, des blancs, des jeunes, des aliens, des basanés, etc…

La seconde est constituée de femmes :

Jeune, mince, forte poitrine, blanche ou bronzée, blonde ou brune.

Jeune, mince, forte poitrine, blanche ou bronzée, blonde ou brune.

Notez que la planche des femmes fait en réalité la moitié de la taille de celle des hommes : elle se répète en hauteur.

Il est vraiment dommage qu’un artiste aussi abouti que lui en soit encore à ignorer que la diversité existe également chez les femmes.