Xcom : quand le sexisme est dans la traduction

Depuis quelques temps, je découvre le jeu XCOM : Enemy Unknown. Dans ce jeu, il faut constituer une petite équipe de militaires (entre 4 et 6 personnes) pour vaincre une invasion alien. Certes, le scenario ne casse pas trois pattes à un canard, mais ce qui rend le jeu intéressant c’est de voir évoluer son équipe, de s’’y attacher, et d’éviter de les voir mourir. En effet, la mort est permanente. On fait donc de notre mieux pour les protéger, en sachant que toute erreur peut être fatale.

Afin de permettre une plus grande proximité avec notre équipe, le jeu crée aléatoirement des personnages très différents : ils ont tous un nom, un pays d’origine, un genre, une couleur de peau spécifique. C’est d’ailleurs ce que j’ai apprécié en premier dans le jeu : il y a environ autant de femmes que d’hommes, de nombreux pays d’origine, etc. Bref une vraie diversité.

Lorsque le personnage monte en grade, il gagne également un surnom. Ce surnom est choisi dans une liste d’une grosse trentaine selon sa classe et son genre. Certains sont mixtes ou presque (par exemple « Lapin » et « Lapine », ou « Chaussette », oui chaussette, qu’on retrouve dans les deux genres). J’ai donc vu tomber les surnoms petits à petit. Viking, Combo, Vampire, Disco… Jusqu’à voir « Blabla » sur une des femmes.

Différents surnoms: Viking, Combo, Disco, Vampire et… Blabla

J’ai été étonnée, vu le niveau plutôt correct du jeu niveau sexisme en général. A ce moment là, je ne connaissais pas la liste des surnoms, et j’ai donc cherché dans les fichiers du jeu si elle existait et, si oui, si les surnoms étaient neutres ou genrés.

De fait, la liste est bien scindée en deux, avec des nicknames pour les hommes, et d’autres pour les femmes. Et en la parcourant, je vois deux autres surnoms bien stéréotypés : « cuisinière » et « poupée »

Outre le côté problématique de ces trois surnoms, ils sont surtout étrangement seuls, dans une liste tout à fait acceptable. C’est sans doute cela qui m’a mis la puce à l’oreille, mais j’ai eu envie de comparer la liste française à la liste en VO. Ce qu’on y voit est assez étrange. La plupart des noms sont traduits le plus simplement, certains n’ont simplement pas changé, mais les deux surnoms spécifiquement gênants n’ont rien à voir avec la version d’origine :

  • “Blabla” était à l’origine “Cairo”
  • “Cuisinière” était à l’origine “Skinner”
  • “Poupée” était à l’origine “Voodoo”

Alors que j’allais accuser le jeu de sexisme facile, il semble que la faute incombe à l’équipe de traduction. Chacun peut d’ailleurs le vérifier facilement dans les fichiers du jeu. Je comprends qu’on puisse avoir du mal à traduire ou adapter « Cairo », mais « Blabla » ? Et « Skinner », un classique des films américains, devenir « Cuisinière » alors qu’il aurait suffit de le laisser comme ça et qu’il a été traduit pour les hommes par… « Dépeceur » ? Quand à « Voodoo », qui reste « Vaudou » pour un homme, et devient « Poupée » pour les femmes parce que « poupée vaudou ahah qu’est-ce qu’on se marre » ?

Je ne dis pas que Xcom est parfait, avec son ambiance militaire, mais il faut reconnaître un qu’un vrai effort a été fait au niveau des représentations. Je trouve donc d’autant plus triste que l’équipe de traduction se soit visiblement fait plaisir pour ajouter volontairement du sexisme là où il n’y en avait pas à la base.

Canard PC, les femmes et les Sims

Dans le numéro de Canard PC d’avril 2014, on peut lire dans les pages « Utilitaires » cet article d’Ackboo :

sexisme CPC

Cette petite blague est doublement problématique, car elle sous-entend d’abord que les femmes ne jouent qu’aux Sims, jeu »casual » par excellence (vous le voyez le mythe de la fake gamer girl en arrière-plan ?), sur le PC de leur mec, parce qu’elles, elles n’en possèdent pas. Ben oui, l’informatique, c’est compliqué pour nos pauvres cerveaux.

Ensuite, l’auteur semble considérer que le lectorat auquel il s’adresse est composé uniquement de lecteurs masculins et hétérosexuels (à moins qu’il pense inclure les lesbiennes gameuses dont les copines jouent aux Sims sur leur PC, mais étrangement j’en doute).

Vous vous souvenez du dossier d’il y a quelques mois sur le sexisme chez les geek, dans ce même journal ? Moi oui. Eux, pas tellement, on dirait.

Édité par Mar_Lard

Bienvenue dans le monde du jeu vidéo !

Il y a quelques années, alors que je débutais tout juste dans le milieu du journalisme vidéoludique, je travaillais sur mon petit projet de mémoire sur l’enjeu social du médium, forte de mon envie de faire bouger les choses et les mentalités, optimiste et fraîche. Débuta la recherche d’intervenants, d’experts pour affiner mon sujet, discuter du projet, trouver des pistes.

Je suis du genre « lonesome gameuse », je ne joue que pour moi, fuis les modes online, pas une star du milieu ou une personnalité connue en somme. A ce moment-là, je commençais à constituer mon réseau, à parler aux gens en convention, en salon, à montrer que j’existe et que j’ai du talent à revendre.

Je souhaitais interviewer un journaliste plutôt connu pour ce mémoire. Appelons-le M., qui est du genre inaccessible quand on est personne. Je suis passée par les « petites portes » tant bien que mal jusqu’à entrer en contact avec un individu, appelons-le S., plutôt correct de prime abord, travaillant avec lui, me promettant de l’aider. J’y vois une opportunité folle, j’accepte tête baissée, sans me méfier une seule seconde. Et jusque là, tout allait bien.

S. était parfois un peu rentre-dedans, m’avait proposé un plan à trois avec une autre fille « pour rire » (à ce moment-là en tout cas, je l’ai pris sur le ton de la blague… si j’avais su !), mais je n’avais que mon mémoire en tête et s’il fallait supporter ce genre de discours auquel j’ai toujours répondu par la négative, j’étais prête à le faire.

Grâce à ce type, j’ai eu M. au téléphone, prévu une rencontre avec lui lors d’un salon afin que l’on se rencontre, qu’on fasse cette interview et il était très motivé par l’idée. Heureuse, je me pensais tirée d’affaire.

Jusqu’à ce que le discours lourd et « dragueur » de S. reprenne. Si déjà à l’époque, j’avais l’habitude de supporter ce genre de comportement, j’ai commencé à trouver ça un peu louche qu’il me parle de venir à l’hôtel, que si je me « comportais bien », j’irais au restaurant avec eux. Je n’avais rien demandé de tout ça, je n’ai jamais laissé espérer quoi que ce soit, je suis toujours restée professionnelle.

On m’avait promis une accréditation (« Non, ne la demande pas, je m’en charge ça sera plus simple ») que je n’ai pas eu (« Je ne t’ai rien promis, on ne fait pas rentrer n’importe qui comme ça »). Je me suis retrouvée obligée de patienter de très longues minutes pour pouvoir entrer, sentant légèrement le traquenard face à la réaction de S. pour la fausse promesse d’accréditation. Première grosse interview de ma balbutiante carrière, j’étais d’autant plus stressée même si prête à en découdre avec mes questions. Je portais une robe noire très simple, légèrement décolletée (détail anodin mais important pour la suite).

S. me réceptionne enfin, et fait tout pour me tenir près de lui, près du stand. J’ai fait la potiche (« Souris un peu, ça fera venir les gens ») toute la matinée à ses côtés. A attendre une entrevue qui n’arrivait pas. Il me propose d’aller boire un café, de bosser sur mes questions. Je suis de l’école des « On ne lit pas mes questions, on ne relit pas mes interviews » mais décontenancée, j’accepte. Il s’assoit trop près de moi. Regarde un peu trop mon décolleté. Gêne.

« Dis donc, t’as quand même une sacrée poitrine ! »

Re-gêne. Je n’ose rien dire. Je balbutie un « Merci », je commence à avoir un peu peur.

Arrive midi, M. m’aperçoit enfin, vient me dire bonjour. Je me dis que je suis presque sauvée, que tout ça sera bientôt terminé. Nous nous installons pour l’interview, S. se met un peu en retrait, observe mes moindres faits et gestes. L’entretien commence et se passe bien. Heureusement. M. me demande si je veux déjeuner avec eux. S. intervient en criant presque « Non celle-là, elle ne mange pas avec nous, elle a rien à foutre là, elle se casse. » Silence gêné dans l’assemblée. Il me fait sortir en me prenant par le bras et une fois dehors me glisse à l’oreille :

« Maintenant que tu as eu ce que tu voulais, on y va ? »

« On va où ? »

« Dans un coin, tu sais… Mais si ça te gêne, on peut aller à l’hôtel, même si je pensais que tu étais un peu plus cochonne que ça. »

Et là, je réalise ce qu’il me veut. Qu’implicitement, j’avais donc marchandé une interview contre du sexe. Sauf qu’à aucun moment, il n’avait été question de ça. A aucun moment dans nos échanges le « deal » a été annoncé. Je refuse poliment.

« Non mais tu as cru que c’était gratuit ? Par gentillesse ? »

Je me sens prise au piège. Il y a du monde autour de nous, je pourrais hurler… mais M. n’est pas loin, je ne veux pas faire d’esclandre, je ne veux pas me faire remarquer, risquer de passer pour une folle (sa parole contre la mienne) mais j’ai surtout peur. Je négocie difficilement de partir faire un tour du salon arguant que j’ai payé une entrée je dois la rentabiliser, de le rejoindre plus tard. Il garde ma veste. Volontairement. Pour être sur et certain que je revienne.

Je suis partie me réfugier à l’autre bout du salon, tétanisée, ne sachant pas quoi faire. Me demandant si je devais le faire ou non, si c’était comme ça que fonctionnait ce milieu, si ça en valait la peine, ce qu’il se passerait si je disais oui, ce qu’il se passerait si je disais non… J’ai évidemment privilégié mon intégrité et ma dignité. J’ai même eu honte d’avoir pu penser UNE SEULE SECONDE devoir le faire.

Je suis une fille un peu réservée, je n’ose pas blesser les gens, je ne sais pas dire concrètement « Non » ou « Merde » donc je monte un mensonge impliquant la famille, un accident grave etc, solution lâche mais efficace. Pas eu besoin de penser à beaucoup de choses tristes pour retourner auprès de S. en pleurant, tellement je suis à fleur de nerfs. J’explique que je dois partir, il me dit que non, que j’ai le temps, que je dois rester, que je n’ai pas passé assez de temps avec lui. Je récupère ma veste, il me force à lui faire un câlin, bien trop long à mon goût. Je déteste le contact forcé. J’ai envie de vomir. Je fuis en courant le salon, me pensant hors d’atteinte, tranquille.

Faux. C’est là que le harcèlement a commencé. Il m’a envoyé des sms pour savoir quand je revenais, pour me dire que j’avais toujours une dette, que c’était honteux cette façon de réagir, de ne pas tenir mes engagements. Il m’a aussi dit que « le milieu fonctionnait comme ça », qu’en tant que fille je n’avais pas 36 solutions pour réussir, qu’il avait l’habitude de faire ça avec d’autres filles qui souhaitaient quelques avantages. Qu’elles n’avaient jamais dit non, qu’il ne comprenait pas ma réaction, que je n’étais pas normale.

Douche froide. Il a fini par se lasser. Puis il a été remercié, est sorti de tout ça. Après cette première expérience, je me suis longtemps demandée si je voulais vraiment travailler dans un milieu qui traite les femmes de la sorte, comme des « vide-couilles » en somme, où la seule légitimité que l’on a, c’est par le corps.

Avec les années, ce qui me choque le plus, c’est qu’à ce moment-là, j’étais tellement « conditionnée » à avoir une image très précise et sexualisée de la femme dans le monde du jeu vidéo que j’ai vraiment réfléchi à si je devais laisser cet homme abuser de ma naïveté et de ma dignité. Je me suis vraiment demandée si en tant que journaliste spécialisée, j’allais devoir vivre avec ce genre de comportement quotidiennement. Avec ce genre d’acte, avec ce genre de réputation largement ouverte au slut-shaming, aux rumeurs, à la saloperie, au harcèlement.

Depuis, je me suis penchée sur la question du féminisme, de la représentation de la femme dans ce médium que j’adore. Je ne m’interroge plus sur le « dois-je le faire / ne pas le faire » si ma dignité est en jeu, car je me respecte. Je sais que j’ai des armes légitimes pour faire mon travail sans avoir à me justifier sur ma façon d’être, de m’habiller, de me comporter. Même si je me sens encore trop naïve, trop gentille. J’ai « digéré » cet épisode difficilement, mais ça n’a pas réussi à entacher ma motivation à travailler dans le jeu vidéo. Avec beaucoup plus de méfiance et de paranoïa c’est sur, mais avec la même passion comme un gros doigt levé vers ce genre de personnes.

Quiet, la snipeuse en lingerie

Comme il est souvent rappelé dans les remarques sur les problématiques inhérentes aux milieux qu’on aime : ce n’est pas parce qu’on apprécie beaucoup quelque chose qu’il faut ne faut pas avoir un regard critique pour autant. En l’occurrence, Hideo Kojima est largement (et à raison) reconnu comme un génie grâce à sa série des Metal Gear (jeux d’infiltration). Pourtant, comme vous l’avez peut-être suivi « en live » durant l’été 2013, la révélation de Quiet, un des personnage du prochain Metal Gear Solid a créé une grosse surprise chez les joueurs et la réaction de Kojima est tristement révélatrice du problème.

Tout commence avec le trailer de Metal Gear V diffusé à l’E3 2013 et la première apparition de Quiet, « une snipeuse privée de ses mots » (3:55) :

Sur son compte Twitter anglophone, Kojima déclare que le but initial était d’inciter à faire du cosplay et de vendre beaucoup de figurines. Il explique avoir demandé un design plus « érotique » (sic), au point d’être potentiellement difficile à cosplayer. Et enfin de donner un aperçu via une capture d’écran… euh… ciblée.

En plus de sembler dire que seuls les persos féminins sexualisés sont dignes de cosplay, Kojima pratique cet amalgame encore étrangement répandu (malgré les chiffres) qui voudrait que les joueurs soient tous des adolescents masculins hétéros obnubilés par le sexe, à qui il faudrait forcément vendre des femmes dénudées. Pour lui, cela semble visiblement irréaliste que des fans achètent les figurines d’un personnage féminin pour d’autres raisons que sa petite culotte.

Voici des concept-arts de Quiet :

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Et voici son modèle final :
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Comme on le devine à ses accessoires (armes, ceinture, rangers…), Quiet est une militaire de terrain – qui opère dans le désert si on en croit la bande-annonce. Dès lors, beaucoup de critiques et d’agacements se sont exprimés quant à la sexualisation ridicule de sa tenue : des sous-vêtements sexys en guise de treillis…Ça ne fait pas grand sens et ne témoigne d’aucune créativité (si les artistes souhaitent faire original plutôt que réaliste, pourquoi-pas, mais le perso féminin hyper-sexualisé sans raison ça n’est pas DU TOUT novateur).

Outre les fans, d’autres créateurs réagissent à propos de ce design – ici David Ellis, designer sur la série Halo :

Deux jours plus tard, Kojima s’exprime une nouvelle fois via Twitter pour remettre les choses à plat.

Il explique qu’il a créé Quiet comme une antithèse des personnages féminins sursexualisés des jeux de combat, tout en rappelant ce que son surnom et le trailer suggéraient déjà : elle ne parle pas. Wouahou, en effet un personnage féminin hyper-sexualisé mais qui ne dit rien, ré-vo-lu-tio-nnai-re.

Il ajoute même que lorsque les joueurs connaîtront les raisons de sa tenue, il seront « honteux de leurs propos », rien que ça. (Autant dire qu’à ce moment-là, l’explication avait intérêt à être béton, mais on y arrive…).

Kojima explique également que parmi les thèmes centraux de MGSV se trouvent la haine, les incompréhensions, les préjugés et les conflits causés par les différences de culture, de race ou de préférences (ce qui en soi peut être une excellente base de thèmes, en particulier entre les mains d’un créateur aussi talentueux)… et rajoute que les réactions suivant la révélation de Quiet correspondent exactement à cela. En d’autres termes, ceux qui critiquent le design de Quiet cèdent à des préjugés haineux car ils ne comprennent pas la vision élaborée des créateurs ?

En parallèle Kojima explique (via Polygon) également qu’il a peut être mal choisi le mot en disant « érotique », et que Quiet est un personnage unique à qui il a voulu rajouter un peu de sexiness (encore une fois, c’est tellement « unique » un personnage féminin sexualisé…). « Les dialogues sont limités dans Metal Gear Solid V, et pour cette raison nous voulons vraiment montrer les caractéristiques de chaque personnage. » Et de rajouter que la caractéristique « sexy » pourrait très bien s’appliquer à des hommes, armes ou véhicules (sic) ; pas de chance hein, il se trouve que ça tombe encore sur un personnage féminin !
On découvre également dans cet article que Stephanie Joosten, l’actrice utilisée comme modèle pour Quiet, indique également avoir été surprise de prime abord, mais que Kojima a de bonnes raisons de l’affubler d’une telle tenue.

Évidemment, cette explication est un peu légère et comme le relève très bien le site Digital Trends, Kojima passe complètement à côté du problème en pensant que c’était juste un mauvais choix de mots, en ne comprenant pas ce qui gêne la communauté avec une capture des fesses du personnage et en se défendant de façon aussi arrogante.
Non, le problème n’est pas le mot « érotique » et le remplacer par « sexy » n’arrange rien, parce que le souci est le manque total d’originalité d’un tel design, vu et revu au sein même de la série Metal Gear Solid (Sniper Wolf, Eva, Fortune, les Beauties…) sous prétexte de choix scénaristiques; et ce, quelques jours après avoir été pourtant décrit comme un choix fait pour vendre et inciter au cosplay.

Sur la toile, les spéculations circulent, en particulier celle comme quoi des scènes de tortures (voire de violences sexuelles) seraient la raison de cette tenue. En effet, dans les premières secondes du trailer de l’E3 2013, on voit Quiet (le visage masqué) en train d’être torturée. On notera au passage que si les collants règlementaires des femmes militaires ne supportent pas la proximité d’un courant électrique, en revanche la peau exposée directement à ce courant s’en remet extrêmement bien !

Ces suppositions sont confirmées début 2014 avec le classement ESRB de MGSV qui indique qu’en plus du sang et de la violence, le jeu contiendra de la violence sexuelle. La production du jeu indique que les éléments propulsant ce jeu en catégorie 18+ sont plus suggérés que montrés. L’ESRB, l’autorité chargée d’assigner des catégories informatives au jeu en fonction de son contenu, confirme et explique qu’un fichier audio du jeu dépeint une femme subissant une agression sexuelle par des hommes et que, si aucune image n’est montrée, des bruits de cris et de lutte seront entendus (Source).

L’excuse de l’agression sexuelle, en plus de la torture déjà aperçue, semble bien confirmée (même si, rappelons-le, il n’y a pas de certitude sur le fait que cette scène concerne Quiet, c’est juste très vraisemblable). De quoi nous faire avoir « honte de [nos] mots » ? Rien n’est moins sûr, un tel poncif est d’une banalité sans nom et l’élément narratif de la femme caractérisée par son agression sexuelle a été utilisé ad nauseam (comme l’expose très bien Anita Sarkeesian). Quand il s’agit carrément d’utiliser le viol pour justifier un chara-design ultra-sexualisé dans le but de vendre, ça devient franchement répugnant…D’autant plus que ça ne tient pas : la lingerie sexy ne fait pas vraiment partie de l’uniforme standard de la militaire en mission.

Ainsi, pour résumer cet épisode, un grand créateur créateur de jeux (souvent considéré comme un génie) révèle un modèle de personnage féminin hyper-sexualisé en donnant des raisons douteuses (cosplay et vente de produit dérivé), répond avec arrogance à l’énorme bad buzz suscité, prétexte une bonne raison pour cette sexualisation (qu’il qualifie au passage « d’unique »)… et finalement on découvre que la « bonne raison » semble bien être le cliché vu, vu, vu et revu.

[Ajout par Mar_Lard :]

Pour les figurines, ça n’a pas traîné :

Édité par Mar_Lard

Pas de filles chez Machinima

Donc, dans d’étranges circonstances, je me suis retrouvé sur la page d’accueil de Machinima. Pour ceux qui ne connaissent pas Machinima, il s’agit d’une chaîne de contenus autour du jeu vidéo.
Et voici la toute première phrase de leur site : « Machinima est un groupe média dans le domaine du jeux vidéo qui vise les jeunes HOMMES du monde entier. »

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Dans leur « À Propos » on trouve : « Machinima possède des séries, du contenu original, des programmes hebdomadaires et quotidiens, du contenu officiel d’éditeurs, et des vidéos de gameplay – tout pour gâter les HOMMES de 18 à 34 ans. »

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Tu remplaces homme par joueur (ou gamer car gamer est neutre) et le sexisme disparait… pas compliqué…

En fouillant un peu plus sur leur site, j’ai regardé leur audience…
77% sont des hommes. Ce qui me choque, ce n’est pas le fait qu’ils le montrent mais plutôt comment ils l’affichent : En gros, au milieu et en rouge….

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Sûr qu’en ostracisant soigneusement le public féminin de la sorte, c’est facile ensuite de prétendre « mais les femmes ne s’intéressent pas aux jeux vidéo, c’est comme ça ! » Notez que même si elles ne sont visiblement pas les bienvenues chez Machinima, les femmes représentent tout de même un quart de son public…

Édité par Mar_Lard

Gay Guy Ubisoft

Chez Ubisoft, ils étaient frileux. Il leur semblait compliqué de mettre en scène une femme comme personnage principal d’un Assassin’s Creed. C’était une question « difficile ». « Tout ça a été décidé il y a des années, nous n’avons à aucun moment pensé : est-ce que ça pourrait être une femme ? » Le directeur artistique sous-entendait même qu’une femme assassin rendrait le jeu plus difficile à vendre. Pourtant, ils n’avaient pas mis de côté ce concept.

Ainsi, il est possible de jouer Aveline de Grandpré dans Assassin’s Creed Liberation. Elle sait aussi bien se défendre que les avatars masculins et a le mérite de ne pas être hypersexualisée. Ubisoft présente avec elle une héroïne métisse, représentant une minorité encore trop peu présente dans les avatars des jeux vidéo.

Malheureusement, certains joueurs le regrettent :

good guy ubisoft

« Bon gars Ubisoft : Fait un jeu avec protagoniste féminin, ne la sexualise pas outrageusement » :
« Je ne peux pas me branler là-dessus »
« Elle a des nichons plats »
« Elle est super moche »
« Je trouverais une façon de me branler là-dessus, ou j’en mourrais »
« Eeeeet le jeu est merdique… »
« Tu te comportes comme une féministe »
« Gars gay Ubisoft »
« La tresse est trop longue, 2/10 je ne baiserai pas »
« Et c’est bien ça ? Ha, GAAAAAYYYYYYYYYYYYYY »
« Plutôt Gars Gay Ubisoft »

 

En reprenant quelques memes, les commentaires fusent sur les seins du personnage (« flat boobs », les seins plats), l’impossibilité de se masturber dessus (« I can’t fap to this », ou « I will find a way to fap to this or die trying »). Le personnage serait laid (« ugly »).

Sexisme, homophobie (Ubisoft serait « gay » suite à la proposition de jouer ce personnage), racisme (il est aisé de sentir le racisme derrière certaines de ces réactions), voilà ce que les communautés de joueurs peuvent présenter.

Une informaticienne/geek dans un milieu d’hommes

Trois petites anecdotes de développeuse et joueuse de MMORPG.

Bonne fête !
Une anecdote qui me fait encore pleurer. Il y a quelques années, je cumulais un CDI plein temps d’analyste programmeur web en journée et des cours du soir en licence d’informatique le soir (car je n’avais que des formations qualifiantes et pas de diplôme viable). A ces cours, toutes les personnes avec qui j’interagissais savaient que je travaillais déjà dans le domaine et me demandaient parfois mon aide, hommes comme femmes. Pas aussi souvent qu’on aurait pu l’imaginer vu que j’étais censée être pro parmi les étudiants, mais quand même. C’est un de mes camarades (connaissant mon boulot) qui m’a cloué sur place en m’envoyant, en avril, un SMS me souhaitant une « Bonne fête des secrétaires ! ». Ce n’était pas une blague, et j’ignore toujours ce qui lui est passé par la tête. Des années plus tard, en tant que .Net Consultant (programmation web toujours), un collègue a plaisanté : « Si t’es méchante comme ça t’auras pas de fleurs pour la fête des secrétaires ! » qui me l’a vivement rappelé. Le « pourquoi ? » reste sans réponses, mais très, très amer.

Obéir à une femme ? Jamais !
A une époque, je jouais de manière très investie dans une communauté compétitive sur un jeu type MMORPG. Un jour on recrute un nouveau membre placé sous mon commandement. Tout allait bien jusqu’à ce qu’il entende ma voix et comprenne que j’étais une femme. Après ça il ne m’écoutait plus et rejetait complètement mon autorité et mon savoir. J’ai pris sur moi et pendant des semaines je lui faisais remarquer sans amertume ses moindres erreurs, et m’efforçait d’être de mon côté irréprochable. Ça a porté ses fruits : Il a fini par s’adresser à moi en tant que mec. Genre « [Mon pseudo] est quand même un gars bien ». C’était visiblement la seule façon pour lui de se mettre sous les ordres d’une femme.

Meilleure qu’un homme ? Ha ha, dans tes rêves.
Dans cette même communauté, juste après un patch, il s’est avéré que mon personnage avait été boosté et pouvait à présent rivaliser avec d’autres classes en terme de dégâts. Au premier combat où j’ai fini première du groupe de 25 aux dommages effectués, j’ai reçu dans la foulée des messages privés de trois personnes me disant que, moi, je n’y étais pour rien, que c’était le patch qui avait complètement mal calculé pour moi, qui les avait désavantagés, que normalement ça ne pouvait pas être moi, que ça devrait être eux les premiers, que le boss m’avantageait,…
Euh… Je n’ai rien demandé, je ne me suis pas vantée, à peine étonnée devant mon écran mais sans leur en parler. Pourquoi venir me démonter gratuitement ? Autant ils acceptaient quand j’étais première en « soins donnés » (même si j’étais bien derrière eux en équipement), autant quand ça concerne les dommages effectués, là non, une femme n’est pas recevable. Et tout le temps que je passais à calculer via Excel ou par simulation comment faire le plus de dommage possible n’était visiblement pas à prendre en compte.

Et tant d’autres…
Je ne compte plus le nombre de personnes étonnées voire révoltées que je joue des hommes en jeu de rôle. Ca va du « Tiens, tu joues un homme ? » aux « Non j’interdis qu’on ne joue pas un perso de son sexe à ma table ! ». Quand je voyais les autres personnages joueurs prendre plaisir, dans les jeux de rôle « maléfique », à violer les femmes qu’ils croisaient, je n’avais juste pas envie d’en être une. Et pourtant je devais souvent défendre mon bout de gras pour pouvoir, le temps d’un jeu, être un homme.

Depuis je garde mes écouteurs quasi tout le temps au travail (ce n’est pas un cas isolé, j’ai réussi à compter 20 remarques sexistes en 1h30 de resto par exemple. Allant jusqu’aux « Les femmes, on ne peut pas travailler avec ! » très sérieusement argumenté).
Les MMO je n’y joue que des hommes et ne dévoile quasiment jamais être une femme.
Les jeux de rôles j’ai arrêté.

Deux patriarches pour le prix d’un

Ce que je vais raconter s’est passé il y a quelques jours, lors d’une partie en ligne d’un jeu de survival-horror en coopération, Killing Floor. Dans ce jeu, une équipe de six membres, aux classes variées, doit affronter des vagues de “zeds” : des “armes biologiques” de type zombie, qui usent de capacités différentes pour mettre à mal l’équipe devant les éliminer. Lorsque toutes les vagues sont passées, une vague supplémentaire nous fait affronter le “boss de fin” du jeu, le patriarche (oui, c’est son vrai nom).

L’une des stratégies les plus communes est de répandre au sol des bombes de proximité et d’en former un grand tas pour infliger le plus de dégâts possibles, et j’ai appris à mes dépends lors de cette partie que le patriarche pouvait faire exploser ces bombes de loin, ce qui a valu à mon personnage de périr par ses propres armes. Sous le coup de la surprise, je tape simplement “wut?” (“il s’est passé quoi là ?”) en message pour l’équipe. Et c’est là qu’un des joueurs me répond :

“You died like a woman.” (“Tu es mort comme une femme.”)

Comme ça, de manière totalement gratuite.

Tout d’abord, pourquoi comme une femme ? Les femmes ne savent pas jouer à Killing floor ? Serait-ce inscrit dans leur code génétique ? Ou alors elles savent jouer, mais sont plus douées pour mourir que les hommes ? Si cette charmante personne m’avait dit que je suis mort comme un crétin, ou que je ne sais pas jouer, ça ne m’aurait pas choqué outre mesure (et dans une certaine mesure, il aurait eu raison) : les jeux multi-joueurs ne sont pas connus pour l’amitié chaleureuse qui s’en dégage ou la sympathie de certains joueurs. Mais ici, quelqu’un s’est dit que le plus insultant n’était non pas de me comparer à un noob, mais à une femme. Cette “simple” insulte m’a énervé plus qu’aucune autre n’aurait pu le faire, tout simplement parce qu’au final ce n’était pas moi le plus insulté, mais bien toutes les femmes qui jouent à ce jeu (ainsi que toutes les femmes tout court).

Ensuite, je suis surpris qu’il (je ne pense pas prendre trop de risques en supposant que c’est un homme) ait tout simplement dit cette phrase. Ou plutôt, choisi de la dire. Re-situons le contexte : tous équipés de nos meilleures armes, nous sommes prêts à affronter le patriarche, qui comprend dans son arsenal : une gatling greffée au bras droit pouvant accessoirement servir de lance-roquette (ce qui a détruit mes explosifs), la capacité de devenir invisible, de se soigner deux fois et également une grande force physique pouvant tuer un membre de l’équipe en deux coups seulement, voire en un seul suivant la configuration du combat. Même à six contre un, le combat est serré et long, et, avec un membre de l’équipe déjà mort, le combat n’en sera que plus dur. Pourtant, il a choisi, alors qu’il venait de me voir exploser (ce qui signifiait donc que le patriarche approchait) de s’arrêter, de taper son message, tout cela sous la coupe d’une menace imminente, juste pour sortir une brimade sexiste de mauvais goût, se mettant ainsi en danger ainsi que son équipe. Rabaisser un joueur décontenancé et au passage insulter toutes les femmes ayant jamais joué à ce jeu était plus important que sa propre survie et la victoire de l’équipe. Un indéniable sens des priorités donc.

Dernièrement, notons le court échange qui s’est ensuivi. J’ai directement répliqué à sa phrase par “and you talked like a sexist shit, so fair enough” (“et tu t’es exprimé comme une merde de sexiste, donc c’est kif-kif”), ce à quoi il a répondu par “feminist detected” (“féministe détecté-e”).
Ah.
C’est gênant de se faire “traiter” de féministe juste pour avoir relevé une évidence. Je ne vois pas comment une chose pareille pourrait ne pas être vue comme ouvertement sexiste. Comme dit plus haut, je joue rarement à des jeux en ligne et croiser ce genre de personne ne me donne certainement pas envie de multiplier les essais. En tant qu’homme, ce simple échange m’a mis hors de moi. Mais mon expérience est sans commune mesure avec celle d’une femme. Il serait vraiment temps que plus de joueurs prennent conscience de ce que l’on ressent dans ces cas-là.

 

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[Note de Keela]
Les parties en multi-joueurs sont trop souvent une occasion de subir la misogynie d’inconnus. Les insultes sexistes y sont légions, poussant les femmes à se dissimuler ou à ne jouer qu’avec des proches. 

Etre une femme, comme être féministe (autrement dit : considérer que les hommes et les femmes sont égaux) ne devrait pas être une insulte. Le comportement du second « patriarche » en dit long sur ses opinions et sa vision des femmes.

Édité par Keela

Ne JAMAIS gagner à FIFA quand on est une fille, jamais!

Une histoire simple et banale, mais qui m’a carrément dégoutée du jeu FIFA (entre autres).

Je suis une gameuse et c’est de famille, mes parents m’ont très tôt mis devant le PC avec eux pour jouer à Loom, Indiana Jones, Myst, Zork Nemesis…

Aujourd’hui encore, mes parents sont de gros gamers, c’est une passion « familiale, » on se prête des jeux, on parle de nos parties mais jamais on ne se juge sur nos genres ou âges. Bercée dans ce cocon familial et étant plus jeux solo, je ne savais pas que les filles « ça ne sait pas jouer, d’abord ! » J’ai vite déchanté en jouant à des jeux contre des potes…

Une après-midi, un pote passe avec un ami à lui, les deux sont fans de FIFA et de foot, à cette époque j’aimais bien le foot et je jouais avec mon copain de l’époque à FIFA et PES, donc on en vient rapidement à se faire un 1 contre 1, le perdant faisant tourner la manette.

Je laisse commencer les deux potes, ils se vannent, rigolent et se prennent chacun des bonnes raclées. Ambiance sympa et normale, quoi.

Et puis, mon tour arrive contre mon pote, on choisit nos équipes et on commence, on fait une partie de folie: il mène, je galère grave, mais on finit sur match nul. On se marre, première fois que je lui tiens tête sur un match. Toujours cool et normal.

De là, le tour de l’ami de mon pote arrive: il mène 1-0 et là, j’égalise et il en est tellement surpris que je lui mets un 3-1 sans trop galérer. Et là, la déception commence pour moi… Il vit mal d’avoir perdu.

Mon pote le vanne « Hahaha, alors toi qui aimes pas perdre, là en plus tu te fais battre par une fille, t’as la rage, non ? » Oui, il a la rage. On DOIT refaire un match de suite, parce que c’est pas possible qu’il ait perdu comme ça, contre moi. Il était pas dedans, mon niveau de débutante l’a troublé, faut recommencer pour montrer qu’il peut gagner.
Soit. Un peu étonnée, mais pensant qu’il en rajoute pour rigoler, j’accepte et le vanne un peu.

2eme match: je gagne 2-0.

La catastrophe… Il en a marre, il ne veut plus jouer. J’ai triché ou c’est « la chance des débutants », c’est pas possible qu’il se soit fait battre par une fille. Il boude.

Mon pote et moi, nous sommes mal à l’aise, du coup mon pote prétexte un rendez-vous qu’il avait oublié pour repartir avec son ami.

Je les raccompagne et au moment de se dire au revoir, monsieur-pas-content a refusé de me faire la bise et m’a clairement dit froidement, droit dans les yeux: « je suis vraiment fâché que tu aies gagné, je ne supporte pas d’avoir perdu contre une fille à FIFA, c’est pas normal. »

Évidemment, sa réaction m’a choquée et blessée mais le pire c’est que je m’en suis voulue d’avoir gagné contre lui.

C’était en 2009 et j’ai eu droit à d’autre remarques ou réaction sexistes en jouant avec des copains, mais jamais aussi « violentes. »

Depuis, j’évite de jouer avec des garçons un peu sexistes de la manette et joue beaucoup avec mon copain qui fait partie des joueurs normaux qui ne juge jamais un joueur sur son âge ou son genre et c’est beaucoup plus sympa!

Flingues entre coui… Euh, entre copains

J’ai trois histoires, mais ce sont trois parmi tant d’autres. Je joue depuis que je suis gamine, et j’ai subit les fameux « Tu joues à quoi, Barbie Equestre ? » (en l’occurrence oui, il est très bien ce jeu). Je suis en couple, et mon compagnon est aussi geek que moi, avec chacun nos préférences en matière de support ou de jeux. Sur ceux que nous avons en commun, nous aimons jouer ensemble en réseau.

Première histoire, Halo 3, Multijoueur

J’avais découvert le multijoueur de ce jeu le jour même, et après plusieurs parties avec à peu près tout le temps les mêmes joueurs où mon classement a varié, je finis première. Tout de suite, les réactions audio fusent, « Putain c’est qui ce connard » etc. Hors, la tête pleine de bulles suite à cette victoire, je chope le casque, allume le micro, et leur annonce « Et vous vous êtes fait battre par une fille ». D’accord, ça n’est pas très gentil. Mais après des années de « C’est la chance du débutant », « J’ai été distrait », et portée par mon succès, j’ai cherché la merde. Bien évidemment, ça n’a pas tardé « Non mais c’est un mec qui tient la manette, lâche le casque pétasse, c’est n’importe quoi ». Ça m’a blessée, même si j’ai un peu ri de les voir aussi en colère. Mon compagnon, lui était juste vexé que des mecs comme ça soient plus haut que lui dans le classement, et du coup, on a changé d’équipe et on est repartis trucider du Spartan.

Deuxième histoire, Red Dead Redemption, Multijoueur

Là, pas trop possible de jouer ensemble, je me contentais juste de lui indiquer où étaient situés les ennemis (il est daltonien, les noms verts sur le désert jaune, c’est moyen). Ce qui était hilarant, c’était que les autres parlaient sur le chat commun, où on pouvait les entendre. Du coup, on avait des « Mais le vieux mec là, (pseudo de mon compagnon), il me soûle ! ». Au bout d’un moment, je dis à mon compagnon qu’on pourrait les prévenir, quand même, parce que ce n’était pas très juste de les tirer comme des lapins alors qu’ils n’arrêtaient pas d’annoncer leurs plans. Il me tend le casque, il n’aime pas trop parler dedans à part avec des amis. Je sentais déjà ce qui allait arriver. Je leur ai dit « Vous savez, on entend tout ce que vous dites, vous êtes sur le chat commun ». Ils ont parlé en même temps, puis « Attends (pseudo) a dit un truc on aurait dit une meuf, c’est pas possible il tire en plein dans nos têtes » « Ouais mais en même temps il joue comme un bâtard donc c’est possible ». En gros, ils ont débattu, en sachant qu’on les entendait, sur le fait qu’être doué, c’était incompatible avec la féminité, mais par contre, attends, les filles, c’est vicieux et ça joue pas franco, ça se cache comme des poules apeurées.

Troisième histoire, SoulCalibur IV

Je suis sur mon canap’, avant d’être en couple, avec un garçon qui me plait. Je lui propose de jouer, et on se fait une partie de Soul Calibur. Je prends mon perso créé, on joue. Je l’explose, il me dit « Ah mais c’est ton perso tu le connais bien ». Je ne dis rien, je change de perso, rebelote, il perd. « C’est la chance du débutant ». J’ai posé la manette, je lui ai dit que j’avais le jeu depuis deux mois et que ma petite soeur et moi passions tout notre temps dessus. Il a eu un regard étonné, et on a arrêté de jouer. Pour d’autres raisons mais ça a participé, je ne l’ai jamais revu.

Trois petits témoignages, et à côté de ça bien d’autres, mais aussi quantité de parties avec mon compagnon, et nos amis, et la seule chose qu’ils me reprochent: d’être aussi fière quand je gagne. Peut-être que si on ne m’avait pas dit que les filles sont nulles aux jeux, je n’aurais pas cette impression d’avoir abattu une montagne quand je bats un garçon à un jeu.

Edité par Mar_Lard